La dame N° 13 – José Carlos Somoza

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Ce roman commence comme un thriller. Un jeune homme, en deuil de sa fiancée, fait des cauchemars atroces. Il consulte un médecin pour lutter contre ceux- ci. Plus tard, il apprend que ses cauchemars relatent un fait réel : la torture et l’assassinat d’une jeune femme. Il se rend sur les lieux du crime où il rencontre une jeune femme, qui elle aussi, a rêvé de ce crime sordide. Et c’est là que tout bascule…. dans l’irréel… Somoza ne livre pas un thriller classique mais un triller fantastique, où l’arme du crime est la magie…la magie de la poésie ….
Les deux héros vont alors enquêter et se rapprocher de plus en plus de la dirigeante de cette secte des 13 dames….frissons garantis

Le suspens est bien mené, des personnages principaux et secondaires parfois ambigüs…………. J’ai aimé aussi les réflexions sur la mémoire, la maternité, l’immortalité ….et la volonté du pouvoir….
Passionnant et parfois effrayant…J’ai été très surprise de la découverte de l’identité de la dame N°13.

En conclusion : un roman qui me marquera longtemps….et qui m’a envie de poursuivre avec l’auteur (espagnol d’origine cubaine, auteur de romans … et aussi psychiatre)

un extrait
Elle tourna soigneusement les pages, penchée en avant, la lumière de la lampe plongeant sur le texte. Elle ne s’arrêtait pas à la beauté des mots, la netteté des strophes, l’importance des poèmes ou de leur possible signification. Ce n’était pas ce qu’elle tentait de capter. Elle voulait qu’un vers la BLESSÂT. Elle voulait découvrir dans un mot des reflets de couteau, le fil de la lame de rasoir, la dureté du diamant. Elle voulait trouver un poignard de syllabes pour le plonger dans la poitrine de Saga. Elle était à la recherche d’une balle en argent, d’une ligne qu’elle pourrait charger dans la chambre de sa bouche afin de la tirer sur Saga entre les deux yeux.

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Mois espagnol chez Sharon 

U4 – Stéphane – Vincent Villeminot

U4

U4 STEPHANE

Une histoire , 4 auteurs, 4 points de vue.

Quand j’ai vu que ma bibliothèque préférée avait acheté les 4 tomes de cette « série ado », je n’ai pas hésité un instant.
J’ai emprunté « Stéphane » illico (car j’avais aimé Réseaux du même auteur) et j’ai réservé les trois autres.

Pour situer l’histoire en deux mots: En France de nos jours, une épidémie du virus U4 a éliminé 90 % de la population mondiale en quelques jours. Parmi les rescapés, ne figurent quasiment que des ados de 15 à 18 ans. Stéphane est la narratrice de ce tome (oui Stéphane est une fille et maudit ses parents de lui avoir choisi ce prénom prétendument « mixte »)
Elle vit à Lyon.
Hasard de lecture, je commence cette série par l’avis de Stéphane dont le père, épidémiologiste, a été chargé de prendre en charge la catastrophe au niveau de la France.
Le lecteur saura assez vite pourquoi les survivants ont tous entre 15 et 18 ans. Parmi les adultes, il semblent que juste quelques médecins et quelques militaires aient survécu.
Ce premier tome m’a beaucoup intéressée. Stéphane est au lycée et est déjà mûre, elle a la tête sur les épaules et sait réagir devant l’urgence. Elle ne manque pas de courage. Assez rapidement elle décide de partir pour Paris pour rejoindre son père au QG de crise.

Stéphane, avant la catastrophe, jouait à un jeu vidéo en ligne « Warrior of Times  » et un message de l’organisateur du jeu a convié les « experts  » du jeu à se retrouver sur Paris le 24 décembre : ira-t-elle ou non au rendez vous ? Peut-on envisager comme certains le croient un « retour en arrière avant l’épidémie » ?

