39 nouvelles (très courtes donc) pour un livre de 300 pages
Un livre choisi juste pour son titre – au mot « cheval » je suis capable défaire des kilomètres au petit trot.
Avis mitigé au final – le cheval impossible étant la première nouvelle, très réussie – le reste m’a paru un peu tristounet ensuite …
Je disais donc que la première est un petit chef d’œuvre d’humour anglais : les Mullet essaient de vendre leur canasson Nessus depuis trois ans et le jour où ils ont enfin trouvé un pigeon pour acheter cette bête caractérielle et meurtrière…l’infortuné Mr Péricarde, celui ci demande la fille de Mrs Mullet en mariage ! Or Mrs Mullet a 6 filles à marier et un bon prétendant ne se trouve pas sous les sabots d’un cheval !
Comment lui faire épouser Jessie et garder le futur mari vivant jusqu’au mariage ?
La deuxième nouvelle est également très drôle : une bonne famille anglaise est prise au piège d’un kleptomane….la maîtresse de maison m’a bien fait rire avec son sens de l’improvisation …
Les anglais en prennent pour leur grade avec leur clubs, leurs « empires », leur manoirs inconfortables et les disputes d’une certaine classe sociale à la fois oisive, mais moins riche que les apparences qu’elles veulent bien donner…
Les femmes ne sont pas laissées pour compte non plus : la chute de la nouvelle « Excepté Mrs Pentherby » est tout simplement hilarante, l’auteur réussit à rendre cette femme absolument insupportable jusqu’au revirement final : le lecteur se fait balader en tout impunité…
De même la nouvelle « Hermann l’irascible », qui met en scène le droit de vote des femmes et le rôle des suffragettes en Angleterre, est un bijou d’ambiguïté : l’auteur est il misogyne ou à contraire plaide-t-il pour le droit de vote des femmes ? tout et son contraire est dit dans cette nouvelle qui m’a fait penser à Jonathan Swift et sa « Modeste proposition » : plaider l’implaidable fait-il avancer la plaidoirie ? Vous n’avez pas suivi …c’est fait exprès …
Au final la moitié des nouvelles m’a vraiment plu et l’autre moitié m’a paru fade et un peu vieillotte. Une bonne moyenne ?
**
Un extrait : Nouvelle « poème de Reginald sur la paix »
Réginald contemplait la boîte de biscuits d’un air inconsolable. Elle offrait en effet un triste spectacle, avec ses deux ou trois craquelins abandonnés.
– Si je trouvais, murmura-t-il, une femme avec une passion inassouvie pour les craquelins, je crois que je l’épouserais de suite.
– Et la tragédie de l’aasvogel, c’est quoi ? demanda l’interlocuteur avec compassion.
– Impossible de trouver une rime. Je n’ai songé qu’à cela en m’habillant – ça a été tout à fait épouvantable -, et même pendant le déjeuner, et j’en suis toujours au même point. J’ai l’impression d’être un de ces malheureux automobilistes qui atteignent à la « motoriété » bien malgré eux en tombant en panne au beau milieu d’un carrefour encombré. Je crains bien de devoir me débarrasser de cet aasvogel. Dommage il apportait une couleur locale si jolie.
– Il vous restera l’antilope insouciante.
**
Un extrait : Nouvelle « Réginald au Carlton »
– Le thème de ma conférence, reprit précipitamment la duchesse, est d’étudier si la promiscuité que l’on observe au cours des voyages sur le Continent n’a pas pour effet d’affaiblir la conscience sociale : il y a des gens que l’on connaît et qui sont parfaitement convenables en Angleterre. Transportez-les de l’autre côté de la Manche, ils sont complètement différents.
– Disons qu’il s’agit là de mœurs internationales : c’est comme dans l’édition, on prend aussi ce qu’il y a de mieux ailleurs. Après tout, les excédents de bagage coûtent si cher sur certaines lignes étrangères, on doit faire une sérieuse économie en laissant sa réputation chez soi.
– Mon cher Réginald, un scandale est un scandale à Monaco comme à, disons Exeter.
– Un scandale, ma chère Irène – je peux vous appeler Irène, n’est-ce pas ?
–Nous connaissons-nous depuis assez longtemps pour cela ?
– Depuis plus longtemps que votre parrain quand il vous a choisi ce prénom. Le scandale, c’est tout bonnement une concession que la bonne société fait aux gens ennuyeux. Songer donc à ce que les aventures des autres apportent à des existences banales et irréprochables. Au fait, qui est donc cette femme à notre gauche, celle avec ces dentelles anciennes ? Bah, peu importe. Cela se fait beaucoup aujourd’hui, de dévisager les gens comme si c’était des poulains à la vente de Tattersall.
– Mrs Spelexit ? Une femme charmante. Elle vit séparée de son mari…
– Pour incompatibilité de revenus ?
– Pas du tout. Je dirais plutôt que des mers de glace les séparent. Il explore les banquises, il étudie les mouvements des harengs, il a écrit un livre passionnant sur les mœurs des esquimaux et leur vie de famille. La sienne étant naturellement réduite à sa plus simple expression.
– Bizarre qu’un mari qui ne se déplace qu’avec le Gulf stream ait aussi peu de biens liquides.
;