Madame lit du Juan Ramón Jiménez

Le mois de l’agenda ironique de mai qui a pour thème « Nu, nus, Nue, Nues » accueille la participation de Juan Ramón Jiménez (Prix Nobel de littérature 1956) avec un poème splendide…..

Madame lit des livres québécois et d'ailleurs -Blogue littéraire

Jimenez

Chère lectrice, Cher lecteur,

Pour débuter le mois espagnol, j’ai décidé de partager avec vous deux poèmes du grand poète espagnol Juan Ramón Jiménez (1881-1958). En plus d’être poète, il est auteur et son immense talent lui a permis de remporter le prix Nobel de littérature en 1956. Sa passion pour les mots l’a entraîné, entre autres, dans une quête pour atteindre l’essence de toutes choses. Dans Poésieespagnole moderne contemporaine, Marie-Claude Zimmermann mentionne : «Il s’agit là de l’une des voix les plus originales de la littérature espagnole de tous les temps» (p. 32).

Voici un poème très célèbre tiré de son recueil Eternidades traduit par Bernard Sesé :

Elle vint, d’abord, pure,
vêtue d’innocence.
Et je l’aimais comme un enfant.

Puis elle revêtit
je ne sais quels atours.
À mon insu, je la haïs.

Et elle devint une reine
aux trésors fastueux…
Quelle ire de fiel insensée !

……

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Concerto du dimanche (enfin du jeudi)

 

Quand la cuisinière referme mon couvercle

Je frétille me sentant la reine de la cuisine,

Le fonds de ma marmite chauffant sur le cercle

Un pot au feu fait fondre légumes et limousine

 

Les poireaux se lancent dans un tango torride,

La cuisinière esquisse quelques pas, enjoués

La vapeur essoufflée, relâche la bride

Assouplissant pommes de terre et navets ;

 

Quand le sifflet retentit et appelle trois fois

La dame accourt et libère ma soupape,

Un filet s’élève et fait entendre ma voix

De casserole, je chante les futures agapes

 

La famille tout à coup débarque avec envie

Ils se damneraient pour un copieux pot au feu

Les petits clament rieurs que madame est servie

Et moi cocotte sans couvercle je trône au milieu.

 

Même la tante revêche me trouve diététique,

Mélangeant rapidement arômes et saveurs,

Ils racleront tout ces gourmets drolatiques,

Dimanche poule au pot, Henri IV mon sauveur.

 

Source photo

Nichoir

le sonnet caché dans le texte pour l’agenda ironique

Nichoirs

 

Le printemps maladif a chassé tristement
La lune, large et pâle, qui semble se hâter.
Je veux aimer pour vivre et vivre pour aimer,
Sur le chemin du bord du fleuve lentement

Tu es venu me dire que l’Amour est devant
Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?
Est-ce le frêle moineau assis en souverain !
Reviens sur mon balcon, recommence ton chant

Puis je tombe énervé de parfums d’arbres, las,
Voici dans le gazon les corolles ouvertes,
Mordant la terre chaude où poussent les lilas,

Devant toi et moi, une assemblée de fées vertes
Tous sourires ; qui du printemps fêtent le réveil
De tant d’oiseaux en fleur gazouillant au soleil.

 

les emprunts sont ici

http://www.poetica.fr/poeme-145/stephane-mallarme-renouveau/#

http://www.poetica.fr/poeme-231/elodie-santos-oiseau-de-printemps/

http://www.poetica.fr/poeme-781/guillaume-apollinaire-mai/

http://www.poetica.fr/poeme-3286/auguste-lacaussade-les-soleils-de-mai/

http://www.poetica.fr/poeme-207/guy-de-maupassant-nuit-de-neige/

http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/theodore_de_banville/premier_soleil.html

 

Bateau ou papillon ?