J’ai aimé : l’action dans ce livre (pas de temps morts), l’évolution des personnages devant la mort de tous leurs proches, l’organisation dans le camp de survie, la dure vie plongée dans le chaos… Et aussi la rencontre entre Marco, François, Yannis et Stéphane.
Les caractères devant l’adversité se révèlent …ou flanchent…

En plus de l’action, ces jeunes se posent toutes sortes de questions : la démocratie peut-elle s’exercer quand la survie est en jeu ? à quoi me sert mon iphone alors qu’il n’y a plus ni électricité, ni réseaux, ni infrastructures….Peut on accueillir tout le monde dans le camp de survie (les derniers arrivés au camp de Lyon sont des « sous-citoyens » alors que leur seul tort est d’avoir été élevés en dehors de Lyon).
Dans ce tome, on entrevoit à peine Koridwen et Jules. J’ai hâte de découvrir leurs aventures respectives.

Le hasard des réservations de bibliothèque fera que le deuxième tome lu sera Yannis, un des compagnons de la première heure de Stéphane … Il faudra vraisemblablement une peu de temps avant de découvrir les deux derniers.

Un extrait :

Dans la rue Saint-Michel, je croise deux nouveaux cadavres. Difficile de les ignorer, ceux-là, ils sont au beau milieu de la chaussée. Ils se tiennent par la main, deux amoureux tragiques dont la mort n’a pu séparer l’étreinte, fauchés là par les fièvres au pied de leur immeuble, peut-être, ou bien se sont-ils retrouvés à cet endroit pour en finir ? Avaient-ils vingt ou soixante ans ? Seuls leurs vêtements me font pencher pour la première hypothèse. Pour le reste, c’est impossible à dire : ils n’ont plus de visages, couverts de sang séché, leurs mains sont déjà travaillées par la putréfaction. Roméo + Juliette ?
Ne compatis pas, ne brode pas.
« Que sais-tu, Stéphane ? Que comprends-tu ? Analyse… »
Le sang. Les croûtes de sang. Les fièvres.
Des faits. Quels faits ?

Itinéraire d’un enfant gâté – Slam 3 avec l’autre Jacques

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Vous vous demandez peut-être ce que je fais dans cet arbre tel le roi des aulnes, et bien je réfléchis. Je me rapproche jusqu’à toucher les racines du ciel et je fredonne une chanson :

Monter au ciel, pas peur de l’orage
Sortir de la cage, loin des paradis artificiels
Échafauder une hypothèse sur la montée de sève
Monter en épingle, attendre la relève
Partir décrocher la lune sans tambour
ni trompette, monter d’un octave rebelle
Tenir les dragées (au poivre) hautes,
Faire le magnifique sur une pièce montée
Bâtir un château en Espagne, laveur de vitre sans nacelle
Escalader l’Everest dans les nuages ?
Se hisser jusqu’aux neiges du Kilimandjaro ?
Pas pour moi, j’suis alpiniste amateur, nanméhaut !
et marin d’eau douce aussi ….
Devenir marinier sur les chemins de halage
est mon prétexte pour monter sur Seine.

Monter au ciel, plus près des mésanges
Croquer la pomme, monter les blancs en blanche-neige,Pomme tendue
Garder le fouet pour grimper sur les grands chevaux
Monté en graine comme la folle avoine
Suis je Pierrot le fou ou bien Antoine?
Un singe en hiver sur mon baobab ?
King kong et peau de bananes …..
Monter, monter toujours plus haut avec Claude
Monter comme les enfants du paradis
Monter à bout de souffle
Monter l’escalier à Cannes, pieds nus comme Julieta
Monter sur le ring du seigneur des anneaux ?
Monter toujours plus haut pour décrocher la timbale
S’en décrocher la mâchoire, mais monter monter……
Sur des talons aiguilles ou au paradis des monte en l’air ….

Monter le son, monteur de court métrages
Du haut du clocher, je donne de la voix
L’espace d’un instant je m’imagine scénariste.
Partout partout je monte et cherche ma voie
Parce si j’avais pu, j’aurais été………. trapéziste.

