La terre des mensonges – Anne B. Radge

la terre des mensonges

La terre des mensonges

Norvège de nos jours

Voilà un livre où l’auteur prend le temps de présenter ses personnages et je dois dire avoir été conquise.

Tout d’abord, Margido entre en scène. Ce célibataire d’âge mûr dirige une entreprise de pompes funèbres dans son petit village natal et je ne m’attendais pas à trouver son récit si intéressant. 60 pages très fouillées sur son métier et les sentiments qu’il lui inspire.
Il est empathique avec la famille des disparus, attentionné, très sensible et observateur. Puis l’auteur laisse Margido de côté et nous présente son frère, Erlend, qui lui est parti à l’étranger et exerce le métier d’étalagiste. Il réalise des vitrines pour Noël qui approche. A nouveau, un portrait fouillé de ce frère qui ne parle plus à sa famille : on apprendra plus loin dans le livre pourquoi.

Enfin présentation du dernier frère, Tor, fermier et éleveur de porcs, et là à nouveau le charme opère. Être proche de ses animaux, s’occuper de sa mère et de son père très âgés suffisent à son « bonheur ».

Trois frères très différents et chaque personnage est très convaincant.

A l’occasion d’un malaise de leur mère, ils se retrouvent dans la ferme familiale où arrive une jeune femme Torunn, fille du frère aîné.

Anne B Radge dessine un magnifique portrait de cette jeune femme à la fois déterminée et fragile.
Les quatre personnages sont obligés de parler malgré tout ce qui sépare les trois frères …. l’héritage (la ferme) est en jeu.

J’ai aimé aussi la complicité entre Torunn et le deuxième frère ainsi que l’ami de celui ci : on rit, on pleure…

Un coup de coeur et une secret de famille dévoilé qui m’a beaucoup surpris. Je commence le tome 2

Un extrait (Erlend le plus jeune frère collectionne des figurines de cristal)

Il interrompit Chopin au milieu de la valse numéro 7 et mit un concert pour piano de Mozart, afin de susciter un peu plus le drame et la concentration. Maintenant il fallait remplir la vitrine. Tout épousseter et faire briller pour Noël. La vitrine serait une fontaine lumineuse éclatante, créée par un homme aux gants blancs, qui avait la chance dans le sang. Il s’occupait de l’étagère aux animaux et aux oiseaux et allait reposer la licorne à sa place, quand elle lui échappa des mains et tomba par terre. Il s’accroupit en poussant un hurlement et la ramassa. La corne sur le front avait disparu, sinon la miniature était entière : entière, mais ni plus ni moins qu’un cheval. Ce qu’elle avait de magique gisait encore sur le parquet. Il prit la minuscule corne en spirale et rejeta aussitôt l’idée de recourir à un point de Super-glue. Ce serait de la triche. Il sentit les larmes lui venir. Et cette figurine-là entre toutes ! C’était une des premières que Krumme lui avait offertes, et il se souvenait encore de tout ce que Krumme lui avait raconté sur la licorne, cet animal fabuleux qui était le symbole de la virginité et ne se laissait attraper que lorsqu’elle cherchait à se reposer dans le giron d’une jeune fille vierge. Or, la voilà qui était devenue un cheval, tout bêtement, qui ne symbolisait rien d’autre que la simple et banale virilité. Dans leur chambre à coucher, ils avaient un immense tableau à moitié surréaliste représentant une licorne. Krumme l’appelait la bête miraculeuse.
Il mit la licorne cassée tout au fond, derrière les autres animaux. Il posa délicatement la corne à côté. Il ne se résolut pas à s’en débarrasser, car comment jeter une chose pareille ? Du haut d’une terrasse ou dans une poubelle, c’était impensable.

