La première partie raconte la construction au 16ème siècle de ce pont situé dans une région entre Turquie, Autriche, Serbie et Bosnie. L’auteur sait retranscrire l’ambiance d’une place grouillante de monde, d’un pont à la fois lieu d’échange mais aussi de séparation. La nature ne se laisse pas dompter si facilement et la construction sera longue et laborieuse.
L’écriture m’a intéressée mais l’histoire moins : en effet il s’agit plus de chroniques (qui s’étendent du 16ème siècle au 20ème siècle) que d’un roman avec des personnages que l’on prend plaisir à suivre (d’autant plus que les personnages mis en avant meurent souvent jeunes et dans des circonstances tragiques : empalement, suicide, tortures…)
Turcs, musulmans, chrétiens, juifs se croisent sur la kapia (terrasse sur le pont où est installé une sorte d’auberge), à la fin du 19eme siècle l’occupant se fait autrichien.
Compte tenu de diverses circonstances, j’ai eu un peu de mal à finir ce livre et je remercie Edualc pour sa patience :-).
Un extrait
L’entrée solennelle et officielle des troupes autrichiennes n’eut lieu que le lendemain.
De mémoire d’homme, jamais un tel silence n’avait régné sur la ville. Les magasins n’ouvrirent pas. Les portes et les fenêtres des maisons restèrent closes, bien que ce fût une journée ensoleillée et chaude de la fin d’août. Les rues étaient vides, les cours et les jardins comme abandonnés.
Dans les maisons musulmanes, c’était l’accablement et le désarroi, chez les chrétiens, la prudence et la perplexité. Mais partout et chez tous, la peur régnait . Les autrichiens qui faisaient leur entrée avaient peur des embuscades. Les musulmans avaient peur des Autrichiens, les serbes des autrichiens et des musulmans. Les juifs craignaient tout le monde car, surtout en temps de guerre, tout le monde est plus fort qu’eux. Tous avaient encore, dans leurs oreilles, l’écho de la canonnade de la veille.