Lettre à Mr Lechat

Cher Mr responsable des opérations de sponsoring, Mr Felix Lechat

Je me permets par la présente de vous présenter mon projet, assuré en coopération avec 30 Millions d’@mis.
Pour être succinct voici les grandes lignes du projet :
– construction d’une arche pouvant accueillir 3000 animaux et son équipage
– Maître d’ouvrage : Dieu
– Maître d’œuvre : Saint Pierre
– Maître d’oeuvre délégué : votre serviteur : Noé
– Assureur : m@@f assurances (fournit également les dauphins)

Sans être exhaustifs, voici une liste des sponsors nous faisant actuellement confiance :
– Fourniture des gilets de sauvetage : L@coste (fournit également un couple de crocodiles)
– Fourniture du moteur à propulsion selon les normes ISO en vigueur Ferr@ri (fournit également un couple de chevaux)
– Fourniture du navigateur Fir@fox (+ couple de renards roux)
– Approvisionnement en barriques de lait (+ une v@che qui rit)
– Bottes : @igle (+ deux exemplaires royaux…..)
– Tee- et sweat shirts Puma ( + deux félins …..)
– 1234 tonnes de nourritures : C@sse grain (et deux lapins blancs)
– 7867 sac de noisettes (C@isse d’Ep@rgne et deux écureuils)
– Du riz (et un t@ureau ailé, en espérant que la v@che qui rit sera d’accord)
– Logiciel GPS (Linux et deux pingouins au cas où les renards nous feraient faux bonds : application de la norme  7-1-ANE)

Je vous mets en pièce jointe le plan de financement (gazouillé par Twitter et ses moineaux bleus)

Pour la cérémonie de lancement, nous aurons en guest-stars un certain « taureau rouge » et une « jument verte »

Je suis en attente de votre réponse, cher Monsieur Lechat. Votre accord pour partager cette aventure d’un nouveau genre est primordiale : Nous manquons de lessive et 3 000 animaux plus l’équipage sans lessive, permettez moi d’être cru mais « ça va schlinguer » !

Votre dévoué Noé.

Si en plus des dosettes de votre magnifique lessive verte, vous pouviez nous garantir la venue d’un couple de chat (siamois, de gouttière ou aristocrates peu importe), je vous dirai chatpeau et vous tirerai la langue bien bas.

Merci pour votre réponse ASAP (c’est demain la fin de l’agenda ironique de septembre)

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Double participation chez Filigrane Il s’agissait de raconter une histoire bien connue de tous « à la façon de »…le thème imposé : L’Arche de Noéchez Martine et Carnets Paresseux pour l’Agenda Ironique (avec un chat et sa langue, un loup déguisé, une rouge fillette et une forêt …bon pour le moment, le loup est encore caché dans la forêt….espérons qu’il sorte d’ici demain)

L’arche ivre

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L’arche ivre 

 

Moi Noé, je voulais me voir dans la bible,

Je me suis efforcé de devenir bateleur :

Des animaux pour une armada invincible,

Je les aie convaincus sur un ton enjôleur.

 

Conscient de la rareté de cet aréopage,

Je mélangeais  flamands roses et faucons maltais.

Quand mes fils descendirent des doux alpages,

Nous embarquâmes avec les vaches qui meuglaient.

 

Quand les cordes du bord furent désamarrées,

Je tressaillis sous le roulement des éléphants,

Je frémis, encourageant la lune et ses marées

Pour que les pachydermes dorment comme des faons.

 

Le déluge mit à l’épreuve les couples légitimes.

Fragiles comme porcelaine, ils regardaient les hublots

Le roulis provoqua malaise et tout le toutim,

Quarante jours et nuits, ils devinrent bien falots !

 

Salée la mer nous infligea de cruelles morsures,

L’eau verte s’infiltrait, poudre de perlimpinpin

Les lagomorphes devinrent fous de leurs blessures

Serrés sans pouvoir se reproduire, pauvre lapins.

 

Ainsi nous voguions tels des guêpes qui essaiment

Portés par les eaux de l’océan fluorescent,

Ivres de couleurs, de sons, d’odeurs, de bohème

Ebahis,  le soleil nous manquait incandescent.

 

Que penser des rugissements et des soupirs ?

