Printemps – Là où parfois l’inspiration se niche …..

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coin vert

Là où parfois l’inspiration se niche …..

Dans un petit coin vert
Véronique s’installa
Assise tranquille pour lire

Dans ce vallon-cuvette
Elle se sentait mélancolique
Tant de parfums la grisaient

Le bruit de la cascade
Lui chanta à l’oreille
Une mélopée bucolique

Coquelicot et colchiques,
Mille fleurs de lotus dans un pré
Elle découvrit le pot au rose :

De reine elle n’avait que le trône,
Un teint blanc porcelaine
Et une brise printanière

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Ce petit poème vous a plu ? et si vous le relisiez avec une autre photo comme support ?

petit coin vert

Projet 52 nuances de vert avec le printemps pour thème

Long spoon lane – Anne Perry

Le cab fit une embardée dans le virage et Pitt faillit être projeté hors du siège. Narraway proféra un juron. Ils accélèrent encore en direction d’Aldgate et de Whitechapel High Street, les sabots du cheval cognant sur les pavés. Devant eux, les autres véhicules s’écartaient en hâte. Dieu merci, à cette heure, ils étaient peu nombreux : quelques charrettes de fruits et légumes, un haquet chargé de barriques, un omnibus.
– A droite ! hurla Narraway au cocher. Commercial Road ! C’est plus court.
L’homme obéit. A six heures moins le quart en ce matin d’été, ouvriers, colporteurs, marchands et domestiques étaient déjà dehors. Plaise au ciel qu’ils arrivent à Myrdle Street avant six heures !
Le coeur de Pitt battait à tout rompre. L’appel était arrivé à peine une demi-heure plus tôt, mais il avait l’impression que cela faisait une éternité. Le téléphone l’avait réveillé et il avait dévalé l’escalier en chemise de nuit. La voix de Narraway avait résonné avant même qu’il ne porte l’écouteur à son oreille.
– Retrouvez-moi sur Cornhill, devant le Royal Exchange. Sur-le-champ. Des anarchistes vont faire sauter une bombe à Myrdle Street.
……
Un dernier virage et ils arrivèrent enfin ….
….
Il n’eut pas le temps d’en dire plus. Une déflagration dévastatrice retentit. Elle commença par un craquement assourdissant aussitôt suivi par une sorte de rugissement. Tout un pan de mur s’éleva dans les airs où il éclata. Des débris plurent sur la rue et sur les toits avoisinants, fracassant tuiles et cheminées. L’air se chargea de poussière, de flammes et de cris hystériques.
….
Le visage de Narraway était livide, ses yeux noirs comme des trous dans la tête. Ils n’avaient pas espéré pouvoir arriver à temps pour désamorcer les bombes, mais le sentiment d’échec à la vie d’un tel spectacle était cuisant. Partout hommes et femmes étaient ahuris et terrorisés. Nourri par les poires et les bardeaux, l’incendie commençait à s’étendre.
Un véhicule de pompiers surgit, tiré par des chevaux en nage, la bave aux lèvres. Des hommes en sautèrent pour dérouler les longs tuyaux de toile, mais leur tâche semblait sans espoir.

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Long spoon lane – Anne Perry

Congo Inc. Le testament de Bismarck – In Koli Jean BOFANE

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(préface)

Le nouvel état du Congo
Est destiné à être un des plus
importants exécutants de l’œuvre
que nous entendons accomplir ….
Le chancelier Bismarck
En clôture de la conférence de Berlin
Février 1885

