Le sport des rois – C.E Morgan

De la fin des années 40 au début des années 2000 : Kentucky-Ohio

Nous faisons la connaissance d’Henry quand il a 10 ans. Il a fait une grosse bêtise et son père lui flanque une correction mémorable, devant un employé (noir) du ranch.
Six ans plus tard, Henry est devenu un jeune homme qui déteste son père et qui se venge de façon ignoble de ce même employé de son père … la vengeance est un plat qui se mange froid … qu’est-il advenu du petit garçon de dix ans ?
Cette famille est une famille typique de Sud dans les années 50. La ségrégation est pour eux tout à fait nécessaire et voir des noirs pendus au arbres ne leur fait ni chaud ni froid. « L’homme blanc est selon eux supérieur » et les noirs juste bons à rester serviles et être traités comme du bétail.
L’histoire se poursuit ensuite avec la jeunesse de la fille d’Henri, Henrietta.
A la fin de la première partie elle a environ 25 ans, elle dirige l’écurie de courses avec son père et rencontre, lors d’un entretien d’embauche, Allmon, un jeune homme noir, qui dit s’y connaître en chevaux, il sort de prison.
La deuxième partie raconte l’histoire de ce jeune homme à Cincinnati Ohio depuis ses quatre ans jusqu’au début de son séjour en prison. Les parties suivantes reviennent sur Henrietta et Allmon au début des années 2000.

Voici pour les personnages. Pour le style c’est âpre, rude, direct…La vie n’a pas été facile pour Henrietta (ni pour Allmon) et l’on se prend à espérer que ces deux là vont pouvoir se libérer de leurs chaînes respectives … mais peut on se libérer d’une enfance maltraitée…

Pour tout dire, je m’attendais à un livre autour des champs de courses un peu comme « Le paradis des chevaux » de Jane Smiley… Pour ceux qui l’ont lu, l’aspect « courses de chevaux » est presque secondaire ; le livre est plus proche de My absolute Darling de Gabriel Tallent (parfois insoutenable…mais très bien écrit)

Challenge African-american Histoy month chez Enna 

Que lire un 29 février ?

Mais à l’automne 1922, la chance tourna enfin. Un jour où j’errais dans les champs, le gardeur de cochon me héla :
– Eh bien, petit, quand vas-tu à l’école ?
– Le 30 février à minuit ! répondis-je avec mon habituelle insolence.
– Tu n’as pas encore eu d’amende ?
– Moi ? Pourquoi donc ?
– Pas toi. Je veux dire la tante Rozika.
– La vieille ? Mais pourquoi aurait-elle une amende ?
– Parce qu’elle ne t’envoie pas en classe.
Je dressais l’oreille aussitôt.
– Est-ce qu’on punit les gens pour ça ? demandai-je en essayant de cacher mon trouble.
– Bien sûr. Les enfants doivent aller à l’école.
– Même les enfants pauvres ?
– Mais oui. Les enfants pauvres, les enfants riches, c’est tout pareil aux yeux de la loi.
J’avais du mal à comprendre.
– Tout pareil ? répétai-je stupéfait c’est vrai, oncle János ?
Le vieillard me regarde avec surprise.
– Ça t’étonne tant que ça mon petit ?
– Je ne le savais pas, murmurai-je.
Et mon cœur se mit à battre comme s’il allait éclater dans ma poitrine.
– Et bien au revoir, oncle János.
Là-dessus, je tournai les talons et je m’enfuis en courant. J’étais tout étourdi de joie devant ces révélations imprévues.

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L’enfant du Danube – Janos Székely

Que lire un 28 février ?

– Voilà donc : le mois prochain sera un mois sans lune.
– Tiens ! Tiens !
– Un mois, entendons-nous, dans le courant duquel l’astre n’atteindra jamais sa plénitude. Février est un mois court. Il y aura une pleine lune juste avant le premier, et une autre tout de suite après le 28… donc pas de pleine lune en février.
– Est-ce une circonstance qui se reproduit chaque année ? demanda Gascoigne, amusé.
Lydia, le visage détourné, répondit en passant discrètement le doigt sur une moulure :
– Pas du tout. Le phénomène est très rare.
– La rareté étant un signe de valeur, n’est-ce pas ? Ou plutôt de danger ?…
Elle rectifia l’alignement de la pendulette :
– Cela n’arrive qu’une fois tous les vingt ans.

