La disparition de Jim Sullivan – Tanguy Viel

Est ce qu’au fond de lui il sait déjà qu’il va la détruire? Non, ce n’est pas possible, n’est-ce-pas, on ne peut pas se mettre au volant d’une voiture et se dire déjà, consciemment, qu’on va la détruire, sous prétexte qu’une pensée en lui, une seule pensée en lui est allée vers ça, parmi cinquante pensées possibles de lui au volant de sa Dodge Coronet blanche, et dans toutes ces pensées, il choisirait celle où il va partir dans le fossé, où il va donner un coup de volant pour aller dans le fossé, non, bien sûr que non , il ne se dit pas ça consciemment.
Au contraire, consciemment il se met au volant et il se concentre, il accélère doucement, très doucement et il se dit que c’est juste comme d’habitude, et d’une certaine manière c’est vrai, elle accélère et elle freine comme d’habitude, avec les cent vingt chevaux à l’arrière, se dit-il, comme d’habitude, se dit-il, mais s’il commence à penser à ça, se dit-il aussi, alors il est foutu, parce qu’alors c’est comme si il était poursuivi par une horde en furie qui lui dit que ce n’était pas lui qui décide, mais eux, les cent vingt chevaux, les cents vingt pur-sang qui galopent juste derrière lui.
Lui, donc, dans son cerveau ça a fait ça, ça a cogné bizarrement, de sorte que les pur-sang derrière, il a eu l’impression qu’ils le rattrapaient, qu’ils allaient lui passer dessus, il a eu cette impression très vive dans la ligne droite, qu’il fallait qu’il accélère parce qu’ils allaient lui passer dessus et le piétiner, et que plus il accélérait plus ils s’encoléraient juste derrière lui. Il a essayé de dire des choses, il a essayé de se dire qu’il faudrait ralentir un peu, là mais lui, l’autre en lui qui conduit ne lui répond pas, il ne sait même pas s’il l’écoute à ce moment là, il entend seulement les chevaux enragés qui lui collent au train et qui piétinent son cerveau, et alors je ne sais pas s’il accélère encore mais c’est sûr qu’il ne ralentit pas, que peut être le compteur, il marque quelque chose comme cent vingt ou cent trente miles, et bien sûr la ligne droite à un moment c’est très clair, elle va s’arrêter d’être une ligne droite.

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La disparition de Jim Sullivan  – Tanguy Viel

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Sur une idée de Chiffonnette

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Le Nano continue ….début dernière semaine

Bonjour à tous

Voici un petit billet après 24 jours de Nano

Une semaine riquiqui de 5 689 mots sur 7 jours (je n’ai même pas osé faire la moyenne journalière)  ce qui m’amène à 21 008 mots (alors que l’objectif initial était de 50 000 mots sur novembre)

j’ai été un peu à court d’inspiration et puis j’ai eu le tort de relire ce qui était déjà écrit ……et là j’ai crié ,non j’ai pas pu écrire ça …..  

A la semaine prochaine 😉 Le wombat contInue cependant…..;-) 😉

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Harry Potter à l’école des sorciers – JK Rowling

A trois heures et demie, cet après-midi-là, les élèves de Gryffondor sortirent dans le parc pour se rendre sur le lieu de leur première leçon de vol. Le ciel était clair et les vastes pelouses ondulaient sous une faible brise. Le terrain se trouvait du côté opposé à la Forêt Interdite dont on voyait les arbres se balancer au loin.

Les Serpentard étaient déjà là, ainsi qu’une vingtaine de balais soigneusement alignés sur le sol. Harry avait entendu Fred et Georges se plaindre de la qualité des balais de l’école qui se mettaient à vibrer quand on volait trop haut ou qui tiraient un peu trop à gauche.

Madame Bibine, le professeur de vol, arriva bientôt. Elle avait des cheveux courts et gris et des yeux jaunes comme ceux d’un faucon.

– Alors, qu’est-ce que vous attendez?aboya-t-elle. Mettez-vous chacun devant un balai. Allez , dépêchez-vous !

Harry jeta un coup d’œil à son balai : il était vieux et pas en très bon état.

– Tendez la main droite au-dessus du balai, ordonna Madame Bibine, et dites : « Debout »

– Debout ! crièrent les élèves à l’unisson.