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Les photos et le jeu sont chez La licorne

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Le scaphandre et le papillon – Jean -Dominique Bauby

L’orthophonie est un art qui mérite d’être connu. Vous n’imaginez pas la gymnastique effectué machinalement par votre langue pour produire tous les sons du français. Pour l’instant je bute sur le « L », piteux rédacteur en chef qui ne sait plus articulé le nom de son propre journal. Les jours fastes, entre deux quintes de toux, je trouve le souffle et l’énergie pour sonoriser quelques phonèmes. Pour mon anniversaire, Sandrine a réussi à me faire prononcer l’alphabet de façon intelligible. On ne pouvait me faire de plus beau cadeau. J’ai entendu les vingt-six lettres arrachées au néant par une voix rauque venue du fond des âges. Cet exténuant exercice m’a donné l’impression d’être un homme des cavernes en train de découvrir le langage. Le téléphone interrompt parfois nos travaux. Je profite de Sandrine pour avoir quelques proches en ligne et saisir au vol des bribes de vie, comme on attrape un papillon. Ma fille Céleste raconte ses cavalcades à dos de poney. Dans cinq mois, on va fêter ses neuf ans.  Mon père explique ses difficultés à tenir sur ses jambes. Il traverse vaillamment sa quatre-vingt-treizième année. Ce sont les deux maillons extrêmes de la chaîne d’amour qui m’entoure et ne protège. Je me demande souvent quels effets ont ce dialogue à sens unique sur mes interlocuteurs. Moi, ils me bouleversent. A ces tendres appels, comme j’aimerais ne pas opposer mon seul silence. Certains le trouvent d’ailleurs insupportable. La douce Florence ne me parle pas si je n’ai au préalable respiré bruyamment dans le combiné que Sandrine colle à mon oreille « Jean-Do, êtes-vous là ? » s’inquiète Florence au bout du fil.

Je dois dire que par moments je ne sais plus très bien.

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Le scaphandre et le papillon – Jean -Dominique Bauby

Les détectives sauvages – Roberto Bolano

Les gens qui étaient là parlaient en hurlant. Certains accompagnaient en chantant la mélodie de l’aveugle, un boléro ou c’est ce qu’il m’a semblé, où il était question d’un amour désespéré, un amour que les années ne pouvaient éteindre, mais par contre rendre plus indigne, plus ignoble, plus atroce. Lima et Belano avaient trois livres chacun et avaient l’air d’étudiants comme moi. Avant de partir nous sommes approchés du comptoir, épaule contre épaule, nous avons commandé trois Tequilla que nous avons bues cul sec et ensuite nous sommes sortis dans la rue en riant. En quittant l’Encrucijada, j’ai regardé en arrière une dernière fois avec le vain espoir de voir apparaître Brigida à la porte de la réserve, mais je ne l’ai pas vue.
Les livres d’Ulises Lima étaient :
Manifeste électrique aux paupières de jupes, de Michel Bulteau, Mathieu Messagier, Jean-Jacques Faussot, Jean-Jacques N’Guyen That, Gyl Bert-Ram-Soutrenom F.M., entre autres poètes du Mouvement électrique, nos homologues français (j’imagine).
Sang de satin, de Michel Bulteau.
Nord d’été naître opaque, de Mathieu Messagier.
Les livres d’Arthuro Belano étaient :
Le parfait criminel, d’Alain Jouffroy.
Le pays où tout est permis, de Sophie Podolski.
Cent mille milliards de poèmes, de Raymond Queneau. (Ce dernier était photocopié et les coupures horizontales que laissait voir la photocopie, et l’usure propre à un livre excessivement manipulé, en faisait une espèce de fleur de papier étonnée, avec les pétales hérissés vers les quatre points cardinaux).
Plus tard nous avons rencontré Ernesto San Epifanio, qui avait aussi trois livres. Je lui ai demandé de me laisser en prendre note. C’étaient :
Little Johny’s Confession, de Brian Patten.
Tonight at noon, d’Adrian Henri.
The Lost Fire Brigade, de Spike Hawkins.