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Les luminaires – Eleanor Catton

1974 – David Peace

Yorkshire, 1974. Clare, une petite fille de dix ans disparaît.
L’enquête est vue non pas du point de vue de la police mais du point de vue d’un journaliste, Edward Dunford, qui est le narrateur.
La première partie (les trois quarts du livre) m’a plu, les personnages sont nombreux mais bien définis. L’action se passe entre le 12 décembre 1974 jour de la disparition de Clare et le 22 décembre « résolution de l’enquête » dans le nord de l’Angleterre.
Au début il y a deux enquêtes, celle du narrateur, et celle autour d’un scandale politique de détournement de fonds menée par Barry, un autre journaliste. Les deux enquêtes finissent par se rejoindre.
Le dernier quart du livre tombe dans une violence éprouvante et dans la confusion, il est difficile de comprendre les événements qui s’enchaînent très vite. J’ai eu du mal à croire que la police pouvait être si pourrie.
Malgré des qualités de cet auteur, je ne lirai pas la suite de cette tétralogie 1977, 1989 et 1983 (beaucoup trop violent pour moi).

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Inngamnic a lu cette tétralogie et en parle ici

Une citation sur Babelio

Le mois du polar est chez Sharon

Que lire un 23 février ?

– Suffit, mademoiselle, dit Fauna. Vous voyez cette étoile d’or surmontée d’une autre étoile ? Cette jeune personne a épousé un professeur de Stanford. Il a au moins un million de livres. Et vous savez ce qu’elle fait si quelqu’un lui montre les livres en disant : « Les avez-vous tous vus ? » Elle se contente de sourire d’un air mystérieux. Et quand on lui pose une question, vous savez ce qu’elle fait ? Écoute-moi bien, Suzy. Elle répète les trois derniers mots de la phrase qu’elle a entendus comme si elle les avait pensés. Même son mari croit qu’elle sait lire et écrire. Doc n’a pas besoin d’une femme aussi savante que lui. Si tu en savais autant que lui, de quoi pourrait-il te parler ? Laisse lui sa supériorité. »
Becky dit :
« Pensez-vous, elle aime bien trop parler.
– Faudra qu’elle apprenne à la boucler, ou sans ça elle n’aura pas d’étoile, dit Fauna. Je vais faire ton horoscope, bonne idée. Quand es-tu née, Suzy ?
– Le 23 février.

– À quelle heure ?

– Qui sait ? En tout cas, c’était une année bissextile. »
Agnès dit « Elle a dû naître la nuit, ça se voit tout de suite. »
Fauna alla dans sa chambre, revint avec une carte du ciel qu’elle épingla au mur puis elle prit sa règle et montra : «Te voici. Poissons »
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Tendre jeudi – John Steinbeck 

Résultat du jeu d’hiver (sous la neige)

Bonjour à tous 😉

Telle Alice, je suis en retard pour les résultats du jeu de l’hiver. Et voici le quinté gagnant

1- Gibulène

2- Kathel

3- Philippe

4- Adely (Lecture parent et enfants)

5- Edualc

Lydia a deux points près a la place la plus difficile (la 6ème)

 

Que les gagnants lèvent le doigt et m’envoient leur adresse postale par messagerie privée pour que je leur envoie leur petit cadeau 🙂

Bonne semaine à tous 🙂

Que lire un 19 février ?

Mais alors : que fait en ce moment le portrait de son frère sur sa table de nuit ? Chloe Trías est sûre de ne pas l’avoir sorti de son étui rouge, elle ne le fait jamais, et pourtant Eddie est là, il la regarde avec le même sourire que celui qu’elle essaye si souvent devant la glace pour lui ressembler. Silencieux, Eddie engoncé dans la combinaison de cuir de son père, les manches nouées à la taille, souriant, sans savoir que dans quelques minutes il sera mort.
« Raconte-moi une histoire, Eddie, ne t’en va pas, reste avec moi », voilà ce qu’elle aurait dû lui dire ce soir-là, mais elle n’a rien dit, et Eddie a enfourché la 1 100 cm³ pour partir à la recherche d’histoires ; parce qu’il n’avait que vingt-deux ans et qu’il ne lui était encore rien arrivé qui soit digne d’être raconté.
– Et si le temps passe et si, devenu vieux, tu n’as toujours rien trouvé qui vaille la peine d’être transformé en littérature, Eddie ?
– Alors, Clo-Clo, il ne me restera plus d’autres solutions que de tuer quelqu’un ou de lui voler son histoire, a-t-il répondu, et il n’est jamais revenu.