Dans le premier chapitre de ce livre, l’auteur nous présente son anti-héros avec beaucoup d’humour : Isookanga, 25 ans, est un pygmée (en vrai c’est un demi-pygmée : sa mère aimant les hommes de plus de 1,75 mètres, Isookanga est trop grand de 10 centimètres pour être un pygmée mais trop petit de 20 centimètres pour être considéré comme un adulte)
Isookanga vit dans la forêt du Congo jusqu’à ses 25 ans (toléré par un oncle qui le « bassine » avec les traditions). Isookanga ne veut qu’une chose aller « faire la mondialisation ».
Et pour cela il n’hésite pas à partir à Kinshasa se faire passer pour son ami. La famille urbaine de celui-ci se rend compte de la supercherie (trahi par sa taille Isookanga !) et le chasse. Il se retrouve au sein des enfants des rues, les shégués.
Fan de jeux vidéo, Isookanga idéalise la société moderne, Google, les multinationales, les hélicoptères….Il trouvera un associé chinois, paumé lui aussi, dans ses projets de devenir riche.
Voilà pour la présentation rapide du début. Après un chapitre très drôle, l’auteur nous emmène vers la dure réalité de ces shégués…avec l’histoire terrible de Shasha, jeune fille de 14 ans, et de ses petits compagnons… Les personnages deviennent nombreux. S’ils sont très bien campés, la plupart sont antipathiques que ce soit l’ancien soldat, le révérend Monk, le casque bleu dont j’ai oublié le nom… Pauvre Afrique (je l’ai déjà dit dans ma précédente chronique…si riche et si pauvre …)
L’auteur nous entraîne donc entre réflexions humoristiques avec Isookanga et terribles réalités de ce pauvre pays, proche du Rwanda et de ces « purifications ethniques », et où 20 000 enfants vivent dans les rues, abandonnés de tous…très dur mais aussi drôle….quand on ne s’y attend pas…puis terrible quand on ne s’y attend pas

Finalement les victimes se retournent contre leurs persécuteurs et se montrent aussi cruels qu’eux…comment leur en vouloir ? mais alors ces atrocités n’auront jamais de fin ?

En conclusion : un livre où on passe en un rien de temps du rire aux larmes et vice versa….

Un extrait :

L’Eglise de la Multiplication divine, légalement reconnue par ses propres statuts, ne désemplissait pas. De par son intitulé et dans un pays frappé de pénuries de toutes sortes, la multiplication de ce qu’on pouvait avoir – mille francs congolais, une femme, un moulin à manioc – représentait un enjeu des plus importants et le révérend Jonas Monkaya était le démiurge qui saurait attirer les bénédictions par des prêches et des invocations fracassantes. Le révérend Monkaya possédait un atout de taille : il avait jadis côtoyé le milieu du spectacle. Il avait été catcheur, sous le surnom du Monk, qu’il devait à un musicien américain nommé Thelonius Monk dont il était le portrait craché. On l’appelait aussi Révérend Monk parce que, à l’époque où il fréquentait les rings, affublé de la mitre et de la crosse cléricale, on l’avait vu bénir d’un signe de croix ses adversaires avant de les trucider. Un beau jour, le Monk s’était présenté dans une église connue et avait exhibé ses grigris et fétiches. Devant des fidèles médusés, il avait confessé publiquement qu’il laissait tomber le catch et la sorcellerie pour se consacrer à Dieu. Il avait aussitôt été incorporé au sein de l’église et bombardé diacre. Après une année passée à étudier le marché et les ficelles du métier, il s’était dit : « Si je parviens à persuader en un rien de temps des nanas comme celles que je me tape, je dois bien pouvoir vendre du paradis artificiel à des clients moins drillés que mes conquêtes ». Après des galas organisés en cachette dans le Katanga, en Zambie et au Zimbabwe, il avait touché une bourse importante. Jonas Monkaya avait alors acheté au fin fond de Ndjili une boîte de nuit désaffectée qu’il avait retapée et ouverte sous la dénomination : Eglise de la Multiplication divine. Mais si l’homme avait un sens certain du marketing, il avait surtout du bagout, il savait comment baratiner Dieu. Plus d’un parmi les fidèles avait profité de son intercession. (Page 144)

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Challenge lire sous la contrainte de Philippe . La contrainte est « titre avec le nom d’un personnage connu, vivant ou mort, réel ou fictif.   »

