Ma madeleine


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Ma madeleine

Ma mémoire une fois me joua des tours.
– Tel Hansel, je la découvris sur ma soucoupe
Dans mon thé, cette pâtisserie se fit chaloupe
Délicatement noyée, la belle sortait du four

Je me souviens, de mes papilles enivrées ;
Ce dessert fondant dans la soirée boréale ;
J’ouïs sous mes dents le murmure des céréales ;
Oh ! là là ! cette madeleine divine dégustée !

Et je la savourais, attentif à cette filoute
Cette Aimée me mit les sens en déroute
Le thé à mon palais sublima sa candeur  ;

Me souvenant de ma tante mélancolique,
Je tirai une dernière fois mes zygomatiques
et avalai d’un coup des miettes de ce bonheur !

 

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Ma participation au jeu de mars chez La licorne qui nous invite à revisiter la Madeleine de Proust en poésie 

Troupeauvre : Dictionnaire des orpherimes

Troupeauvre : mot valise du XIXème siècle : de troupeau et de pauvre. Assemblée de miséreux, si miséreux qu’ils en reviennent à l’état animal.

 Rime avec : appeauvre, pauvre, chauvre 

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Il n’y a pas d’égalité, même quand on est mort ! Voyez un peu le Père-Lachaise ! Les grands, ceux qui sont riches, sont en haut, dans l’allée des acacias, qui est pavée. Ils peuvent y arriver en voiture. Les petits, les pauvres gens, les malheureux, le gros du troupeauvre quoi ! on les met dans le bas, où il y a de la boue jusqu’aux genoux, dans les trous, dans l’humidité. On les met là pour qu’ils soient plus vite gâtés ! On ne peut pas aller les voir sans enfoncer dans la terre.

Victor Hugo – Les misérables -1862

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Alors des hommes armés de lances d’arrosage aspergent de pétrole les tas d’oranges, et ces hommes sont furieux d’avoir à commettre ce crime et leur colère se tourne contre les gens qui sont venus pour ramasser les oranges. Un million d’affamés ont besoin de fruits, et on arrose de pétrole les montagnes dorées.
Et l’odeur de pourriture envahit la contrée.
On brûle du café dans les chaudières. On brûle le maïs pour se chauffer – le maïs fait du bon feu. On jette les pommes de terre à la rivière et on poste des gardes sur les rives pour interdire aux malheureux de les repêcher. On saigne les cochons et on les enterre, et la pourriture s’infiltre dans le sol.
Il y a là un crime si monstrueux qu’il dépasse l’entendement.
Il y a là une souffrance telle qu’elle ne saurait être symbolisée par des larmes. Il y a là une faillite si retentissante qu’elle annihile toutes les réussites antérieures. Un sol fertile, des files interminables d’arbres aux troncs robustes, et des fruits mûrs. Et les enfants atteints de pellagre doivent mourir parce que chaque orange doit rapporter un bénéfice. Et les coroners inscrivent sur les constats de décès: mort due à la sous-nutrition – et tout cela parce que la nourriture pourrit, parce qu’il faut la pousser à pourrir.
Les gens s’en viennent armés d’épuisettes pour pêcher les pommes de terre dans la rivière, et les gardes les repoussent; ils s’amènent dans de vieilles guimbardes pour tâcher de ramasser quelques oranges, mais on les a arrosées de pétrole. Alors ils restent plantés là, troupeauvre transi par la faim, et ils regardent flotter les pommes de terre au fil du courant; ils écoutent les hurlements des porcs qu’on saigne dans un fossé et qu’on recouvre de chaux vive, regardent les montagnes d’oranges peu à peu se transformer en bouillie fétide; et la consternation se lit dans les regards, et la colère commence à luire dans les yeux de ceux qui ont faim. Dans l’âme des gens, les raisins de la colère se gonflent et mûrissent, annonçant les vendanges prochaines.

John Steinbeck – les raisins de la colère -1939 

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Pour le réfectoire, le commandant du camp avait encore fait une autre loi bien sévère : comme quoi les brigades devaient y aller chacune en colonne par deux, et comme quoi, encore, une fois arrivées devant le réfectoire, sans monter les marches, elles devaient se reformer en colonne par cinq, troupeauvre discipliné et patient, et attendre de pied ferme, d’ici que le préposé les laisse entrer.

