Nos vies en flammes – David Joy

LC avec Edualc 🙂

Ce livre est à la fois enthousiasmant et déprimant. Enthousiasmant pour la qualité de l’écriture et de la réflexion de cet écrivain, déprimant sur le fonds.

Commençons donc par le fond pour évacuer ce qui m’a déprimée : l’action se passe aux États-Unis dans les Appalaches, tout près d’une réserve Cherokee. Ce coin est très pauvre, il est de plus ravagé par les incendies de plus en plus nombreux, par-dessus cette calamité « naturelle » la population n’a pas beaucoup d’espoir et les jeunes tombent rapidement dans la drogue. Le fils Ricky est toxicomane depuis une vingtaine d’années (il a maintenant 40 ans). Son père Raymond lui sauve une dernière fois la mise car il doit 10 000 dollars à un chef de gang.

Côté passionnant je n’ai pas lâché ce livre une seconde car l’auteur sait maintenir à la fois le suspense pour ses personnages et aussi les rendre sympathique (même si de nombreux personnages sont des drogués notoires).

Les personnages secondaires sont également bien campés qu’il s’agisse d’un des flics infiltré pour essayer de démontrer ce trafic de drogue, de Denny, un indien lui aussi esclave de l’héroïne, d’une des amies de Raymond, flic également, qui essaye de venir en aide à Raymond.

En conclusion une sensation d’un monde qui s’effondre ou plutôt qui part en flammes…

L’auteur dédicace ce livre à Ron Rash, auteur que j’apprécie énormément.

Deux extraits

Quand un homme atteint la fin de quelque chose, c’est une chose de regarder entre ses mains et de voir sa propre vie en morceaux, mais c’en est une tout autre que de regarder en arrière et de voir tout dévasté dans son sillage. La vie ne peut aller que dans une direction, et ce qui reste derrière est à la fois puissant et permanent. Il avait pendant si longtemps refusé de se retourner. Désormais, il ne supportait pas l’idée d’avancer.

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Ceux qui restaient élevaient leurs enfants dans l’espoir qu’ils s’en sortiraient mieux. Ils leur conseillaient de faire des études pour trouver un bon boulot qui ne rendrait pas leurs mains calleuses, qui ne leur crevasserait pas la peau, qui ne leur briserait pas les os. Nous ne voulons pas que tu sois obligé de travailler comme nous l’avons fait. Voilà ce qu’ils disaient, et c’était une pensée noble mais de mauvais augure. Car au lieu de rester ancrés à l’endroit qui portait leur nom, ils emportaient leur nom avec eux quand ils partaient. Le tissu même de ce qui avait autrefois défini les montagnes se fragmentait et était remplacé par des étrangers qui construisaient leurs résidences secondaires sur les crêtes et faisaient tellement monter le prix de l’immobilier que les quelques gens du coin qui restaient ne pouvaient plus payer leur taxe foncière.