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Challenge « lire le monde » de Sandrine pour le Congo – Son avis ici

Challenge à tout prix chez Asphodèle Grand Prix du Roman Métis 2014 et prix des 5 continents de la francophonie 2015

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Et quelquefois j’ai comme une grande idée – Ken Kesey

 

et quelquefois Etats-Unis – 1961

Les Stamper sont des bûcherons dans l’état de l’Oregon : Le père est blessé – une jambe et un bras dans le plâtre – alors le fils aîné Hank décide de rappeler son petit frère Leeland pour lui demander de venir travailler dans l’exploitation familiale. Les deux frères ne se sont pas vus depuis 16 ans. C’est le début d’une folie qui va durer quelques semaines à peine et où personne ne sortira indemne.

Hank veut briser la grève qui sévit dans la région et veut à tout prix honorer une grosse commande de bois que lui a fait une société en aval de la Wakonda River. Leeland, citadin en manque de repères, veut se venger (de son père ? de son frère ?). Viv, la femme de Hank, veut exister et se sentir utile. Les syndicalistes essaient de ramener Hank à la raison et de respecter la volonté des autres bûcherons de faire la grève….
Dès le départ, le ton est donné, le milieu est âpre et la vie dans cette contrée dominée par la nature ne fait pas de cadeaux : « Celui qui avait choisi l’endroit où suspendre ce bras au bout de sa perche avait tout fait pour donner à la scène le même air de défi à la fois comique et sinistre que la vieille maison ; celui qui s’était démené pour que le bras vienne osciller bien en vue depuis la route avait aussi pris la peine de replier tous les doigts avant de les attacher, tous sauf le majeur, de sorte que cette provocation à la raideur universelle demeure, dressée dans son mépris, bien reconnaissable par n’importe qui. »
Au terme de 892 pages très très denses (il y a de multiples narrateurs par chapitre et ce n’est pas toujours aisé de savoir qui parle), le lecteur comprendra ce passage énigmatique. Il aura aussi pris quelques bains glacés dans la Wakonda river, vibré pour Hank, Leeland, Joe ou Viv, cotoyé des gens simples et vrais…

Un vrai bonheur tant pour les personnages que pour l’histoire pleine de suspense….
En bref , un coup de coeur

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Deux extraits :

Joe était de si bonne humeur qu’elle surpassait même sa bonne humeur habituelle. Il avait échappé aux hostilités de la veille, étant monté se coucher sans rien savoir de la reprise de la guerre froide entre Hank et moi, et il avait passé une nuit pleine de rêves visionnaires de fraternité, tandis que sa chère famille se déchirait à l’étage du dessous, loin de son Utopie : un monde coloré plein de guirlandes et d’arbres de mai, d’oiseaux bleus et d’azalées, où l’homme est bon pour son prochain simplement parce que la vie est plus marrante ainsi. Pauvre imbécile de Joe, avec ta cervelle en Meccano et ton monde désordonné… On raconte que quand il était gosse, ses cousins avaient vidé sa chaussette de Noël et remplacé les cadeaux par du crottin de cheval. Joe avait jeté un œil au fond de la chaussette et s’était précipité vers la porte, les yeux brillants d’excitation. « Attends, Joe, où tu vas ? Il t’as apporté quoi le Père Noël ? ». Si l’on en croit l’histoire, Joe se serait arrêté dans l’entrée pour chercher une longe : « Il m’a apporté un joli petit poney, mais il s’est échappé. Si je me dépêche je pourrais le rattraper. »
Et depuis ce jour-là, on dirait bien que Joe a accepté tous les malheurs de l’existence comme des gages de bonne fortune, et toute la merde du monde comme un signe indiquant la présence de poneys Shetland à proximité immédiate, des étalons pur sang caracolant juste un peu plus loin. Si quelqu’un s’était avisé de lui montrer que le poney n’existait pas, ou n’avait même jamais existé, seulement une blague et de la merde, il aurait dit merci pour l’engrais et planté un potager. Si je m’avisais de lui dire que mon désir de l’accompagner à l’église n’avait pour seul motif que d’honorer mon rendez-vous avec Viv, il se serait réjoui de me voir consolider mes liens avec Hank en apprenant à mieux connaître sa femme. (Page 428)