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Les détectives sauvages (p 39) – Roberto Bolano

Des larmes sous la pluie -Rosa Montero

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Madrid 2109 – Bruna Husky est une réplicante (ou techno-humaine : comprenez un robot ultra sophistiqué qui, hormis sa pupille verticale, peut passer pour une humaine, un robot de chair et de sang donc….)
Elle est détective privée et mène l’enquête sur les actes d’autres « répliquants » qui « seraient » devenus fous et qui « attaqueraient des humains ».
Cette histoire de Bruna est fantastique : les personnages sont fouillés, parfois sympathiques parfois plus ambigus, l’intrigue tient en haleine. Bruna nous emmène loin, très loin dans sa souffrance et le compte à rebours qu’elle suit « Quatre ans, trois mois et vingt-neuf jours….« : Elle a été fabriquée en usine mais a des souvenirs qui lui ont été inculqués par un « mémoriste ». Elle a des amis humains (Yannis), se souvient de son amour décédé (Merlin un techno-humain) qui lui manque horriblement, elle rencontre un extra-terrestre télépathe….et surtout elle doit sauver Madrid d’une sombre machination….

j’ai été scotchée par ce portrait de femme (plus humaine que bon nombre d’humains). Au delà de l’histoire et de ses rebondissements, Rosa Montero nous interroge sur le rôle de la mémoire (fabriquée ou non), sur la difficulté de vivre quand on sait que les jours de vie restant sont comptés, la discrimination et comment naît la haine entre les peuples (manipulation, histoire)

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En conclusion : Un coup de coeur

un extrait

Au milieu du XXIe siècle, les projets d’exploitation géologiques de Mars et de deux satellites de Saturne, Titan et Encelade, encouragent la création d’un androïde capable de résister aux dures conditions atmosphériques des colonies minières. En 2053, l’entreprise brésilienne de bio-ingénérie Vitae développe un organisme à partir de cellules mères, cultivé en laboratoire de manière accélérée et pratiquement identique à l’être humain. Il est mis sur le marché sous le nom d’Homolab, mais devient très vite connu comme réplicant, un terme tiré d’un vieux film futuriste très populaire au XXe Siècle.
Les réplicants jouissent d’un succès immédiat. Ils sont utilisés non seulement dans les exploitations minières de l’espace intersidéral, mais aussi dans celles de la Terre et dans les fermes marines abyssales. Des versions spécialisées se mettent à voir le jour et, en 2057, quatre gammes distinctes d’androïdes existent déjà: exploitation minière, calcul, combat et plaisir (cette dernière spécialité est interdite quelques années plus tard). A l’époque, on ne conçoit pas que les Homolabs disposent d’une forme de contrôle sur leurs vies: en réalité, ce sont des travailleurs exempts de droits. Cette situation abusive se révèle de plus en plus intenable et finit par exploser en 2060, quand un peloton de réplicants de combat est envoyé sur Encelade pour y étouffer une révolte des mineurs, androïdes eux aussi. Les soldats s’unissent aux rebelles et assassinent tous les humains de la colonie. L’insurrection se généralise rapidement, donnant lieu à ce qu’on a appelé la Guerre Rep.
(P22)

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Mois espagnol chez Sharon

Pour ma belle

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Vous vous demandez peut être ce que je fais dans cet arbre, tel le baron perché ?
Je suis là, moi Algernon le deuxième, pour chanter la sérénade à ma belle. Je prends de la hauteur pour la voir arriver. De là on voit la mer, je ne pourrai pas la rater.
Tout à l’heure, je descendrai de mon repère et je lui jouerai quelques notes sur mon piano vert. Celui qui connaît tous les airs d’amour. Il est composé de mousse et ses cordes ne sont pas d’acier mais de liane. Ses notes sont des fleurs : RhoDOdendron / REséda /MImosa / corosSOL / LAvande….