Le balai de Harry lui sauta aussitôt dans la main, mais ce fut un des rares à le faire. Celui d’Hermione Granger fit simplement un tour sur lui -même et celui de Neville ne bougea pas. Les balais étaient peut-être comme les chevaux, songea Harry, quand on avait peur, ils le sentaient et le tremblement dans la voix de Neville indiquait clairement qu’il aurait préféré garder les deux pieds sur terre.

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Harry Potter à l’école des sorciers – JK Rowling

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Sur une idée de Chiffonnette

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Danse Noire – Nancy Huston

dansenoire

Dans ce roman, Paul Schwarz nous emmène, la caméra sur l’épaule pour suivre trois destins qui s’entremêlent, se croisent, se rejoignent pour mieux s’éloigner. Le premier est celui de Milo, son ami et amant. On n’entendra pas la voix de Milo car celui-ci est sur un lit d’hôpital, inconscient, en train de mourir du sida. Mais à la fin de ce roman , j’avais l’impression de connaître l’essentiel de la vie de Milo. Et j’ai admiré ce petit garçon puis cet homme. Il est le fils de Awinita une indienne du Québec et de Declan Noirlac, fils d’un émigré irlandais, Neil Kerrigan. C’est ce Neil Kerrigan, admirateur de Joyce et de Yeats, la troisième voix du roman.

Le lecteur suit donc de façon semi-chronologique trois destins en parrallèle :

Neil, le grand père de Milo, évoque son Irlande natale en 1918 puis son émigration au Québec du fait de l’oppression britannique, il change de nom pour prendre un nouveau départ. C’est un homme qui aurait voulu être écrivain et qui se retrouve père de famille nombreuse.

Awinita, est la mère de Milo en 1951, juste avant la naissance de celui ci. Nancy Huston dresse  un portrait de femme émouvant, qui essaie désespérément de se sortir de sa condition d’indienne miséreuse.

Et enfin Milo qui battu, maltraité, de foyer en foyer, finira par se trouver une famille, et une passion, il sera sauvé à la fois par son grand père, Neil, et par la danse brésilienne ou capoeira, par l’écriture aussi.

Il s’agit donc de suivre trois personnages à trois époques très différentes, en Irlande dans les années 1910, au Québec au début des années 50 et enfin de nos jours aux USA et Brésil. Le contexte historique est également bien retranscrit.

C’est un livre remarquable, où le rythme de la danse entraîne le lecteur pas à pas. Il est à la fois tendre, triste et plein d’espoir. Et la voix off de Paul Schwarz, sur ce que fut la vie de Milo, d’Awinita et de Neil y est pour beaucoup.

Ce roman a été écrit par une romancière et cinéaste Nancy Huston que je n’avais jamais lue (Elle est canadienne, vit à Paris depuis de nombreuses années). J’ai eu maintes fois l’impression de visionner le futur film. (que j’aimerais voir s’il sort un jour)

Un petit extrait (page 157) sur le départ de Neil pour le Québec

A Liverpool, se servant de l’argent et des connexions de son père pour, il l’espère, la dernière fois, Neil se fait faire de faux papiers.
– Neil Noirlac, dit il au propriétaire de l’imprimerie clandestine.
– Un nom français que vous voulez , c’est ça pour aller vivre au Canada français?
– Exactement. Je me suis contenté de prendre le nom de ma ville natale et de l’exagérer un peu. Dublin en gaélique c’est étang sombre, alors que Noirlac en français signifie Lac Noir.
– Ah, je vois . Un peu comme si on prenait Liverpool et qu’on le gonflait jusqu’à ce qu’il devienne Cirrhoselac?

Merci à Price Minister pour ce livre qui m’a enchanté
Comme le principe de ces matchs de la rentrée littéraire est de mettre une note, je mets 18/20 (j’ai mis 4 étoiles sur Babelio)
Ce livre a failli être un coup de coeur et rate le 5 étoiles de peu, plus de mon fait d’ailleurs que du livre en lui même. En effet il y a de nombreux passages en anglais (qui sont traduits en bas de pages) mais cela a un peu gênée dans ma lecture.