La ronde patiente,  vigilante des vautours,

Puis plus lancinant que  le chant de l’oiseau-lyre,

Retentit le caquètement de la basse-cour !

 

Je tendis le poing et lâchai une colombe

Et guettai craintif et à la fois plein d’espoir,

L’horizon  pourpre  avant qu’il ne succombe,

Et j’ai cru qu’il allait s’arrêter de pleuvoir !

 

Le scorbut rendit les animaux squelettiques,

Les jambes des girafes enflaient et flageolaient.

Pareils à des pantins démembrés, les moustiques

Voletaient comme des fantômes désemparés!

 

J’ai embrassé l’aurore verte évanouie,

Encensé les animaux avec des mots flatteurs,

Nous allions retrouver bientôt les terres enfouies,

Oh la la, je ne me savais pas si bon acteur

 

Mon amie réussit à éviter une mutinerie

Les animaux ballotés étaient dépressifs

Malgré ses arguments la rusée otarie (1)

Voyait l’Arche partir en lambeaux successifs !

 

J’ai décidé d’utiliser un puissant insecticide

L’équipage, devenu fou, réclamait poules au pot.

Hallucinations collectives, 16 pattes par arachnides

Sous le ciel trempé, tous travaillaient du chapeau.

 

J’ai vu un chat poète s’essayer au Parnasse

Il déclamait des vers français peu ragoutants

Me cherchant des poux dans la tignasse,

J’essayais de m’éloigner clopin clopant !

 

Trempé, je donnai mon canot pour une fournaise !

Sur les mats de l’arche frappaient les embruns

Des serpents-liane me donnaient malaises

Et m’incitaient à rendre mon repas prochain !

 

J’aurais voulu griller quelques dorades

Qui dans les flots  nous suivaient en chantant.

Des effluves à mon nez battaient la chamade

J’évitais une dernière vague le navire accostant

 

Un jour, apercevant  une frêle amazone,

Dont les doux yeux me séduirent  comme un hibou

J’enjambais la rambarde, foutues hormones

Dans l’océan je finis ma vie…. tel un caillou

 

Les autres participants sont chez Filigrane 

Il s’agissait de raconter une histoire bien connue de tous « à la façon de »…
le thème imposé : L’Arche de Noé
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Je n’ai pas totalement respecté la consigne puisque mon histoire « à la façon de » finit mal ….j’espère que Arthur R. me pardonnera 🙂
(1) Je recommande ce livre au passage « la revanche des otaries » de Vincent Wackenheim qui m’avait beaucoup fait rire lorsque je l’avais lu.
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Pour ma belle

algernon

Vous vous demandez peut être ce que je fais dans cet arbre, tel le baron perché ?
Je suis là, moi Algernon le deuxième, pour chanter la sérénade à ma belle. Je prends de la hauteur pour la voir arriver. De là on voit la mer, je ne pourrai pas la rater.
Tout à l’heure, je descendrai de mon repère et je lui jouerai quelques notes sur mon piano vert. Celui qui connaît tous les airs d’amour. Il est composé de mousse et ses cordes ne sont pas d’acier mais de liane. Ses notes sont des fleurs : RhoDOdendron / REséda /MImosa / corosSOL / LAvande….

Piano vert
Mon maître de chant me dit toujours que je chante trop bas et que ma voix de baryton ferait fuir la plus sourde des princesses. Et quelquefois j’ai comme une grande idée, alors je suis grimpé dans cet arbre pour que ma voix soit plus haute.
Entre ciel et terre, je suis seul dans mon arbre à me répéter les paroles de ma chanson. Je suis seul mais cela m’est égal, je sais que le coeur est un chasseur solitaire.
Vous vous moquez de mes risibles amours ? Moquez vous,moquez vous ! Tout à l’heure Anna apparaîtra et je chanterai pour elle.
Je chanterai le nom de la rose et le dahlia noir.fleur
Elle a un nom de fleur allemande, mon Anna : un jour, elle me racontera le voyage d’Anna Blume et la musique du hasard de mon piano la suivra dans son odyssée.
Elle racontera la pauvreté, le moment où plus rien ne compte sauf les fleurs ….et la faim.
Elle racontera le moment où aucun souvenir assez solide ne peut nous soulager du chagrin, où l’amour disparaît dans le sillage de l’oubli. L’amour, cet animal du coeur qui me ronge et me fait tant souffrir…
Derrière le mur invisible de mon arbre, je ne compte plus les heures silencieuses à attendre mon Anna.Arbre muré
J’aurais attendu cent ans de solitude, le temps que la lumière des étoiles mortes me parvienne.
A cet instant, avec Anna, je me mettrai au piano et je chanterai avec elle avec ma voix trop basse et elle avec sa voix de petite fadette.
« Il ne faut pas pleurer » me dira-t-elle.
Nous chanterons « des fleurs pour Algernon » avant de partir, moi le voyageur sans bagage, voyageur imprudent ….et elle, toute remplie de la tristesse des anges.