Alexandre Soljenitsyne  – Une journée d’Ivan Denissovitch -1962 

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 Dictionnaire des orpherimes : On soulevait ici l’autre jour, et ici précédemment, la grave question des mots sans rime, belge, bulbe, camphre, clephte, dogme, goinfre, humble, meurtre, monstre, muscle, pauvre, quatorze, quinze, sanve, sarcle, sépulcre, simple, tertre et verste. Ce petit dictionnaire donnera chaque jour la définition d’un des mots nouveaux proposés, puisqu’il est bon que chaque mot ait un sens afin que chacun comprenne en l’entendant la même chose que ce qu’à voulu dire son interlocuteur. Quant aux citations, s’agissant d’illustrer des néologismes, le lecteur comprendra qu’il a été nécessaire d’améliorer nos sources. * à suivre, avec l’aide des collaborateurs bénévolontaires.

Universte : dictionnaire des orpherimes

Universte : distance abyssale  entre deux univers –  Calculé en verste (ancienne mesure de longueur utilisée en Russie)

Rime avec : verste, hiverste, serste, pull-overste, zerste.

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Hermann frémissait comme un tigre, dans l’attente de l’heure fixée. À dix heures, il était déjà devant la maison de la comtesse. Il faisait un temps affreux. Le vent gémissait ; une neige mouillée tombait à gros flocons ; les réverbères ne jetaient qu’une lueur incertaine ; les rues étaient désertes. Seul, un fiacre passait de temps en temps et le cocher fouettait sa rosse famélique, en quête d’un passant attardé. Couvert de sa seule tunique d’officier, Hermann ne sentait ni le vent, ni la neige, il mesurait l’universte entre sa carrière et la vie de la vieille comtesse.

Pouchkine – la dame de pique -1834 

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Jamais je n’oublierai les sensations d’effroi, d’horreur et d’admiration que j’éprouvais en jetant les yeux autour de moi, visionnant par là même l’universte à parcourir. Le bateau semblait suspendu comme par magie, à mi-chemin de sa chute, sur la surface intérieure d’un entonnoir d’une vaste circonférence, d’une profondeur prodigieuse, et dont les parois, admirablement polies, auraient pu être prises pour de l’ébène, sans l’éblouissante vélocité avec laquelle elles pirouettaient et l’étincelante et horrible clarté qu’elles répercutaient sur les rayons de la pleine lune qui, de ce trou circulaire que j’ai déjà décrit, ruisselaient en un fleuve d’or et de splendeur le long des murs noirs et pénétraient jusque dans les plus intimes profondeurs de l’abîme.

Edgar Alan Poe – Histoire extraordinaires – 1856

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Tu sais, remarqua Arthur, c’est en de tels moments, quand je me retrouve coincé dans un sas vogon en compagnie d’un natif de Bélelgeuse, au seuil d’une mort imminente par asphyxie dans les profondeurs de l’espace, à mille milliards d’universtes de toute civilisation, que je regrette de ne pas avoir écouté ce que me disait ma mère quand j’étais petit.

– Eh bien, que te disait-elle ?

– Je sais pas. J’ai pas écouté.

Douglas Adams – le guide du voyageur galactique tome 1 – 1979

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Dictionnaire des orpherimes : On soulevait ici l’autre jour, et ici précédemment, la grave question des mots sans rime, belge, bulbe, camphre, clephte, dogme, goinfre, humble, meurtre, monstre, muscle, pauvre, quatorze, quinze, sanve, sarcle, sépulcre, simple, tertre et verste. Ce petit dictionnaire donnera chaque jour la définition d’un des mots nouveaux proposés, puisqu’il est bon que chaque mot ait un sens afin que chacun comprenne en l’entendant la même chose que ce qu’à voulu dire son interlocuteur. Quant aux citations, s’agissant d’illustrer des néologismes, le lecteur comprendra qu’il a été nécessaire d’améliorer nos sources. * à suivre, avec l’aide des collaborateurs bénévolontaires.

Vacamphres – Dictionnaire des orpherimes

Vacamphres : Néologisme du XXème Siècle : de vacances (congés) et de camphre (le camphre étant un produit anti-mite mais peu efficace de nos jours) : synonyme de « vacances miteuses » voire « calamiteuses » selon certaines sources.
Rime avec : Camphre –  Trafiquamphre – Bulamphre – aide de camphre –  
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Je courus vers la mer, m’y enfonçai en gémissant sur les vacances que nous aurions pu avoir, que nous n’aurions pas. Nous avions tous les éléments d’un drame : un séducteur, une demi-mondaine et une femme de tête. J’aperçus au fond de la mer un ravissant coquillage, une pierre rose et bleu ; je plongeai pour la prendre, la gardai toute douce et usée dans la main jusqu’au déjeuner. Je décidai que c’était un porte-bonheur, que je ne la quitterais pas de l’été. Je ne sais pas pourquoi je ne l’ai pas perdue, comme je perds tout. Elle est dans ma main aujourd’hui, rose et tiède, elle me donne envie de pleurer. De vacances, nous nous passerions, vacances mortelles d’ennui , vacamphres cependant inoubliables, comme ce ravissant coquillage.