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Ce livre peut s’inscrire dans le challenge francophone de Denis

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Le Nano continue ….début troisième semaine

Bonjour à tous

Voici un petit billet après 17 jours de Nano

Lundi : 1900 mots, première fois que j’atteint le quotat journalier (normal pour un jour férié sans grand chose à faire par ailleurs)

Mardi : 600 mots ce qui est pas mal pour un jour de boulot

Mercredi : 1500 mots dont une parodie de 500 mots sur la célèbre tirade du nez de Cyrano : je me demande si c’est de la triche d’ailleurs 😉 

Jeudi : 0 mots pour le nano mais j’ai écrit une lettre de quatre lignes  qui m’a fait très plaisir :  j’ai donné ma démission à mon employeur actuel. J’ai trouvé un autre boulot qui j’espère sera plus épanouissant …..
Vendredi : 500 petits mots ….
Samedi :   1500 mots
Dimanche : 1319 mots (là aussi pas mal de mot autour d’une parodie d’un poème célèbre, j’en reparle…)

soit en tout :  7319 mots 

A la semaine prochaine 😉

Ce qui en plus des  8000 mots des dix premiers jours m’amène à 15 319 (donc très loin de l’objectif de 28 339 mots pour 17 jours).

Le wombat contInue cependant…..;-) 😉

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La conjuration des imbéciles – John Kennedy Toole

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L’histoire en quelques mots : Ignatius Reilly est un imbécile. Il a 30 ans, n’a jamais rien fait de ses dix doigts, il vit chez sa mère qu’il maltraite (psychologiquement). Il grogne, rote, a des opinions tranchées sur tout et un ego démesuré. En plus il est antipathique ! L’anti-héros par excellence.

Sa mère a de plus en plus de mal à joindre les deux bouts et le force à trouver un travail. Il est donc embauché aux Pantalons Levy, une entreprise en débâcle (le dirigeant ne s’en occupe pas car il déteste cette entreprise, œuvre de son père). Le lecteur suit donc les premiers pas de ce Reilly dans le monde du travail….

J’ai un avis très mitigé sur ce livre, car même si j’ai ri deux ou trois fois, ce livre n’a QUE des personnages antipathiques (même la mère de Reilly que j’ai un peu apprécié au début est rapidement antipathique) et sur 600 pages c’est long.

De bons passage cependant, et une histoire assez intéressante (suspens sur les activités illicites qui se déroule dans le bar), on suit la rédaction d’une lettre qui va mettre le feu au poudre mais les monologues d’Ignatius Reilly sont vraiment longs et lassants.

J’ai apprécié certains dialogues, le côté absurde des raisonnements de Reilly, les réflexions du balayeur du bar, le rôle d’un certain perroquet…..

En conclusion : Une critique assez féroce de la société américaine dans les années cinquante (même si le livre a été publié en 1980 il a été écrit en 1959), qui ne m’a pas emballée ;-(

Un extrait : un dialogue entre Mr Levy le patron des Pantalons Levy et Mme Levy suite à une pseudo révolution que Reilly a organisé aux Pantalons Levy (page 208)

– Comment savoir ce qui lui est passé par la tête ? il veut que je vire le type qui lui a renversé ses plantes et puis encore un autre qui lui a tailladé son écriteau. Il dit que les ouvriers de l’atelier sont des malfrats qui n’ont pas de respect pour lui. Il dit qu’ils veulent sa peau. Je vais donc aller à l’atelier pour parler avec Palermo, qui n’est évidemment pas là, et qu’est-ce que je trouve ? tous les ouvriers ont des briques, des bâtons, des chaînes- y’en a partout ! ils sont tous dans tous leurs états et ils me racontent que ce gars, Reilly, c’est lui le gros chameau, leur a dit d’apporter tout ça pour attaquer le bureau et filer une volée à Gonzalez.

– Quoi ?

– Il n’arrêtait pas de leur répéter qu’ils étaient sous-payés et surexploités.

– Je suis bien d’accord avec lui, dit Mme Levy. Hier encore Susan et Sandra m’ont écrit à ce propos. Leurs petits copains, à la fac, leurs ont dit qu’à les entendre parler de leur père – toi – on aurait dit un planteur vivant de l’esclavage. Elles sont dans tous leurs états, comme tu dis. Je voulais t’en parler mais j’ai eu tellement d’ennui avec ce nouveau sèche-cheveux que ça m’est sorti de l’esprit. Elles veulent que tu augmentes les salaires de ces malheureux, sans quoi elles ne reviendront plus à la maison.