anna blume

la règle du jeu « Photos insolites » est ici chez Filigrane

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27 titres à trouver

Projet 52 nuances de vert

Pour célébrer avril

Jeudi poésie chez Asphodèle

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Pour célébrer avril, semer des mots

Pour célébrer avril, j’ai descendu dans mon jardin avec l’intention de semer des mots (parce que le romarin c’est périssable)
J’ai aéré la terre, mis quelques vers puis je me suis demandée quelles graines de mots j’allais planter…

J’ai ratissé large et mis une centaine de mots dans ma besace : des noms, des adjectifs, des verbes et des adverbes, des petits mots doux et des gros mots….

J’ai planté le mot « oignon » dans l’idée qu’il pourrait donner jour à une tulipe mais l’idée a germé et j’ai récolté un « cor au pied » (foutu homonyme, je n’avais pas la bonne graine, celle de l’ivraie)

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J’ai semé sept petit cailloux pour trouver mon chemin, me suis cassée la binette sur le dernier.

J’ai semé une verveine qui est devenue rouge sang, mon genou sur le caillou précédent.

Je n’ai pas semé de vent de peur de récolter une tempête mais j’ai semé une petite brise et versé une larme pour l’arroser…

J’ai semé du vert et j’ai récolté une trempette dans un vert d’eau.

J’ai élagué, fauché l’herbe sous le pied (juste sous mon cor)

J’ai semé, semé….. et rien récolté.

J’ai pioché à nouveau dans ma besace . Plus de mots à planter….

Les mots ressortaient de terre, ils n’ont pas voulu se laisser enterrer : « c’est le retour des mots vivants » m’a dit le cor de garde…

J’ai semé à tout va dans un champ lexical : à la volée, jardin anglais, dans Word …les mots se sont envolés…

Aurais je dû planter du romarin ?

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Magritte – L’île au trésor

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Projet 52 Nuances de vert

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Merci à Célestine pour l’idée de ce petit poème. La phrase « déclic » est « On sème les mots qui s’envolent comme des parachutes pour se poser sur nos coeurs,  telles des graines de pissenlits que l’on souffle. »

Station « En vert et contre tous » – Tout le monde descend

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Source photo

Suite à ma mésaventure du mois dernier, je suis sortie de l’hôpital Bichat, couverte de pansements et j’avais plus la tête d’une momie que celle d’une jument verte. Béchamelle était venue me chercher avec Pygmée-Lion et ils me proposèrent de rentrer en métro jusqu’à Saint-Nom -la-Bretelle, vu le temps qui tournait à la neige (de la neige le jour du printemps, y’a plus de saison, ma ptite dame !!).

A l’entrée du dit métro, j’ai eu un moment de surprise : le plan de métro était étrange, pas du tout comme d’habitude : tout en rondeurs et en lignes courbes. Cependant comme je n’avais pas mes lunettes, je n’arrivais pas à lire le nom des stations et je fis fi de mon étonnement pour monter dans une rame qui arrivait pile sur le quai. Les gens étaient étranges (en même temps en tant que jument verte je peux difficilement critiquer ou me moquer de la tête des gens).

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« Quai de la carotte râpée » dit la voix de la dame-haut-parleur dans le métro.

perruche

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Il y a avait Mr Perruche et sa dame, tous les deux avec une gorge verte printemps que je m’empressais de comparer avec mon vert terne, consécutif à la nourriture d’hôpital pendant un mois (me suis chopée une brocolique, maladie nosocomiale bien connue pour excès d’ingestion de brocolis bouillis).

poule

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« Porte Poulet Mayo » dit la voix de la dame-haut-parleur dans le métro.