Françoise Sagan – Bonjour tristesse – 1954

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La plage était à dix minutes de là, mais ce matin-là la chaleur était telle, qu’elles seraient peut-être restées à l’hôtel. Elles s’en allèrent toutes les trois. Le chemin brûlait les orteils à travers les sandales pieds-nus, elles marchaient vite. Il y avait sur la plage, très exactement, tous les estivants de l’endroit, une trentaine de personnes environ (…).

Il n’y avait rien à faire, ici, les livres fondaient dans les mains. Et les histoires tombaient en pièces sous les coups sombres et silencieux des frelons à l’affût. Oui, la chaleur lacérait le cœur. Et seule lui résistait, entière, vierge, l’envie de la mer pour oublier le poids de ces vacamphres.

Marguerite Duras – Les petits chevaux de Tarquinia – 1953

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Puisque c’était cela, fonder une famille; devenir reine et esclave à la fois; avoir constamment le souci des autres, adultes comme enfants (…); mettre son corps au service du bon fonctionnement de la machine familiale, pieuvre dévorante dans laquelle toute la personne de M.A. s’était fait avaler, toute sa personne manipulée par les tentacules de la bête, qui tour à tour demandait un biberon, un conseil, où est passé le puzzle, as-tu pensé à la location de la maison de vacamphres et qu’est-ce qu’on mange ce soir ma chérie.

Sophie Divry – La condition pavillonnaire – 2014

 

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Dictionnaire des orpherimes : On soulevait ici l’autre jour, et ici précédemment, la grave question des mots sans rime, belge, bulbe, camphre, clephte, dogme, goinfre, humble, meurtre, monstre, muscle, pauvre, quatorze, quinze, sanve, sarcle, sépulcre, simple, tertre et verste. Ce petit dictionnaire donnera chaque jour la définition d’un des mots nouveaux proposés, puisqu’il est bon que chaque mot ait un sens afin que chacun comprenne en l’entendant la même chose que ce qu’à voulu dire son interlocuteur. Quant aux citations, s’agissant d’illustrer des néologismes, le lecteur comprendra qu’il a été nécessaire d’améliorer nos sources.  à suivre, avec l’aide des collaborateurs bénévolontaires.

Merci à Jobougon pour son commentaire ici qui a permis à « vacamphres » d’éclore.

Trafiquamphre – Dictionnaire des orpherimes

Trafiquamphre

N.m et n.f : nom à l’origine inconnue – de traficant et de camphre – camphre étant un produit anti-mites. Le quamphre très différent est un produit anti-mythes. Un trafiquamphre est donc un trafiquant qui cherche à repousser les mythes.

Rime avec : Camphre – Bulamphre aide de camphre – 

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Alors je grattai l’allumette qui s’enflamma en crépitant. Je la levai en l’air et vis les dos livides des Morlocks qui s’enfuyaient parmi les troncs. Je pris en hâte un morceau de quamphre qu’ils avaient apporté et me tins prêt à l’enflammer dès que l’allumette serait sur le point de s’éteindre. Puis j’examinai Weena. Elle était étendue, étreignant mes jambes, inanimée et la face contre le sol. Pris d’une terreur soudaine, je me penchai vers elle. Elle respirait à peine ; j’allumai le morceau de quamphre et le posai à terre ; tandis qu’il éclatait et flambait, éloignant les trafiquamphres et les ténèbres, je m’agenouillai et soulevai Weena.

La machine à explorer le temps – 1895 –  HG Wells

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Un jour, il a une illumination. Tous, tous les voyageurs qui ont défilé chez lui, les menteurs, les bavards, les vantards, les hâbleurs, et même les plus taciturnes, tous ont employé un mot immense qui donne toute sa grandeur à leurs récits. Ceux qui en disent trop comme ceux qui n’en disent pas assez, les fanfarons, les peureux, les chasseurs, les outlaws, les trafiquamphres, les colons, les trappeurs, tous, tous, tous parlent de l’Ouest, ne parlent en somme que de l’Ouest.