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Allongé dans sa chambre, Lee espère qu’il ne va pas tomber malade. Les trois semaines qui viennent de s’écouler tourbillonnent au grand galop sous son crâne comme un manège de chevaux de bois. « La tête qui tourne, diagnostique-t-il, le facteur hasch ». Chaque mésaventure, chaque contusion, la moindre égratignure et la plus petite ampoule viennent caracoler devant ses yeux, toutes façonnées dans le moindre détail par la précision horlogère d’un sculpteur sur bois chevronné. Elles défilent devant lui tel un régiment de cavalerie ciselé. Allongé l’air rêveur au centre de ce dispositif tourbillonnant, il tente de décider quel étalon il enfourchera ce soir. Après quelques minutes d’examen scrupuleux, il choisit « Celui-ci, là » – une fière pouliche, flancs élancés, garrot bien dessiné, voluptueuse crinière dorée, à l’oreille dressée de laquelle il se penche pour murmurer : « Vraiment, tu aurais dû le voir…. comme une bête primitive brutal et beau à la fois ».
Et à l’autre bout du couloir, affalé sur une chaise en bois au dossier dur, débarrassé de sa chemise et de ses souliers, Hank respire bruyamment à travers un nez obstrué de caillots pendant que Viv tamponne ses blessures à l’aide d’un coton imbibé d’alcool. Il tressaille, sursaute et glousse à chaque passage du tampon froid, et les larmes coulent rouge sur ses joues. Viv rattrape les larmes mêlées de sang dans son coton.
(Page 493)

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La chanson qui donne le titre à ce livre, chantée par Eric Clapton :

Sometimes I lives in the country
Sometimes I lives in town
Sometimes I haves a great notion
To jump into the river an’ drown

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Quelquefois j’habite à la campagne
Quelquefois c’est en ville que je vis
Et quelquefois j’ai comme une grande idée
De me jeter dans la rivière aussi

:

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Challenge américain chez Noctenbule

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Le livre des nuits – Sylvie Germain

Victor-Flandrin fut reçu par le marquis qui lui fit l’honneur de visiter son jardin, ses serres, son immense volière peuplée de chouettes effraies, et ses écuries. C’étaient en effet tout ce dont le marquis étaient le plus fier. Ses arbres centenaires écrasant de leurs ombres bleu nuit ou pourprées l’ombre grisâtre et dérisoire des visiteurs de passage ; ses fleurs exotiques aux pétales charnus comme des langues sucrées ; ses effraies au plumage aussi clair qu’étaient sombres leurs cris ; et par-dessus tout ses chevaux. Ceux-ci avaient le privilège de partager la lettre initiale du prénom de leur maître. Le marquis les présenta un à un à son hôte ;  il y avait Amour-Acrostiche, Atlas-Ambassadeur, Abîme-Apostolique, Alarme-Arabesque et Absinthe-Abeille. Et ils étaient si fins, si élancés, que Victor-Flandrin en fut émerveillé. Tant de délicatesse en un animal le surprenait, lui qui n’avait jamais connu que les chevaux de trait et les boeufs de labour.

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Le livre des nuits – Sylvie Germain

Station « En vert et contre tous » – Tout le monde descend

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Source photo

Suite à ma mésaventure du mois dernier, je suis sortie de l’hôpital Bichat, couverte de pansements et j’avais plus la tête d’une momie que celle d’une jument verte. Béchamelle était venue me chercher avec Pygmée-Lion et ils me proposèrent de rentrer en métro jusqu’à Saint-Nom -la-Bretelle, vu le temps qui tournait à la neige (de la neige le jour du printemps, y’a plus de saison, ma ptite dame !!).