Piano vert
Mon maître de chant me dit toujours que je chante trop bas et que ma voix de baryton ferait fuir la plus sourde des princesses. Et quelquefois j’ai comme une grande idée, alors je suis grimpé dans cet arbre pour que ma voix soit plus haute.
Entre ciel et terre, je suis seul dans mon arbre à me répéter les paroles de ma chanson. Je suis seul mais cela m’est égal, je sais que le coeur est un chasseur solitaire.
Vous vous moquez de mes risibles amours ? Moquez vous,moquez vous ! Tout à l’heure Anna apparaîtra et je chanterai pour elle.
Je chanterai le nom de la rose et le dahlia noir.fleur
Elle a un nom de fleur allemande, mon Anna : un jour, elle me racontera le voyage d’Anna Blume et la musique du hasard de mon piano la suivra dans son odyssée.
Elle racontera la pauvreté, le moment où plus rien ne compte sauf les fleurs ….et la faim.
Elle racontera le moment où aucun souvenir assez solide ne peut nous soulager du chagrin, où l’amour disparaît dans le sillage de l’oubli. L’amour, cet animal du coeur qui me ronge et me fait tant souffrir…
Derrière le mur invisible de mon arbre, je ne compte plus les heures silencieuses à attendre mon Anna.Arbre muré
J’aurais attendu cent ans de solitude, le temps que la lumière des étoiles mortes me parvienne.
A cet instant, avec Anna, je me mettrai au piano et je chanterai avec elle avec ma voix trop basse et elle avec sa voix de petite fadette.
« Il ne faut pas pleurer » me dira-t-elle.
Nous chanterons « des fleurs pour Algernon » avant de partir, moi le voyageur sans bagage, voyageur imprudent ….et elle, toute remplie de la tristesse des anges.

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la règle du jeu « Photos insolites » est ici chez Filigrane

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27 titres à trouver

Projet 52 nuances de vert

Lune noire – Federico García Lorca

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Mois espagnol Chez Sharon

Sous la lune noire

des brigands,

chantent les éperons.

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Petit cheval noir,

où mènes-tu ton cavalier mort ?

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Les durs éperons

du bandit immobile

qui a perdu les rênes.

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Petit cheval froid,

Et ce parfum de fleur de couteau !

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Sous la lune noire,

saignait le flanc

de la Sierra Morena.

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Petit cheval noir,

où mènes-tu ton cavalier mort ?

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La nuit éperonne

ses flancs noirs

En lui plantant des étoiles.

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Petit cheval froid

Et ce parfum de fleur de couteau !

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Sous la lune

Un cri !

et la longue corne du brasier.

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Petit cheval noir,

où mènes-tu ton cavalier mort ?

 

Lune noire – Federico García Lorca

 

Et pour écouter Paco Ibanez c’est ici 

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José Manuel Merello.- Le Cheval Lune

jeudi-poesie

L’intranquille – autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou – Gérard Garouste avec Judith Perrignon

C’était en 1953, je m’en souviens à cause du couronnement de la reine d’Angleterre, nous avions passé la matinée avec Eléo, l’oreille collée au poste de radio alors aussi gros qu’une télévision, et les yeux rêveurs à deviner les fastes du monde. Casso, lui, se fiche complètement de ce genre d’événement, rien ne brille plus que son univers en minium.

Cette année-là, mes parents m’envoyèrent pour Noël un jeu de construction en bois dont le couvercle promettait un chalet.  Après l’avoir ouvert, je me suis installé devant la cheminée et j’ai fait brûler les baguettes de bois, une par une sous le regard de mon oncle.  Il disait calmement, moi je serai toi, je ne ferais pas ça, si Eléo te voit, tu vas prendre une sacrée fessée, mais je continuais sans l’écouter la lente destruction du cadeau.  Ça s’est terminé comme prévu par une fessée pantalon baissé sur les jambes d’Eléo, et mon oncle en face qui semblait dire je t’avais prévenu. Je ne sais pas si je repoussais par ce geste tout ce qui venait de mes parents.  Je sais seulement que mes plus beaux souvenirs d’enfance sont là-bas.

J’étais un Indien : avec un cousin on s’enfermait dans la cave fraîche et obscure, nous étions en slip avec un arc et des flèches, à cheval sur les tonneaux, nous passions là de longues heures à nous croire les plus forts.
J’étais un cancre, j’allais à l’école, une vraie petite classe unique digne du XIXe siècle, tenue par un instituteur avec une raie au milieu du crâne aussi droite que la règle dont il usait pour nous taper sur les doigts. Il ne laissait rien au hasard et dessinait à la plume sur mes cahiers des zéros d’un graphisme impeccable.

J’étais ivre à la moisson de septembre encore menée par les chevaux. La poussière nous asséchait la gorge, il fallait boire beaucoup et l’on ne servait que du vin,  aux adultes comme aux enfants.

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,L’intranquille – autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou – Gérard Garouste avec Judith Perrignon

Ponts en stock (slam 2 avec l’autre Jacques)

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Que trouve-t-on dans la tête de la femme en vert ?