Le bateau – Matisse (vers New York ici)

Bateau ou papillon

Je voguai toutes ailes dehors, frêle esquisse

Caboter très peu pour moi, je suis cabochard

Direction la haute mer à travers le brouillard

Mon reflet de Klein Schmetterling(*), bleu Matisse

 

Les poissons me frôlaient coursant le  firmament

L’arc en ciel chantonnait avec les étoiles chromatiques

Bleu couleur chaude, j’évitai le glacial Arctique

Direction New York la belle et son fourmillement

 

La Liberté me rendit minuscule sous son fier regard

Haute dame en dentelle me saluant, vieux briscard

Moi penché sous le vent, elle droite comme la justice

 

Je fus tout tourneboulé de ces flots fantastiques

Tremblant tête à l’envers et drisses élastiques

Que la belle et son vert de gris ne me file la jaunisse

 

.

(*) Papillon bleu en allemand

Jeudi Poésie Chez Asphodèle

et le jeu d’avril chez la Licorne (poésie rimant avec art, tisse, tique, ment)

 

 

Les heures de Prague – Nâzim Hikmet

L’AUBE

pont charles

Baroque

Dans Prague tandis que blanchit l’aube
La neige tombe,
…………mouillée,
…………………….d’un gris de plomb.
Dans Prague doucement s’éclaire le baroque
……………………..tourmenté, lointain ;
Dans ses dorures une tristesse noircie.
Sur le Pont Charles les statues
……………….sont des oiseaux venus d’une étoile morte.
Dans Prague, le premier tramway a quitté le dépôt.
Les vitres sont éclairées, jaunes et chaudes.
Mais je sais
………………qu’il fait à l’intérieur un froid glacial :
L’haleine du premier voyageur ne l’a pas encore réchauffé.
Dans Prague, Pepik boit son café au lait,
Dans la cuisine blanche, la table de bois est toute propre.
Dans Prague tandis que blanchit l’aube,
La neige tombe,
…………..mouillée,
……………………….d’un gris de plomb.
Dans Prague passe une voiture,
……………une charrette attelée à un seul cheval,
……………….devant le cimetière juif.
La charrette est chargée
…………………….de la nostalgie d’une autre ville
…………………………..et le charretier c’est moi.
Dans Prague doucement s’éclaire le baroque :
…………………tourmenté, lointain
………………….dans ses dorures une tristesse noircie.
Dans Prague au cimetière juif
la mort silencieuse, muette.
ô ma rose, ô ma rose
l’exil est pire que la mort….

Yesenik le 20/12/1956

:

Les heures de Prague – Nâzim Hikmet

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Source Photos

A la lumière d’hiver – Philippe Jaccottet

On aura vu aussi ces femmes – en rêve ou non,
mais toujours dans les enclos vagues de la nuit –
sous leurs crinières de jument, fougueuses,
avec de longs yeux tendres à lustre de cuir,
non pas la viande offerte à ces nouveaux étals de toile,
bon marché, quotidienne, à bâfrer seul entre deux draps,
mais l’animale sœur qui se dérobe et se devine,
encore moins distincte de ses boucles, de ses dentelles
que l’onduleuse vague ne l’est de l’écume,
le fauve souple dont tous sont chasseurs
et que le mieux armé n’atteint jamais
parce qu’elle est cachée plus profond dans son propre corps
qu’il ne peut pénétrer – rugirait-il d’un prétendu triomphe -,
parce qu’elle est seulement comme le seuil
de son propre jardin,
ou une faille dans la nuit
incapable d’en ébranler le mur, ou un piège
à saveur de fruit ruisselant, un fruit,
mais qui aurait un regard – et des larmes.

!

A la lumière d’hiver – Philippe Jaccottet

Sabine Sicaud – Diego

Les sorcières présentaient Sabine Sicaud ici.

J’ai trouvé ce beau poème de cette jeune fille.

Diego 

Son nom est de là-bas, comme sa race.
L’œil vif, le pas dansant, les cheveux noirs,
C’est un petit cheval des sierras, qui, le soir,
Longtemps, regarde vers le sud, humant l’espace.