A l’entrée du dit métro, j’ai eu un moment de surprise : le plan de métro était étrange, pas du tout comme d’habitude : tout en rondeurs et en lignes courbes. Cependant comme je n’avais pas mes lunettes, je n’arrivais pas à lire le nom des stations et je fis fi de mon étonnement pour monter dans une rame qui arrivait pile sur le quai. Les gens étaient étranges (en même temps en tant que jument verte je peux difficilement critiquer ou me moquer de la tête des gens).

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« Quai de la carotte râpée » dit la voix de la dame-haut-parleur dans le métro.

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Il y a avait Mr Perruche et sa dame, tous les deux avec une gorge verte printemps que je m’empressais de comparer avec mon vert terne, consécutif à la nourriture d’hôpital pendant un mois (me suis chopée une brocolique, maladie nosocomiale bien connue pour excès d’ingestion de brocolis bouillis).

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« Porte Poulet Mayo » dit la voix de la dame-haut-parleur dans le métro.

Pour tromper sa faim, un lama très élégant avec un bandana vert tendre, mâchonnait du chewing-gum à la chlorophylle dont l’odeur alléchante me faisait saliver.lama

« Station Saint Jacques au cresson » dit la voix de la dame-haut-parleur dans le métro.

Un phacochère grignotait des frites au wasabi postillonnant de la salive verte à qui mieux mieux. Une tortue avec son sac à dos rempli de nourriture attendait patiemment que la rame s’arrête .

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« Gare Saint lézard » dit la voix de la dame-haut-parleur dans le métro.

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Un paresseux, mains derrière les oreilles, regardait tout ce petit monde d’un air goguenard : il m’apostropha : « bienvenue dans la quatrième dimension de Pawlawski « .tortue
Le plus étrange n’était pas la tête de tout ce petit monde ni le nom des différentes stations de métro qui filaient inexorablement mais bien leur langage. Il était près de midi et le sujet semblait tourner autour de la nourriture. Ils avait tous l’air d’être invités au même endroit : « Rue du colonel Chatvert à l’angle de la rue du père Loriot et du festin de Babette »

Un certain chat semblait avoir invité tout ce qui comptait en France et en Navarre : « La vengeance est un plat qui ménage sa monture » disait le lama, « Qui vole un bœuf vole un bœuf » renchérissait la poule, « Un accusé est cuit quand son avocat n’est pas cru » psalmodiait le lama , « S’il y a des tomates Mozart est là » roucoulait Mr Perruche . « L’oignon fait la force du jet d’ail » grognait le phacochère entre deux frites au wasabi.

« Saint germain du pré vert » dit la voix de la dame-haut-parleur dans le métro.

« C’est la fin des haricots » poursuivit imperturbable la tortue
« Sortir des œufs battus » répondit madame Perruche.

« Gare du lapin de garennes-colombes » dit la voix de la dame-haut-parleur dans le métro.

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Le paresseux me mit au parfum « cela fait quelques jours que nous serrons la petite ceinture afin d’être en forme pour le banquet que donne le Chat ».

– Il est où le Chat d’ailleurs ? demanda la grenouille qui à la station d’avant était montée dans le wagon.

– Il est parti aller chercher le beurre à la Motte Piquet grenaille. Pour son célèbre plat de lasagne aux épinards…prévint la poule qui lâcha enfin son téléphone. J’ai eu Lewis Scarole à l’instant : IL VIENT !

Par l’odeur alléchés, nous nous arrêtâmes tous à « Varennes d’Oléron » et nous sortîmes tous ensemble de la bouche du métro : il neigeait mais la neige avait un peu fondu et c’était plus de la soupe de neige que de la neige.