On entend de nouveau un brouhaha de voix dans l’escalier et beaucoup de bruit. Chloe décide de se lever pour voir ce qui se passe, mais le fait très lentement. C’est vrai, pense-t-elle, pourquoi se presser, il ne se passe jamais rien. Et, elle a tout à fait raison. Depuis ce 19 février et jusqu’à maintenant, il ne s’est rien passé. Absolument rien, merde.

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Petites infamies – Carmen Posadas

Que lire un 18 février ?

Le majordome ne jurait que par l’armée ; aussi jouait-il aux petits soldats avec nous. Chaque matin, il nous faisait aligner pour nous passer en revue. Les boutons de cuivre de nos uniformes rouges devaient briller comme des miroirs, et malheur au mécréant dont le pantalon n’avait pas un pli impeccable. Notre chevelure devait obéir au « règlement» : nous portions la raie de côté et les cheveux collés avec de l’eau ou de la pommade. Au commandement, nous présentions nos mains pour l’inspection des ongles ». Le majordome examinait aussi nos oreilles et notre cou ; il allait même jusqu’à nous renifler comme un chien avec la farouche détermination de dépister l’odeur de sueur.
Un jour, en arrivant à moi, il se mit tout à coup à hurler :
– Qu’est-ce que c’est que ces souliers là ?
Je ne savais que répondre. Pouvais-je lui dire que c’étaient les souliers du maître d’école et que j’avais traversé l’enfer pour les acquérir ? Qu’à cause d’eux, j’avais été jeté en prison, frappé à coups de crosse et chassé de mon village ? Que j’avais dû quitter l’école par la faute de ces maudits godillots ?
Il y eut un silence terrifiant. Le majordome me fusillait du regard, attendant ma réponse. J’avais l’impression que le monde allait s’écrouler.
[…]
– Maman, lui dis-je, j’ai bien peur de perdre ma place.
– Et pourquoi donc ?
– Le majordome n’aime pas mes souliers.
– Qu’est-ce qu’il leur reproche ?
– Je ne sais pas. Ils étaient assez bons pour le maître d’école ; et Dieu sait qu’il vaut mieux, dans son petit doigt, que le majordome dans toute sa personne, monocle et tout.
Cette nouvelle ne parut guère émouvoir ma mère.
– Eh bien, s’il le faut absolument, dit-elle, nous t’achèterons une paire de souliers.
Je n’en croyais pas mes oreilles.
– Et le loyer ?
– Si le portier dit vrai, tu rattraperas le prix des souliers en deux ou trois jours.
–Tu as raison, ma foi. Je n’y pensais pas. J’étais fort soulagé.
Le lendemain, je coupai à l’école d’apprentissage et accompagnai ma mère pour acheter une paire de chaussures. Ce fut une grande date dans ma vie. J’ai sous les yeux mon petit calepin. J’y avais inscrit, dans la colonne du « Doit » : « 18 février 1928 : dû à ma mère, une paire de souliers : 7 pengoe 20. » Et au-dessus : «Pas de chaussures d’occasion. De vrais souliers neufs. »
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L’enfant du Danube – Janos Székely –  Page 254 – 256

Au revoir là haut – Pierre Lemaître

Roman lu en Audiolivre (lu par l’auteur)

Vu le nombre d’articles et d’avis qui existent sur ce livre, forcément je pensais que je connaissais l’histoire.  La quatrième dévoile l’intrigue également  : deux soldats rescapés de la première guerre mondiale montent une escroquerie et arnaquent les familles endeuillées.
J’avais trouvé « Robe de marié » du même auteur répétitif et peu fouillé ….J’y allais donc un peu à reculons vers ce livre, me disant que cela allait être glauque et sordide.
Et bien non, tout d’abord l’escroquerie attendue arrive très tard (section 47 sur 70), il s’écoule plus de la moitié de l’histoire avant que la fameuse arnaque ne commence à se monter… alors que se passe-t- il avant ? et bien il y a d’abord les derniers jours de la Grande Guerre. Quel talent dans la description de ces derniers jours au front : j’étais quasiment avec Albert dans son trou d’obus, j’ai vécu la détresse de ces soldats … j’ai ressenti la douleur dans la jambe d’Edouard …
Le difficile retour à la vie civile est aussi très bien rendu. En plus d’Edouard et d’Albert, de retour du front, défiguré pour l’un, dépressif pour l’autre, les autres personnages m’ont semblé également d’une grand vérité. Finalement, quand Edouard et Albert se lancent dans l’escroquerie, j’avais abandonné mes préjugés et me disais qu’ils avaient finalement raison de tenter ce gros coup.
Entre ces deux pieds nickelés, il y a d’autres personnages (j’ai été convaincue par l’ignoble Pradel, la douce Madeleine, le père Péricourt et la petite Louise)

Une grande fresque passionnante : pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour le lire ? A oui je croyais que cela allait être glauque, c’est finalement juste passionnant….

