
Marc Chagall – Le cirque bleu – 1950
;
La Toutebelle
Sous le chapiteau-forteresse, la Toutebelle
flirte avec le firmament
Sur son trapèze, le rayon bleu la captive
l’arrête, la relâche, ample mouvement de balancier.
Plus légère qu’une bulle
de champagne, de savon, la funambule
déplie ses membres dans la nuit.
;
Sous la géode des étoiles, son amie la lune sourit
et l’encourage d’un clin d’oeil.
Souplesse de chat, la Toutebelle a sept vies,
Oiseau sur la branche, écho subtil
La petite fée illumine son palais de paillettes.
Son justaucorps pourpre souligne son ventre
et ses seins en leur aurore
Bouche concentrée, joues rosissantes,
Cheveux couleur châtaigne ondoyant dans le courant.
;
Le coq se prend pour le hibou et hulule
Il répond au trapèze-crécelle
La Toutebelle réussit un saut périlleux
traverse le fond de l’air, passe sous le feu du miroir
se rétablit…..in extrémis….
Le trapèze la récupère, la porte, la soutient.
;
Tout en bas, la jument s’inquiète :
Pesanteur, balançoire et atterrissage sans heurts
Son orchidée est si fragile, son coeur se serre :
Le fil de la vie est un jeu de dé.
Les yeux noyés de pleurs, elle guette dans ce brouillard,
Une goutte de sueur glissant comme la rosée,
annonçant la fatigue des muscles.
Elle admire la splendeur de la jeune liane hors de sa forêt,
La sirène hors de l’eau s’épanouit
Comme un poisson hors de l’étang.

Les mots étaient au nombre de 50 au départ et 40 à l’arrivée : ici