L’or – 1925 -Blaise Cendrars

 

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Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl fhtagn.

Legrasse avait un point d’avance sur le Pr Webb, car plusieurs de ses prisonniers lui avaient révélé le sens de ces paroles qui peuvent se traduire comme suit :

Dans sa demeure de R’lyeh la morte, Cthulhu attend en rêvant.

La version complète étant :

Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu el Tr’ph’camphr eR’lyeh wgah’nagl fhtagn.

Dans sa demeure de R’lyeh la morte, Cthulhu le trafiquamphre attend en rêvant.

Lovecraft – 1928 – le mythe de Cthulhu

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Dictionnaire des orpherimes : On soulevait ici l’autre jour, et ici précédemment, la grave question des mots sans rime, belge, bulbe, camphre, clephte, dogme, goinfre, humble, meurtre, monstre, muscle, pauvre, quatorze, quinze, sanve, sarcle, sépulcre, simple, tertre et verste. Ce petit dictionnaire donnera chaque jour la définition d’un des mots nouveaux proposés, puisqu’il est bon que chaque mot ait un sens afin que chacun comprenne en l’entendant la même chose que ce qu’à voulu dire son interlocuteur. Quant aux citations, s’agissant d’illustrer des néologismes, le lecteur comprendra qu’il a été nécessaire d’améliorer nos sources. * à suivre, avec l’aide des collaborateurs bénévolontaires.

Ribambelge – Dictionnaire des orpherimes

Ribambelge : nom féminin – une ribambelge est une figure de style mettant en œuvre une accumulation de termes devant forcément avoir un rapport avec la Belgitude –

Cependant l’auteur d’une ribambelge n’est pas forcément belge, ce n’est pas interdit par l’Académie des Orpherimes.

Rime avec Belge – Tour de babelge

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Mais si Joseph Izo était devenu une grenouille de bénitier, que dis-je, un ptérodactyle de nef, un moustique de vitrail, un lézard d’autel, un ver de cierge, un piranha de Calice, une mite de chasuble  ……et cela continue page 184…

Dictionnaires des ribambelges et autres figures de styles – Patience Steinbock – 2017 à propos d’Izo de Pascal de Duve

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Mais venons en rapidement aux célèbres Ribambelges récentes : La ribambelge que je préfère est celle de Jean-Pierre Verheggen sur les poètes peuls, poètes méconnus s’il en est, que je vous invite à lire ou relire ici dans son intégralité :

Dictionnaires des ribambelges et autres figures de styles – Patience Steinbock – 2017

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Dictionnaire des orpherimes : On soulevait ici l’autre jour, et ici précédemment, la grave question des mots sans rime, belge, bulbe, camphre, clephte, dogme, goinfre, humble, meurtre, monstre, muscle, pauvre, quatorze, quinze, sanve, sarcle, sépulcre, simple, tertre et verste. Ce petit dictionnaire donnera chaque jour la définition d’un des mots nouveaux proposés, puisqu’il est bon que chaque mot ait un sens afin que chacun comprenne en l’entendant la même chose que ce qu’à voulu dire son interlocuteur. Quant aux citations, s’agissant d’illustrer des néologismes, le lecteur comprendra qu’il a été nécessaire d’améliorer nos sources. * à suivre, avec l’aide des collaborateurs bénévolontaires.

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L’aventure quotidienne des orpherimes aoûtiennes est terminée 😦

Il m’en reste quelques unes en stock (je vais essayer de prendre un rythme hebdomadaire …mais ce n’est pas gagné 🙂

 

L’arche ivre

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L’arche ivre 

 

Moi Noé, je voulais me voir dans la bible,

Je me suis efforcé de devenir bateleur :

Des animaux pour une armada invincible,

Je les aie convaincus sur un ton enjôleur.

 

Conscient de la rareté de cet aréopage,

Je mélangeais  flamands roses et faucons maltais.

Quand mes fils descendirent des doux alpages,

Nous embarquâmes avec les vaches qui meuglaient.

 

Quand les cordes du bord furent désamarrées,

Je tressaillis sous le roulement des éléphants,

Je frémis, encourageant la lune et ses marées

Pour que les pachydermes dorment comme des faons.

 

Le déluge mit à l’épreuve les couples légitimes.

Fragiles comme porcelaine, ils regardaient les hublots

Le roulis provoqua malaise et tout le toutim,

Quarante jours et nuits, ils devinrent bien falots !