–  Non mais, elles se prennent pour qui, ces deux-là !

– Elles se prennent pour tes filles, au cas où tu l’aurais oublié. Elles ne te demandent qu’à pouvoir te respecter. Elles disent que tu devras améliorer les conditions de travail et les salaires de tes employés, sinon elles ne remettront plus les pieds à la maison.

–  Alors ça y est c’est les gens de couleur qui les intéresse tout d’un coup ? Fini les petits gommeux, déjà ! Ils n’ont pas tenu longtemps !

– Et voilà ! Tu attaques tes propres filles une fois de plus. Tu vois ce que je te disais ? C’est pour ça, que moi non plus, je ne peux pas te respecter. Si l’une de tes filles était un cheval et l’autre un joueur de base-ball, tu serais aux petits soins pour elles.

– Si l’une était un cheval et l’autre un joueur de base-ball nous serions dans une meilleure situation ! elles nous rapporteraient de l’argent !

Livre lu dans le cadre d’une LC avec Noctenbule pour le  mois américain

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Challenge « romans cultes » de Métaphore

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et challenge à tous prix de  Laure repris par Asphodèle car ce livre a reçu le Pulitzer en 1981

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Hélène Grémillon – Le confident

Moustique, c’était le type au sourire grivois. Le jour où j’avais commencé mon travail à la poste, il m’avait proposé une chambre, son meilleur ami qui la louait avait été fait prisonnier, il voulait bien l’attendre, mais il avait besoin d’argent. Je n’aurais qu’à partir le jour où il reviendrait. Mais ces  trois années étaient passées sans qu’il revienne et sans que ni Moustique, ni moi ne trouvions à redire à la situation. Il était bordélique, moi maniaque. Au lieu de nous disputer, je rangeais son désordre et lui en mettait un peu dans ma vie, j’étais trop timoré pour le faire moi-même. C’est toujours par lui que j’ai rencontré mes petites amies. C’était comme si on n’habitait pas la même ville, moi je ne voyais pas les jolies filles, lui on aurait dit qu’il les créait. La moindre de ses conquêtes était charmante, et pour ma plus grand chance, avaient des amies qui l’étaient tout autant. Il y a des gens qui sont doués pour ça , pour dégoter la beauté partout où ils sont. Quand je lui demandais où ils les rencontraient, il me répondait toujours, « sous le sabot d’un cheval ». Depuis la mort de la mère d’Annie, j’avais du mal à supporter cette expression mais j’avais beau lui dire, il oubliait toujours. Il n’était pas méchant, Moustique il était comme ça.

– Tu vois, sous les sabots des chevaux, on en trouve beaucoup mais pas des comme elle. Je comprends maintenant pourquoi les miennes tu ne les voyais pas.

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Hélène Grémillon – Le confident

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Sur une idée de Chiffonnette

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Le Nano continue ….

Bonjour à tous

Voici un petit billet après 10 jours de Nano

Lundi : 555 mots j’ai écrit l’épilogue (l’avantage d’avoir fait un plan est que j’écrit dans le désordre) et puis écrire la fin m’aide à me motiver.Mardi : j’ai poursuivi le compte à rebours et écrit un bout du chapitre 23 intitulée « la mariée » 534 mots

Mercredi : en théorie plein de temps car je ne travaille pas ce jour là mais à peine 1019 mots. J’ai eu du mal avec le personnage de l’inspecteur de police (pas de dialogues satisfaisants , j’ai donc décidé de supprimer ce personnage secondaire)
J’ai lu aussi cet article  sur   les quatre types d’histoire qui sont respectivement « Milieu », « Idée », « Personnage », « évènement » et maintenant je cerne mieux mon type d’histoire qui est sans conteste de type « Personnage »
Il s’agit d’une histoire autour d’une jeune fille et de son évolution.
Jeudi : quelques lignes entre midi et deux :450 mots
Vendredi : j’ai atteint un record : zéro mot, grosse fatigue….
Samedi : en forme pour le WE : 1478 mots. Une scène pas trop mal avec mon héroïne et sa soeur
Dimanche : 1205 mots

soit en tout : 4 222 mots (le Wombat continue….) A la semaine prochaine 😉

Ce qui avec les 4100 mots et des poussières m’amènent à un peu plus de 8000 mots (donc très loin de l’objectif de 16 667 mots pour 10 jours). J’ai totalement surestimé ma capacité d’écrire après le boulot ;-(