Les invités se précipitèrent en criant « le dernier arrivé n’aura que des brocolis » alors je pris mon élan et me mis à courir mais avec mes pansements en banderoles, je finis lamentablement en glissant sur la neige fondue : Le paresseux, magnanime, m’aida à me relever en chantonnant « j’aime bien ta façon d’illustrer le proverbe « comme un cheval sur la soupe »

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Ma modeste participation à l’agenda ironique de Mars organisé par le Chat

Source des photos recadrées par mes soins

Projet 52 nuances de vert avec le thème « nourriture »

Abattoir 5 – Kurt Vonnegut

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Ce livre est présent dans plusieurs classements des meilleurs livres de Science-fiction.
À mon avis c’est une erreur, il devrait être classé dans le top des meilleurs livres de tous les temps (et pas seulement de la SF)

SF, il l’est un petit peu ce livre, car le héros prétend avoir été kidnappé par des extra- terrestres. Mais si on creuse un peu, je dirais juste – mais bon je ne suis pas psychologue – qu’il souffre d’un syndrome post-traumatique incurable et que le kidnapping par les extra- terrestres est le seul moyen qu’il ait trouvé pour survivre aux souvenirs qu’il a de son expérience en tant que soldat américain pendant la seconde guerre mondiale. Il a vingt ans à peine quand il est fait prisonnier en Allemagne en décembre 1944. Il reste à peine 6 mois de guerre . Six mois pendant lesquels il va souffrir du froid, de la faim, de la bêtise humaine, des atrocités de la guerre. Lui et son groupe de prisonniers sont retenus dans les abattoirs de la ville de Dresde, ville qui sera quasiment rasée en février 1945.

Billy Pilgrim en revenant de cette guerre a l’étrange pouvoir de naviguer dans le temps :«Billy, grâce à ses souvenirs du futur, sait que la ville sera réduite en miettes avant de flamber, dans trente jours à peu près. Il se rend compte aussi que la plupart de ceux qui l’observent mourront très bientôt. Ainsi vont les choses.» Un instant, il discute avec son épouse en 1960, la seconde d’après il est propulsé en 1944 pieds-nus dans la neige, un moment après il se retrouve en 1976 ou sur Tralfamadore, planète à la fois proche et lointaine de la Terre.

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Ce livre décortique de façon précise les dégâts fait par la guerre sur des cerveaux encore juvéniles (d’où le sous titre du livre « la croisade des enfants »), des jeunes de 20 ans sont envoyés au front en 1944 mais aussi pendant la guerre du Vietnam (le fils de Billy….)

Le leitmotiv « Ainsi vont les choses » après chaque décès fait froid dans le dos : quelle mort est la plus terrible ?  celui de son compagnon de train aux pieds gelés ? celui d’Edgar Derby fusillé pour vol de théière dans Dresde dévastée ? celles des jeunes femmes de Dresde pulvérisées par les bombes ? ou les civils d’Hiroshima ….?

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En bref : à lire absolument ce livre « coup de poing » qui réussit l’exploit de rester « léger » toutes proportions gardées (encore un coup des Tralfamadoriens qui sont philosophes)

Quelques extraits :

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La guerre touchait à son terme. On était fin décembre, les locomotives s’élançaient vers l’est. Les hostilités se termineraient en mai. Sur tout le territoire, les cachots allemands débordaient, on n’avait plus de quoi nourrir les prisonniers et plus de combustible pour assurer leur chauffage. Et pourtant, il en surgissait toujours de nouveaux.
Le train de Billy Pilgrim, le plus long de tous, ne bougea pas pendant deux jours.
« C’est de la gnognotte, assurait le trimardeur à Billy le deuxième jour. C’est rien du tout.  »
Billy regardait dehors par la lucarne de ventilation. Le dépôt était désert maintenant, il ne restait guère qu’un convoi sanitaire bardé de croix rouges, sur une voie de garage, tout au loin. Sa locomotive siffla. Celle du train de Billy Pilgrim siffla en retour. Elles se saluaient.
Bien qu’immobiles, les wagons du train de Billy demeuraient hermétiquement clos. Personne ne devait en descendre avant la destination ultime. Aux yeux des gardes qui faisaient les cent pas à l’extérieur, chaque voiture devenait un organisme distinct qui mangeait, buvait, excrétait par ses conduits d’aération. Qui parlait et parfois hurlait par ces orifices. On y enfournait eau, pain noir, saucisson, fromage, et il en dégoulinait merde et pisse et paroles. (P 82-83)