Pour tromper sa faim, un lama très élégant avec un bandana vert tendre, mâchonnait du chewing-gum à la chlorophylle dont l’odeur alléchante me faisait saliver.lama

« Station Saint Jacques au cresson » dit la voix de la dame-haut-parleur dans le métro.

Un phacochère grignotait des frites au wasabi postillonnant de la salive verte à qui mieux mieux. Une tortue avec son sac à dos rempli de nourriture attendait patiemment que la rame s’arrête .

phacochère tortue

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« Gare Saint lézard » dit la voix de la dame-haut-parleur dans le métro.

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Un paresseux, mains derrière les oreilles, regardait tout ce petit monde d’un air goguenard : il m’apostropha : « bienvenue dans la quatrième dimension de Pawlawski « .tortue
Le plus étrange n’était pas la tête de tout ce petit monde ni le nom des différentes stations de métro qui filaient inexorablement mais bien leur langage. Il était près de midi et le sujet semblait tourner autour de la nourriture. Ils avait tous l’air d’être invités au même endroit : « Rue du colonel Chatvert à l’angle de la rue du père Loriot et du festin de Babette »

Un certain chat semblait avoir invité tout ce qui comptait en France et en Navarre : « La vengeance est un plat qui ménage sa monture » disait le lama, « Qui vole un bœuf vole un bœuf » renchérissait la poule, « Un accusé est cuit quand son avocat n’est pas cru » psalmodiait le lama , « S’il y a des tomates Mozart est là » roucoulait Mr Perruche . « L’oignon fait la force du jet d’ail » grognait le phacochère entre deux frites au wasabi.

« Saint germain du pré vert » dit la voix de la dame-haut-parleur dans le métro.

« C’est la fin des haricots » poursuivit imperturbable la tortue
« Sortir des œufs battus » répondit madame Perruche.

« Gare du lapin de garennes-colombes » dit la voix de la dame-haut-parleur dans le métro.

grenouille

Le paresseux me mit au parfum « cela fait quelques jours que nous serrons la petite ceinture afin d’être en forme pour le banquet que donne le Chat ».

– Il est où le Chat d’ailleurs ? demanda la grenouille qui à la station d’avant était montée dans le wagon.

– Il est parti aller chercher le beurre à la Motte Piquet grenaille. Pour son célèbre plat de lasagne aux épinards…prévint la poule qui lâcha enfin son téléphone. J’ai eu Lewis Scarole à l’instant : IL VIENT !

Par l’odeur alléchés, nous nous arrêtâmes tous à « Varennes d’Oléron » et nous sortîmes tous ensemble de la bouche du métro : il neigeait mais la neige avait un peu fondu et c’était plus de la soupe de neige que de la neige.

Les invités se précipitèrent en criant « le dernier arrivé n’aura que des brocolis » alors je pris mon élan et me mis à courir mais avec mes pansements en banderoles, je finis lamentablement en glissant sur la neige fondue : Le paresseux, magnanime, m’aida à me relever en chantonnant « j’aime bien ta façon d’illustrer le proverbe « comme un cheval sur la soupe »

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Ma modeste participation à l’agenda ironique de Mars organisé par le Chat

Source des photos recadrées par mes soins

Projet 52 nuances de vert avec le thème « nourriture »

Les demoiselles de Rochechose

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Elles étaient trois soeurs presque trumeilles
nées sous le signe des merveilles
L’aînée voulait devenir vedette, frêle Primerose,
Elle rayonnait comme la chaleur du soleil.
La cadette aimait les fanfreluches, tendre Mireille,
Elle levait la main avant de chanter vers le ciel  rose
et de son arbribustier sortait des chants en prose.

Pas de nénufar dans le poumon droit de la dernière, Isabeille,
mais le dos fragilisé par une fougère-scoliose,
elle complétait le tableau de ces jeunes filles sous la treille.