Il livre toute sa crinière au vent qui passe
Et, près de son oreille, on cherche le pompon
 ………..D’un œillet rouge. Sur son front,
Ses poils frisent, pareils à de la laine.

Rien en lui de ces chevaux minces qui s’entraînent
Le long d’un champ jalonné de poteaux ;
Ni rien du lourd cheval né dans les plaines,
Ces plaines grasses et luisantes de canaux
Où des chalands s’en vont avec un bruit de chaînes.

Il ignore le turf, et les charrois et les labours,
Celui dont le pied sûr comme celui des chèvres,
Suivit là-haut les sentiers bleus, dans les genièvres.

la suite est ici

jeudi-poesie

 

Le cheval Parthénon s’ennuie sur sa frise

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Source Photo

Le cheval Parthénon s’ennuie sur sa frise
S’il ne tenait qu’à lui il partirait au galop
Il aimerait voir Florence , Cosme Premier ou bien Pise
Nul doute que l’herbe est plus verte là-haut

Un fois en Italie rien ne l’empêcherait de partir vers la Tamise
Charles Premier lui indiquerait le point zéro
Après l’Europe, direction Equateur ou bien la banquise ?
Visiter sa parentèle de par le monde ! en bateau…

Madrid ou Kobe ? Les deux ont leur Don Quichotte
Un coucou à Rossinante, qui s’y pique s’y frotte
Partir voir Theodose Premier le byzantin ?

Quitter l’ Europe pour le Missouri des Amerloques ?
De là voguer jusqu’à Rama V à Bangkok ?
Ah zut, recommencer le trip, il a oublié son cousin argentin !

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Jeudi Poésie chez Martine 

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Source photos : ici, ici, ici, ici, ici et ici

Participation au jeu 19 chez la licorne

il faut écrire un sonnet qui doit en outre  commencer par un vers célèbre

J’ai choisi « Le cheval Parthénon s’ennuie sur sa frise » de Raymond Queneau dans Cent mille milliards de poèmes

jeudi poésie

Champ libre – René Guy Cadou

Champ libre

L’océan bat son plein
La barrière est ouverte
On voit des chevaux d’or brouter les plantes vertes
Les deux bords du chemin
Les guirlandes de ciel qui passent par nos mains

Un visage se lève
Soir et matin le même rêve
La peau douce du vent
Je pars dans le soleil et tu marches devant
Le temps presse
À chaque pas vers toi je tombe de faiblesse
Le coeur ne répond plus
Je gagnais ton pardon si tu l’avais voulu

Sur le mur qui chancelle une ombre s’épanouit
Un reflet nous égare
Une voix dans la nuit

Champ libre – René Guy Cadou

jeudi-poesie

Les autres participants sont chez Martine 

Quadrige

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Source photos

:

Quadrige

 

Quand vient le soir, galopant dans le quadrige
Les chevaux, ravis, encensent sur leur perchoir ;
Les sabots et les crinières claquent dans le noir,
Voici venue l’heure du début de leur voltige.

Les chevaux, ravis, encensent sur leur perchoir ;
Sur leur dos poussent ailes, pennes, rémiges ;
Voici venue l’heure du début de leur voltige,
Ils s’envolent en silence vers l’Abreuvoir.

Sur leur dos poussent ailes, pennes, rémiges.
En rêvant de se contempler dans un miroir,
Ils s’envolent en silence vers l’Abreuvoir,
La pluie les enveloppe hors du vertige.

En rêvant de se contempler dans un miroir,
Vers leurs cousins de Yvelines ils se dirigent ;
La pluie les enveloppe hors du vertige,
Cette nuit ils s’ébattront dans le bateau lavoir ! »

abreuvoir de Marly

L’abreuvoir

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Le poème « miroir » est ici 

jeudi poésie

Les autres participants sont chez Martine