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On dénombrait cinq sexes sur Tralfamadore et à chacun revenait une étape en vue de l’élaboration d’un nouvel individu. Dans l’esprit de Billy, ils étaient identiques car les différenciations résidaient toutes dans la quatrième dimension.
Soit dit en passant, l’une des révélations les plus époustouflantes faites à Billy par les Tralfamadoriens avait trait aux besognes de reproduction sur Terre. Ils prétendaient que les équipages des soucoupes volantes n’y avaient pas identifié moins de sept sexes, tous indispensables à la conservation de l’espèce. C’est bien simple : Billy ne réussissait pas à comprendre ce que cinq de ces sept sexes avaient à voir dans la conception d’un bébé, puisque leur champ d’activité se réduisait à la quatrième dimension.
Les Tralfamadoriens tentaient de fournir à Billy des indications qui l’aideraient à se représenter l’accouplement dans l’invisible. Ils répétaient qu’aucun petit Terrien ne pouvait voir Le jour sans la présence d’homosexuels masculins. Cependant l’absence de femmes homosexuelles n’empêchait pas les bébés de naître. Si les femmes de plus de soixante-cinq ans venaient à disparaître, plus d’enfants. Mais rien de semblable si c’était les hommes du même âge qui manquaient. Les nourrissons ne survivaient qu’à la condition que d’autres soient morts une heure au plus après leur naissance. Ainsi vont les choses. (p 128)

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Le printemps arriva vers cette époque. On ferma les mines de cadavres. Tous les soldats partirent se battre contre les russes. Dans les banlieues, femmes et enfants creusaient des tranchées. Billy et son groupe étaient sous clé dans la grange des faubourgs. Un matin, en se levant ils s’aperçurent que la porte était ouverte. La seconde Guerre mondiale était terminée en Europe.
Billy et ses copains se sont risqués dans la rue ombragée. Les arbres bourgeonnaient. Il ne se passait rien, pas de circulation. Il y avait un seul véhicule, un tombereau abandonné tiré par deux chevaux. Il était vert, en forme de cercueil.
Les oiseaux bavardaient.
L’un d’eux a dit à Billy Pilgrim : « cui-cui-cui? » (p 230)

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Challenge littérature américaine chez Noctenbule

et top 50 chez Claire dans la catégorie « livre paru l’année de ma naissance » (1971 : parution en France ;-))

challengeusa challenge top 50

René Guy Cadou – Le cœur au bond

jeudi-poesie

Chez Asphodèle c’est ici 

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Le cœur au bond

Rien n’a changé
Les fleurs du paravent montent jusqu’au plafond
La serrure secrète retrouve sa chanson
La fenêtre est ouverte
Je regarde courir la Loire jument verte
L’écume des corbeaux qui flotte au bord du toit

C’est toujours toi qui m’accueilles
Au bas de l’escalier
Des algues de lumière enchaînent tes épaules
Et le serpent de ciel aurait pu t’étouffer

Quand tes mains voleront sous les prèles
Quand la terre baignera tes paupières fossiles
Je reprendrai la vie où tu l’auras laissée.

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René Guy Cadou – Années-lumière 1939

Le livre des nuits – Sylvie Germain

Au petit jour, tandis que son mari s’était déjà levé pour aller s’occuper des chevaux, Vitalie enfanta au fond de la cabine, toute seule, adossée contre les oreillers. C’était un fils. Il cria plus fort que la veille en traversant le corps de sa mère et son cri affola les chevaux serrés les uns contre les autres sur la berge encore ombrée de nuit. Le père, en entendant ce cri, s’affaissa sur ses genoux et se mit à pleurer. Par sept fois, l’enfant cria, et par sept fois les chevaux se cabrèrent, dressant leurs cous au ciel en balançant leurs têtes. Le père pleurait toujours et par sept fois il sentit son cœur s’arrêter.

