Le pingouin de la couverture est un pingouin apprivoisé. Micha, le pingouin, a été adopté par Victor lorsque le zoo de Kiev a du fermer faute d’argent pour nourrir les animaux. Car en 1995, l’Ukraine, ancien satellite soviétique, est au bord de la faillite. (Le livre est paru en 1996)
L’argent est omniprésent dans ce livre.
Victor, le personnage principal, a du mal à joindre les deux bouts jusqu’au jour où il trouve un boulot étrange. Un directeur de journal lui demande d’écrire des nécrologies, mais des nécrologies de personnes encore en vie.
Victor se passionne pour ce boulot (bien payé, en dollars) jusqu’au jour où il se rend compte que certaines personnes, sur lesquelles il a fait un article, meurent.
En parallèle de cette histoire, on suit également l’amitié entre Micha (un homme pas un pingouin) et Victor. L’ami de Victor part un jour en confiant Sonia sa fille de 4 ans à Victor. Mais il ne revient pas et Victor engage Nina pour s’occuper de la fillette. Nina semble tomber amoureuse de Victor (à moins que ce ne soit de ses dollars)
Ce court roman est très décapant, parfois à la limite du burlesque, on sent l’ironie de l’auteur vis à vis de ce monde post-soviétique en plein désarroi.
La fin est excellente.
Quelques extraits
Telles des cases de mots croisés, les fenêtres de l’immeuble d’en face se dessinaient dans la nuit. Elles comportaient de nombreuses lettres.
Victor contemplait ces témoignages de vies ordinaires. Il était triste, mais le silence le réconfortait, et il fut peu à peu gagné par un grand calme, étrange, presque douloureux, comme avant un orage.
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A chaque époque sa « normalité ». Ce qui, auparavant, semblait monstrueux, était maintenant devenu quotidien, et les gens, pour éviter de trop s’inquiéter, l’avaient intégré comme une norme de vie, et poursuivaient leur existence.
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Micha, le pingouin, se promenait dans le couloir sombre, cognant de temps à autre à la porte fermée de la cuisine. Victor finit pas se sentir coupable et lui ouvrit. Il s’arrêta près de la table. Haut de presque un mètre, il parvenait à embrasser des yeux tout ce qui s’y trouvait. Il fixa d’abord la tasse de thé, puis Victor, qu’il examina d’un regard pénétrant, comme un fonctionnaire du Parti bien aguerri. Victor eut envie de lui faire plaisir. Il alla lui préparer un bain froid. Le bruit de l’eau fit immédiatement accourir le pingouin, qui s’appuya au rebord de la baignoire, bascula et plongea sans attendre qu’elle soit pleine.