 

Salée la mer nous infligea de cruelles morsures,

L’eau verte s’infiltrait, poudre de perlimpinpin

Les lagomorphes devinrent fous de leurs blessures

Serrés sans pouvoir se reproduire, pauvre lapins.

 

Ainsi nous voguions tels des guêpes qui essaiment

Portés par les eaux de l’océan fluorescent,

Ivres de couleurs, de sons, d’odeurs, de bohème

Ebahis,  le soleil nous manquait incandescent.

 

Que penser des rugissements et des soupirs ?

La ronde patiente,  vigilante des vautours,

Puis plus lancinant que  le chant de l’oiseau-lyre,

Retentit le caquètement de la basse-cour !

 

Je tendis le poing et lâchai une colombe

Et guettai craintif et à la fois plein d’espoir,

L’horizon  pourpre  avant qu’il ne succombe,

Et j’ai cru qu’il allait s’arrêter de pleuvoir !

 

Le scorbut rendit les animaux squelettiques,

Les jambes des girafes enflaient et flageolaient.

Pareils à des pantins démembrés, les moustiques

Voletaient comme des fantômes désemparés!

 

J’ai embrassé l’aurore verte évanouie,

Encensé les animaux avec des mots flatteurs,

Nous allions retrouver bientôt les terres enfouies,

Oh la la, je ne me savais pas si bon acteur

 

Mon amie réussit à éviter une mutinerie

Les animaux ballotés étaient dépressifs

Malgré ses arguments la rusée otarie (1)

Voyait l’Arche partir en lambeaux successifs !

 

J’ai décidé d’utiliser un puissant insecticide

L’équipage, devenu fou, réclamait poules au pot.

Hallucinations collectives, 16 pattes par arachnides

Sous le ciel trempé, tous travaillaient du chapeau.

 

J’ai vu un chat poète s’essayer au Parnasse

Il déclamait des vers français peu ragoutants

Me cherchant des poux dans la tignasse,

J’essayais de m’éloigner clopin clopant !

 

Trempé, je donnai mon canot pour une fournaise !

Sur les mats de l’arche frappaient les embruns

Des serpents-liane me donnaient malaises

Et m’incitaient à rendre mon repas prochain !

 

J’aurais voulu griller quelques dorades

Qui dans les flots  nous suivaient en chantant.

Des effluves à mon nez battaient la chamade

J’évitais une dernière vague le navire accostant

 

Un jour, apercevant  une frêle amazone,

Dont les doux yeux me séduirent  comme un hibou

J’enjambais la rambarde, foutues hormones

Dans l’océan je finis ma vie…. tel un caillou

 

Les autres participants sont chez Filigrane 

Il s’agissait de raconter une histoire bien connue de tous « à la façon de »…
le thème imposé : L’Arche de Noé
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Je n’ai pas totalement respecté la consigne puisque mon histoire « à la façon de » finit mal ….j’espère que Arthur R. me pardonnera 🙂
(1) Je recommande ce livre au passage « la revanche des otaries » de Vincent Wackenheim qui m’avait beaucoup fait rire lorsque je l’avais lu.
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La Toutebelle

le cirque bleu chagall

Marc Chagall – Le cirque bleu – 1950

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La Toutebelle

Sous le chapiteau-forteresse, la Toutebelle
flirte avec le firmament
Sur son trapèze, le rayon bleu la captive
l’arrête, la relâche, ample mouvement de balancier.
Plus légère qu’une bulle
de champagne, de savon, la funambule
déplie ses membres dans la nuit.
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Sous la géode des étoiles, son amie la lune sourit
et l’encourage d’un clin d’oeil.
Souplesse de chat, la Toutebelle a sept vies,
Oiseau sur la branche, écho subtil
La petite fée illumine son palais de paillettes.
Son justaucorps pourpre souligne son ventre
et ses seins en leur aurore
Bouche concentrée, joues rosissantes,
Cheveux couleur châtaigne ondoyant dans le courant.
;
Le coq se prend pour le hibou et hulule
Il répond au trapèze-crécelle
La Toutebelle réussit un saut périlleux
traverse le fond de l’air, passe sous le feu du miroir
se rétablit…..in extrémis….
Le trapèze la récupère, la porte, la soutient.