Lorsqu’il se releva et retourna dans la cabine il vit dans la pénombre luire le corps de sa femme d’un blanc crayeux et,  posé entre ses genoux, l’enfant encore tout ruisselant d’eau et de sang. Il s’approcha du lit et caressa le visage de Vitalie bouleversé de fatigue,  de douleur et de joie. Ce visage, à peine le reconnut-il. Il semblait s’être détaché de lui-même, soulevé sous un assaut de lumière monté depuis les tréfonds de son corps et transfondu en un sourire plus vague et blanchoyant qu’un clair de demi-lune. Puis il prit son fils dans ses bras ; le petit corps nu pesait un poids immense. Le poids du monde et de la grâce.

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Le livre des nuits – Sylvie Germain

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Un autre extrait chez Asphodèle 

Les demoiselles de Rochechose

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Elles étaient trois soeurs presque trumeilles
nées sous le signe des merveilles
L’aînée voulait devenir vedette, frêle Primerose,
Elle rayonnait comme la chaleur du soleil.
La cadette aimait les fanfreluches, tendre Mireille,
Elle levait la main avant de chanter vers le ciel  rose
et de son arbribustier sortait des chants en prose.

Pas de nénufar dans le poumon droit de la dernière, Isabeille,
mais le dos fragilisé par une fougère-scoliose,
elle complétait le tableau de ces jeunes filles sous la treille.

Isabeille n’en était pas moins une diva de la tête aux orteils
Elle déclamait des verts, tressait des lauriers roses.
Père inconnu pour ces demoiselles, que la  mère Anna Morphose,
appelle en secret Fabre d’Eglantine, elle ose :
« L’anniversaire de mes filles tombe en nivôse, pluviôse,  ventôse  »

Ce fut à Mireille que la fortune sourit grâce à son teint (ou bien à cause)
Sous les feux des projecteurs ses branches poussèrent au soleil
Elle emmena ses soeurs dans le sillage de son talent, puce à l’oreille.
Ainsi naquit la  réputation des grâces vermeilles,
La chanteuse, la danseuse et la poétesse en prose.
Un paparazzi Joël les mit en valeur, en symbiose
Nul besoin de verres fumés pour créer le mystère  de l’osmose.

Mireille, la jeune fille s’effeuilla, il en fut tout chose
Joël appella ses trumeaux Noël  et Sixtroène, ce virtuose.
Ils tournèrent un film sans prétention « Les parapluies de Torreilles ».

Jusqu’au jour où,  Primerose  prit racine dans une jardinerie close
Amoureuse d’un fermier local aux yeux de maquereau à groseilles
Elle se barricada derrière son chapeau d’âme à fleur de pose,
Lumineuse, elle bourgeonna et rejetonna d’arbrisseaux vert bouteille
Elle oublia ses sœurs pour son Jacques demi-magicien d’Oz.

Et elles partirent  les deux sœurs restantes,  un peu moroses
Regrettant leur  étoile, le coeur gros, le coeur arraché de sa corbeille.
Leur complicité avait vécu ce que vivent les roses.

FEMME PLANTE 2Primrose

MireilleFEMME PLANTE 3

 

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et Isabeille

 

 

 

source photos 

Les mots collectés par Asphodèle

Vedette, fragiliser, fortune, film, projecteur, fumé, paparazzi, fanfreluche, réputation, prétention, chanteur, oublier, local, gros, météorite, étoile, talent, chaleur, lumineux, diva,  barricader.

Je n’ai pas mis  météorite,

Et la Licorne nous invite à écrire un poème en « ose » « et en « eil »

 

Projet 52 Nuances de verts avec le sujet « Film»

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Je tiens à remercier Boris et Jacques sans qui ce petit texte n’aurait pas vu le jour  😉