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TRILOGIE

Le challenge  » trilogie de l’été » est chez Philippe 

Pas facile de voler des chevaux – Per Petterson

PASFACILEDEVOLDERDESCHEVAUXTrond Sander, 70 ans, vit isolé dans un village de Norvège. Il raconte…. par bribes..pêle-mêle : Ce qu’il a vécu quand il avait 15 ans en 1948… ses relations avec son père… sa découverte de la réalité de la vie des adultes…. les drames de l’existence…l’immédiate après guerre en Norvège, sa vie de vieil homme dans un bourg isolé.
Avec son ami Jon, lui aussi 15 ans, leur jeu est de « voler des chevaux » à leur voisin. Voler des chevaux est un bien grand mot, il s’agit « juste » de les monter à cru dans le pré …et de se prendre pour des cow-boys…
Avec une écriture très fluide, très proche de la nature, Per Petterson nous emmène entre adolescence, âge adulte et réflexions sur la vie (et la fin de vie).
Trond Sander, est veuf, il a une fille à qui il parle peu… on sent tout la difficulté à communiquer. Ce livre est l’histoire de l’été de ses quinze ans où il est passé de l’enfance à l’âge adulte….A 70 ans, on le sent serein, il savoure ses dernières années et en profite pour se remémorer les instants heureux et malheureux de sa vie, de celle de son père, de Jon et de sa famille.
J’ai trouvé la description de ses relations avec son père très juste et très intéressante. Grâce à un voisin, Trond apprend que son père s’est engagé dans la résistance pendant la guerre et que « voler des chevaux » avait un autre sens pour lui. Son regard d’adolescent observe et ne comprend pas la vie des adultes. Il est tour à tour vif, révolté, effondré, amoureux….
La nature sauvage a une très belle part dans ce livre.
En conclusion  : un livre que je recommande fortement.

Deux extraits : 

Début novembre. Il est neuf heures. Les mésanges viennent se cogner à la fenêtre. Un peu assommées, il leur arrive de reprendre leur vol, mais parfois elles tombent et se débattent un moment dans la neige fraîche avant de retrouver l’usage de leurs ailes.(Incipit)

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Jon et moi avions fini de traverser le pré.. Nous marchions sur la route, et nous avions beau connaître le chemin comme notre poche, tout nous paraissait différent. Nous allions voler des chevaux, et ça se voyait. Nous étions des criminels. ça transforme les gens, ça change quelque chose dans leur regard et dans leur façon de marcher c’est inévitable. Et voler des chevaux, c’était ce qu’il y avait de pire. Nous connaissions les lois qui régnaient à l’ouest de Pecos, nous dévorions les illustrés et leurs histoires de cow-boys. Et même si en réalité nous étions si loin à l’est de Pecos qu’on pouvait aussi bien dire le contraire ; ça dépend dans quel sens on regarde le monde. Et ces lois étaient sans pitié. Si tu étais pris, on t’attachait à une branche d’arbre, une corde autour du cou ; du chanvre grossier contre ta peau douce. Puis quelqu’un donnait une tape sur le cul du cheval et tu courais dans le vide comme s’il y allait de ta vie. (p 35)

L’avis d’Eeguab est ici.

Livre lu dans le cadre de plusieurs challenges 😉

« Jacques a dit » de Métaphore : « doubles initiales »

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Challenge Totem de Liligalipette

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Challenge lire sous la contrainte de Philippe avec la contrainte « Phrase négative »

Le titre devra donc comporter une négation c’est-à-dire, normalement le petit mot « ne » suivi de « pas, rien, jamais, plus » ou précédé de « personne, rien, nul« .

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Challenge « animaux du monde » de Sharon

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Challenge « tour du monde » d’Helran pour la Norvège

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Et enfin challenge à tout prix de Laure
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‘Pas facile de voler des chevaux’ a obtenu le prix littéraire européen Madeleine Zepter le 7 décembre 2006.

‘Pas facile de voler des chevaux’ a reçu le prix des lecteurs de littérature européenne dans le cadre du Prix de littérature européenne de Cognac 2007.