Isabeille n’en était pas moins une diva de la tête aux orteils
Elle déclamait des verts, tressait des lauriers roses.
Père inconnu pour ces demoiselles, que la  mère Anna Morphose,
appelle en secret Fabre d’Eglantine, elle ose :
« L’anniversaire de mes filles tombe en nivôse, pluviôse,  ventôse  »

Ce fut à Mireille que la fortune sourit grâce à son teint (ou bien à cause)
Sous les feux des projecteurs ses branches poussèrent au soleil
Elle emmena ses soeurs dans le sillage de son talent, puce à l’oreille.
Ainsi naquit la  réputation des grâces vermeilles,
La chanteuse, la danseuse et la poétesse en prose.
Un paparazzi Joël les mit en valeur, en symbiose
Nul besoin de verres fumés pour créer le mystère  de l’osmose.

Mireille, la jeune fille s’effeuilla, il en fut tout chose
Joël appella ses trumeaux Noël  et Sixtroène, ce virtuose.
Ils tournèrent un film sans prétention « Les parapluies de Torreilles ».

Jusqu’au jour où,  Primerose  prit racine dans une jardinerie close
Amoureuse d’un fermier local aux yeux de maquereau à groseilles
Elle se barricada derrière son chapeau d’âme à fleur de pose,
Lumineuse, elle bourgeonna et rejetonna d’arbrisseaux vert bouteille
Elle oublia ses sœurs pour son Jacques demi-magicien d’Oz.

Et elles partirent  les deux sœurs restantes,  un peu moroses
Regrettant leur  étoile, le coeur gros, le coeur arraché de sa corbeille.
Leur complicité avait vécu ce que vivent les roses.

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MireilleFEMME PLANTE 3

 

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et Isabeille

 

 

 

source photos 

Les mots collectés par Asphodèle

Vedette, fragiliser, fortune, film, projecteur, fumé, paparazzi, fanfreluche, réputation, prétention, chanteur, oublier, local, gros, météorite, étoile, talent, chaleur, lumineux, diva,  barricader.

Je n’ai pas mis  météorite,

Et la Licorne nous invite à écrire un poème en « ose » « et en « eil »

 

Projet 52 Nuances de verts avec le sujet « Film»

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Je tiens à remercier Boris et Jacques sans qui ce petit texte n’aurait pas vu le jour  😉

Symphonie en vers


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Son corps vert, comme une gaine,
Sort à moitié de la Loue
Elle, mi Lorelei, mi-sirène
Ondule entre les vagues frou-frou

Le soleil luit dans ses écailles
Elle s’allonge sur la mousse,
Se réchauffe et tressaille
D’un bond, elle plonge et éclabousse

La nymphe a disparu
Verte, glissante algue-liane
Immergée dans la forêt et son rû
Cabotine comme une courtisane

Ne reste alors que l’azur
Jusqu’au moment où la Pataude
Ressort et s’allonge dans la verdure,
Bijou dans un écrin d’émeraude.

Son buste arrogant incliné
Se couvre de lierre grimpant
Elle rampe, hypnotisée,
Et s’enroule, queue de serpent.

Dans la forêt profonde
La belle arpente le Jura ;
Le soleil dans sa ronde
Est prisonnier de son éclat.

Si on croise ses yeux troubles,
Pierres dures à l’arête de cuivre,
Leurs intensités redoublent
Quand on la nomme la Vouivre.

De quelle feuille tendre,
De quelle brindille, de quelle eau,
De quel végétal peut-elle descendre ?
D’où vient le vert de sa peau ?

D’un cactus sec et piquant ?
Ou de la jade du nénufar ?
Avec sa pâleur des olives d’antan
Nul besoin de rouge ou de fard.

Cheveux de luzerne ou fougère
Glissent sur ses épaules menthe ;
Le passant elle l’enferre
de sa voix vivifiante.

Elle s’approche entre les roseaux
Sous le prétexte d’un baiser
Séduit l’amoureux, son héros
et d’un coup de rein emporte l’infortuné.

vouivre film

La vouivre

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Projet 52 Nuances de verts avec le sujet « Poésie»

Une semaine en chansons

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N’allez pas croire que j’ai baguenaudé toute la semaine et que je me suis mise à mon texte des Plumes au dernier moment. Que nenni ! toute la semaine, j’ai cherché LA chanson qui m’apporterait l’inspiration. A la fois verte (évidemment), mutine, câline, vide de mots et lourde de sens….le refrain que tout le monde a envie de fredonner ou de hurler à tue tête, en toutes circonstances, dans sa voiture ou sous la douche…..