– J’ai un souci ai-je dit, bouleversée, à mon docteur. Je slame toute la journée…
– Ah oui ? racontez moi cela, a-t-il répondu.
Alors, j’ai inspiré un grand coup et je me suis lancée, réprimant un léger tremblement dans ma voix :

Poser une pierre ponce
deux piles sur trois ruines : pont du Gard, Avignon et Nantes
un pont d’arc en ciel, des jumelles comme des gouttelettes d’eau
Sortir dès pontron minet, au moment où la nuit fait son adieu aux lisières de la pénombre,
Prendre le train, regarder défiler Pont-Cardinet, trouver 20 cartes Pontkemon
Un coup de coeur, un triple pontage, deux œufs tout frais pontus, un Pont Neuf, un œuf dur, trois grains de sel, pas un radis (ni de raton laveur)
Coller des cartes footballeurs chez Panini, quatre Pelés et un pontu, un sourire spontané
Un pont-levis, trois Playmobils, un pont Mirabeau, trois mirabelles sur une part de tarte
Un paquet de galettes « Pont Aven » – 1.80€ – 2 134 kj pour 100 grammes
Trois mots inventés : Une pontalonnade, une pontomine, un pontoum
124 verbes du premier groupe – première personne du pluriel : Nous galopons, rappons, soupons….
Une pintade….mais pas de ratons laveurs
363 livres sur Babelio avec « pont », prendre à la bibliothèque « naissance d’un pont »
Le 7ème art : la jeune fille sur le pont (si vulnérable), un pont trop loin, trois fiancés au Pont Neuf donc un de trop, les galettes de Pont aven – 1975 – 1h53
Un lycée Jacques Prévert à Pont Audemer
Avoir un pont dans la main
Couper le pont en deux
Trois mousquetaires téméraires
Habiter à deux ponts du boulot, le rêve…
Trois coups de cuillère à pont, manger les galettes de Pont aven
Quatre ponts cardinaux
Un sursaut en parachute, une sotte qui a peur de l’avion
Une grande échelle (pin-pont)
Une tige verte, un vertige sur le Pont Garabit
Un pontin en bois pour Claude Ponti
Une semaine de vacances à Ponto Vecchio en 2000, Pontnichet un jour peut être….Juan les ponts en 1998
Une écurie de course
Un strapontin
Un cheval entier, un double poney, un simple d’esprit
Vingt et et un éléphants sur le pont de Brooklyn (dont un bleu)
Un carré avec beaucoup d’herbe verte dedans (aussi appelé pré vert)
Un Petit chapont rouge, il était haut comme trois ponts
Quatre ponts cardinaux
Une insomnie, deux cauchemars
Un triangle, un Pontagone, un polygone, un polychinelle dans le terroir
Une poule sur un pont qui picote
Mal au ventre, la faute aux galettes de Pont-Aven
Un pont entre deux mondes
Une princesse sous le pont de l’Alma, une marquise de Pontpadour
Un sacripont qui chante « et ron et ron petit patapont »
Au boulot , gérer un pont d’érable et le faire bien
Etre saperliponpette après une coupe de champagne
Une auberge de l’étoile d’argent à Argenton-le-pont (3 étoiles au Michelin)
Vagaponter sur le net…..

J’allais poursuivre sur ma lancée quand mon docteur m’a arrêté : c’est très clair !
Vous êtes HYPONTCONDRIAQUEDUC ! je vous mets quatre jours aux arrêts …..non plutôt un viaduc …jusqu’à la Pontecôte…..

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Les mots collectés par Asphodèle
Bleu, cauchemar, vertige, avion, tremblement, sursauter, vulnérable, coller, ventre, eau, téméraire, inspirer, bouleverser.

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et trois titres de livre
L’adieu aux lisières (de Guy Goffette) (poésie)
L’étoile d’argent (Jeannette Walls) (roman)
La femme en vert (d’Arnaldur Indridaso,) (policier).

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L’agenda ironique de mai avec le thème « En attendant le prochain pont. » (organisation pontjointe chez Camille et Emilie)

 

557 mots (en tout)