Le wombat contInue cependant…..;-) 😉

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Le premier homme – Albert Camus

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Ce roman, inachevé, a été écrit en 1960. Albert Camus est mort dans un accident de voiture avant d’avoir pu le finir. Sa fille a choisi de le faire éditer tel que en 1994 (avec des notes, des renvois de pages, des mots entre crochets car illisibles)

C’est un formidable document à la fois sur la vie (et surtout l’enfance) d’Albert Camus et aussi son processus d’écriture. Les notes de bas de page et les annexes m’ont autant intéressée que le roman en lui même.

C’est un superbe hommage de l’auteur à son père (qu’il n’a pas connu car celui ci est mort dans les tranchées de la guerre 14 -18 alors qu’Albert n’était qu’un bébé), un hommage à sa mère à moitié sourde, à sa grand mère, à son oncle……et aussi à Mr Germain, instituteur qui lui donne confiance en lui et lui transmet aussi le goût d’apprendre.

D’une famille très pauvre à Alger, grâce aux siens et à Monsieur Germain, Jacques parvient à aller au lycée……Il nous raconte la misère, le soleil d’Alger, les copains, les bagarres, le foot ;;;;..et nous fait part de ses interrogations sur ce père qu’il voudrait tant connaître et qu ‘il cherche à rencontrer dans les souvenirs de ses contemporains ..mais quarante ans après plus aucune trace de lui….

Il a été très difficile de choisir un passage parmi la dizaine que j’ai notée :

C’est à ce moment qu’il lut sur la tombe la date de naissance de son père, dont il découvrit à l’occasion qu’il l’ignorait. Puis il lut les deux dates « 1885-1914 » et fit un calcul machinal : vingt-neuf ans. Soudain une idée le frappa qui l’ébranla jusque dans son corps. Il avait quarante ans. L’homme enterré sous cette dalle , et qui avait été son père, était plus jeune que lui.
Et le flot de tendresse et de pitié qui d’un coup vint lui emplir le coeur n’était pas le mouvement d’âme qui porte le fils vers le souvenir du père disparu, mais la compassion bouleversée qu’un homme fait ressent devant l’enfant injustement assassiné – quelque chose ici n’était pas l’ordre naturel et à vrai dire, il n’y avait pas d’ordre mais seulement folie et chaos là où le fils était plus âgé que le père. La suite du temps lui-même se fracassait autour de lui immobile, entre ces tombes qu’il ne voyait plus, et les années cessaient de s’ordonner suivant ce grand fleuve qui coule vers sa fin. (P 34)

Livre lu dans le cadre de la LC autour d’Albert Camus organisé par Denis du blog Bonheur de lire

J’ai choisi ce livre par curiosité suite à une remarque d’un collègue qui m’a dit avoir abandonné sa lecture du fait que le roman soit inachevé : « écriture lourde où il manque de la ponctuation, pas très construit…. »

Je n’ai pas du tout ressenti cette « lourdeur » ….. un livre magnifique sur l’enfance mais aussi les réflexions d’un homme mûr.

Je le recommande

Sylvia Plath – La cloche de détresse

Pour la première fois de ma vie,je me suis sentie comme superficielle, assise au coeur de l’ONU insonorisée, entre Constantin qui savait jouer au tennis et traduire simultanément et la fille russe qui connaissait tant et tant d’idiomes. Le problème était que cela faisait longtemps que je ne servais à rien, et le pire, que ce n’était que maintenant que je m’en rendais compte.
La seule chose pour laquelle j’étais douée, c’était de gagner des bourses et des prix, mais cette ère-là touchait à sa fin.
Je me sentais comme un cheval de course dans un monde dépourvu d’hippodromes, ou un champion de football universitaire parachuté à Wall Street, ses jours de gloire réduit à une petite coupe en or posée sur sa cheminée avec une date gravée dessus comme une pierre tombale.

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Sylvia Plath – La cloche de détresse

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Sur une idée de Chiffonnette

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