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Un extrait

Tous les jours, dix, cinquante, quatre-vingt mille francs, c’était à ne pas croire. Et même, un matin, cent dix-sept mille d’un seul coup.
Edouard d’abord hurla de bonheur. Lorsque Albert était rentré, le premier soir, avec une mallette remplie de billets, il les avait jetés en l’air à pleines mains comme une pluie bienfaisante. Il avait demandé aussitôt s’il pouvait prendre un peu sur sa part, là, tout de suite; Albert, en riant de joie, lui avait dit que bien sûr, ça ne posait pas de problème. Le lendemain, Edouard s’était fabriqué un masque magnifique, entièrement fait de billets de deux cents francs collés en spirale. L’effet était superbe, comme des volutes de pognon, comme si les coupures se consumaient et enveloppaient son visage d’un halo de fumée. Albert avait été séduit mais aussi choqué, on ne fait pas ça avec de l’argent. Il arnaquait des centaines de personnes, mais n’avait pas abdiqué toute morale.

Challenge Petit bac  chez Enna – catégorie « lieu »

et écoutons un livre chez Sylire

 

La couleur des sentiments – Kathryn Stockett

Genre :  roman choral : Aibileen, Minnie, Skitter – Mississippi 1963-1964

Aibileen commence : Cela fait déjà quelques années que Rosa Parks a fait bouger les lignes mais la ségrégation et le racisme ont la peau dure, surtout dans cet état du Mississippi. Elisabeth Leefolt, sa patronne, petite bourgeoise blanche, fait installer des toilettes dans le garage pour sa bonne noire : parce qu’un noir peut apporter des maladies !!! Cette femme confie ses enfants a une nounou (adorable) tout en ayant peur d’elle…

Minnie prend ensuite la parole : plus jeune qu’Abileen, elle est bonne chez Miss Walters, qui « perd la tête ». Hilly, la fille de Miss Walter, installe sa mère dans une maison de retraite et renvoie Minnie avec perte et fracas, la traitant injustement de voleuse !

Enfin, Skitter, une jeune femme blanche, amie d’Elisabeth et de Hilly rentre chez ses parents après ses quatre ans d’études à la fac. Toutes ses amies ont arrêté la fac pour se marier et avoir des enfants. Skitter est intelligente mais un peu en marge, du fait de son physique (plus d’un mètre quatre-vingt), elle veut devenir journaliste. En trouvant un petit boulot (répondre au courrier des ménagères), elle sympathise avec Abileen qui lui donne des « tuyaux » pour sa rubrique hebdomadaire.
Les trois femmes entreprennent un travail de longue haleine : écrire un témoignage sur « les bonnes (noires)» dans « les familles blanches », un témoignage sans concession.

J’ai trouvé le ton de toutes ces femmes très juste, chacune dans leur prison : prisonnières de leur condition de bonnes, prisonnières d’un mariage (bourgeois pour certaines, avec un mari violent pour d’autres)
Elles prennent des risques ces femmes en témoignant (même anonymement) contre la ségrégation.

C’est un roman qui aborde ce thème du point de vue de femmes et de mères, sans misérabilisme et avec un grand sens de l’humour : j’ai ri plusieurs fois des trouvailles de langage d’Abileen quand elle s’occupe des enfants, Minnie est également très attachante, grand gueule mais aussi fragile, Skitter est émouvante, dans sa prise de conscience du racisme de ses amies…

Un extrait :

Aibileen : Aujourd’hui, je vais te raconter l’histoire d’un extra-terrestre. (…) Un jour, un martien plein de sagesse descendit sur la Terre pour nous apprendre une ou deux choses.
Mae Mobley : Un martien ? Grand comment ?
Aibileen : Oh environ deux mètres !
Mae Mobley : Comment il s’appelait ?
Aibileen : Martien Luther King. (…) C’était un très gentil martien ce Luther King, exactement comme nous, avec un nez, une bouche et des cheveux sur la tête, mais les gens le regardaient parfois d’un drôle d’air, et je crois qu’il y en avait qui étaient carrément méchants avec lui.
Mae Mobley : Pourquoi Aibi ? Pourquoi ils étaient méchants avec lui ?
Aibileen : Parce qu’il était vert.

Petit bac 2020

African-American History Month chez Enna

Et challenge Petit Bac toujours chez Enna  dans la catégorie « couleur »