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C’était d’ailleurs bien parti :

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Lundi, en sifflotant Gotainer et sa belle des champs, j’ai fait la liste, j’ai trouvé en furetant sur le net un peu plus de 20 chansons (*) dont 7 en français et 16 en anglais (to be green or not to be green…).
J’ai plumé aussi une trentaine d’alouette de la tête aux pieds….Dans mon délire, ces belles célestes venaient à ma rencontre. La semaine s’annonçait belle, sans nuage à l’horizon. Il me restait 5 jours pour écrire un texte mêlant flânerie et fantaisie.

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Mardi, foutu mardi, j’ai chanté ma bohème en boucle alors qu’il n’y a rien de vert dans ma bohème (celle de Charles pas celle d’Arthur (Rimbaud pas le minimoy qui lui est rouquin à costume vert comme Pygmée-Lion)). Pour me désintoxiquer de « ma bohème », j’ai essayé pendant l’après midi de passer à « ma liberté » du beau Sergio, mes collègues se sont ligués pour me faire taire, me mettant au ban de la société comme une paria . On était le 23 février et l’an dernier à la même époque je fredonnais aussi les jours de la semaine, craignant pour le peu de santé mentale qui me restait.

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Mercredi, j’ai laissé tomber ma menthe à l’eau et repris du café noir. J’ai séché la cantine pour faire une recherche sur le net au sujet de ma foule de chansons vertes qui se bousculaient au portillon, et qui en essayaient de s’agripper à ma manche en disant : choisis moi, choisis moi.
En apnée, j’ai révisé mon anglais et appris que vert se disait aussi yellow et que les compagnons de la chanson voulaient bien me faire faire un tour sous l’eau mais je suis claustrophobe et me retrouver prisonnière dans un sous marin vert (vert-yellow de surcroît) très peu pour moi.

Jeudi : je suis devenu caméléon en écoutant Pink water chez Mind. Il pouvait pas chanter Green Water Nicola comme cela j’aurais fini dans les temps (ou dans l’étang au milieu des nénufars et des libellules). Toujours jeudi, je suis devenue verte en chantant « moi vouloir être chat » en regardant cette photo chez Jacou la girondine (dit on gironde ou girondine quand on habite Bordeaux, another good question ? ). Jeudi soir, sueur froide, toujours aucune chanson verte en vue, mon enthousiasme légendaire avait du plomb dans l’aide et je broyais du vert bouteille.

CHATS VERTS

Source Photo (Sandy Skoglund)

Vendredi : Je me suis levée y croyant encore, en sirotant un thé vert (le café noir m’avait donné des aigreurs l’avant veille). J’ai dû attraper froid dans ma chemise de nuit évanescente. Entre boulot et errance, hagarde, je n’ai pas trouvé chaussure de vair à mon pied parmi toute ma précieuse liste et j’ai envoyé mon lien un peu tard (presque  21H00).
Je pense qu’Asphodèle va me chanter qu’ « elle a les yeux révolverts »

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(*) Vert de colère – Pierre Perret / Un dernier vert pour la route – Beirut / Les souliers verts – Linda Lemay / L’homme au tablier vert – Guesh Patty / Près du lac vert – Niagara / La main verte Tryo / Le rayon vert – Zenzile / Le soleil est trop vert – Ange
Green eyes – Coldplay / Green Green grass of home – Tom Jones / Green light – Beyoncé/ Green is the colour – Pink Floyd / Grass is Green – Tony Rich project / Blue in green – Miles Davis / The Green fields of France (vertes prairies?)  – Dropkick Murphys / Green – Dandy Warhols / Green fields – the brothers Four / Blue and Green – Van Morrisson / A certain shade of Green – Incubus / Green Heaven – Red Hot Chili Peppers / Green language – Nick Forte / Cristallyne Green – Goldfrapp (Ride à White horse Goldfrapp pas de vert dans ce titre mais trouver cette chanson NDT) / Green and gold -Eminem / Green grass vapor – Angie Stone

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Les mots collectés par Asphodèle

Flânerie, pacager, liberté, baguenauder, circonstance, enthousiasme, prisonnier, errance, prairie, libellule, céleste, nuage, délire, rencontre, bohème, paria, alouette, gironde, évanescent, agripper.