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Tout en bas, la jument s’inquiète :
Pesanteur, balançoire et atterrissage sans heurts
Son orchidée est si fragile, son coeur se serre :
Le fil de la vie est un jeu de dé.
Les yeux noyés de pleurs, elle guette dans ce brouillard,
Une goutte de sueur glissant comme la rosée,
annonçant la fatigue des muscles.
Elle admire la splendeur de la jeune liane hors de sa forêt,
La sirène hors de l’eau s’épanouit
Comme un poisson hors de l’étang.

jeudi-poesie

Les mots étaient au nombre de 50 au départ et  40 à l’arrivée : ici

Plumes à Jokullsarlon – juillet 2015

JOKULLSARLON
Trois glaciales – mais néanmoins belles – journées de 4X4 nous ont bercés, chahutés et finalement conduits dans la baie de Joküllsarlon, littéralement « lagune des glaciers », plus prosaïquement, pays des glaçons éternels. L’eau, toujours agitée, apporte un souffle givré du glacier Vatnajökull, un air pur que nous respirons à petite gorgées, bien emmitouflés dans une chapka en peau de lapin synthétique  (7 degrés et vent du nord – on est bien peu de chose le nez rougi par le froid).
Cette baie fermée lâche, dans l’océan tout proche, de minuscules icebergs ou de gros glaçons, c’est selon.
Dans la foule de touristes, le poète peut alors s’abstraire du brouhaha. De la poudre de neige volette et fugue comme  les plumes d’un oiseau. Difficile d’imaginer un lieu si bleuté dans le vert de l’Islande…
Un manuscrit islandais du XVIIIème raconte l’envolée d’Odin sur son destrier à huit jambes, Sleipnir. Odin est un dieu polymorphe, dont le nom signifie fureur, esprit et poésie. Il n’est pas le dieu de la guerre mais celui de la victoire.
Ce livre raconte qu’un jour, Odin en voyage avec ses deux frères, trouva deux arbres couchés le long de la mer, arbres à qui ils auraient donné la vie  et qu’ils auraient changé en homme et en femme, Ask et Embla. Ces deux auraient partagé leur couche et engendré la population islandaise.
Odin monte Sleipnir – celui qui glisse rapidement – et parcourt les neufs mondes. Le cheval selon la légende serait le fils d’un Dieu et d’une jument et serait capable de traverser les enfers et de duper sa première gardienne Modgud. Dans ses nombreuses cavales, Spleinir aurait changé plus d’un destin ..
A la fin du rêve éveillé et d’une promenade le long d’une plage jonchée de glaçons qui fondent au soleil, nous regagnons notre doux nid et quittons les lieux pour Vik. Rencontrons nous un viking ou Sleipnir ?
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Les mots collectés par Asphodèle
belle, gardien, lapin, destin, envolée, fermer, souffle, partage, quitter, s’abstraire, voyage, cavale, réchapper, chose, respirer, poète, nid, rêve, vie, doux, fugue, oiseau, imaginer, balles, poudre,  bercé.
Et pour lire le texte initial de Hervé Le Tellier c’est ici

Aujourd’hui , ce qu’il en restera dans un an – 21 mars

En partant de Nouvelle-Valédonie et en allant six mois vers l’ouest, vous arriverez en Ponylésie, un archipel avec soixante îles sous le vent. Les arbres y sont considérés comme des dieux  vivants, les sentiers serpentent gentiment entre goyaviers et flamboyants. Le matin, les colibris font  bruisser leurs ailes, tout doucement.
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Tous ces arbres et ces oiseaux, le voyageur les connaît déjà pour les avoir vus aussi dans d’autres îles. Mais le propre de celle-ci est que, si l’on y arrive un soir de juillembre (1), on peut y voir sortir les ponys qui donnent le nom à ces îles. Ils sortent à la tombée de la nuit.
Des ponys, mi-chevaux-mi-colibri, qui alternent tölt (2) et amble. Les scientifiques s’interrogent encore : comment le tölt islandais a-t-il émigré si loin ? Entre les étoiles qui illuminent leurs danses et le soleil couchant qui lave la mer, nul doute que vous serez heureux en Ponylésie  !
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Valentyne Dada – Les îles invisibles
 :
D’après Italo Calvino – Les villes invisibles sur Zazipo
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(1) l’arrache-cœur Boris Vian
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366 réels à prise rapide (les règles sont ici)

1. écrire sur le vif : OK écrit aujourd’hui

2. pas plus de 100 mots : 150 mots

3. éléments réels de la journée : KO

4. suivre la consigne de la date : OK (je suis partie aujourd’hui donc 6 mois pour l’aller et six mois pour le retour : rendez vous dans un an)