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Je n’ai pas mis pacager

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Projet 52 Nuances de verts avec le sujet « chanson»

et extrait pour Mind la chanson YT

 

Poulpe fiction

J’ai mis deux plombes à me préparer ce matin. Je n’arrivai pas à me raccorder, soit la prothèse refusait de rester entre mes dents, soit les filaments qui étaient sensés s’accrocher derrière mes oreilles, glissaient et faisaient un amas innommable. Ma mère tournait autour de moi inquiète, comme une moule accrochée à son rocher.
– Tu es sûre que tu veux y aller à cette immersion?
Je l’ai regardé d’un air outré : ne pas aller à l’Immersion d’Océane, ma meilleure amie, je lui devais bien cela maintenant qu’elle avait choisi de ne plus vivre parmi nous, les Rescapés.
– Tu as pris tes pastilles d’iode ? ta réserve d’oxygène complémentaire ? demanda ma mère.
– Oui, oui, fis-je en partant et refermant la porte du sas qui m’emmena vers le monde extérieur. Ma mère avait choisi de rester cloîtrée dans son appartement, à l’air filtré et irréprochable, mais je ne pouvais rester confinée dans cette atmosphère stérile. Ravitaillée par les hommes dauphins, sans contacts autres que ceux d’un écran…

J’étouffais plus à l’intérieur de ce quatre pièces qu’à l’extérieur, même avec la prothèse indispensable à ma respiration. Serrer les dents et respirer lentement, pas de gestes brusques. Le temps de survie sans le « poulpe » comme on l’appelait avec les amis étais de l’ordre de deux minutes.
Je sortis enfin. Varech m’attendait en bas de l’immeuble qui nous servait de nid.
– Prête pour la cérémonie d’immersion ? fit-il avec un pâle sourire derrière ses tentacules violets.
Son petit hors-bord pris le canal Cinq-Martins. Je remarquai alors qu’il avait lui aussi mis à prothèse neuve de pieuvre comme un hommage à Océane. Ses yeux verts pleins de larmes ne l’empêchait pas de filer bon train et les 5 kilomètres entre le bassin de la Vaudevillette et le canal de l’Orque furent parcourus en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Il faut dire qu’avec l’alerte à l’air niveau 34 qui subsistait depuis le début de cette année 2 334, peu de gens sortaient. Je m’abstins de mettre la main par dessus bord, l’eau salée pleine d’algues ne m’inspirait pas ce matin, j’étais encore hantée par la vison d’Océane qui avait retiré sa prothèse hier en criant, « mieux vaut ne plus vivre que vivre ainsi », avant de sauter de la tour Eiffelle (324 mètres dont 124 au dessus du niveau de la mer). Une mer verte qui l’avait aspirée et digérée.

 

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Michael Burton et Michiko Nitta, AlgaCulture, 2012.

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Projet 52 Nuances de verts avec le sujet « mer»

Musique…..

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Confluence de la Drôme et de Rhône – Source photo

3 juin 1944 – Loriol sur Drôme

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Samedi matin, il fait encore beau. Serein, le père Drix parcourt la campagne. Dans l’herbe verte, ses sandales battent la chamade. Il chantonne pour lui seul, sa sacoche avec le casse croûte à l’intérieur, le laisser-passer dans la poche droite. Le soleil de 8h ne lance pas encore de flamme en ce jour d’été mais cela ne saurait tarder.
Le rendez vous est pour 10h, il a le temps en marchant tranquillement d’arriver à l’heure à la clairière. Quelques kilomètres le long de la Drôme, bercé par la musique de la rivière, la même qui tonnait lors de la fonte des neiges il y a finalement peu de temps.
Les feuilles font le bruit de vagues de la mer, le matin. Aucun bruit dans la campagne à part quelques bruissements dans les buissons :  des souris bougent dans le taillis….la vie reprend ses droits avec les beaux jours…
Patient comme un escargot et lent comme une tortue, il chantonne, le père, en écoutant le souffle du vent dans le feuillage. « Mes anges dans la campagne » sifflote-t-il. Entre deux couplets, il répète intérieurement le nombre d’armes et de bâtons de dynamite qui ont été cachés. Son interlocuteur doit lui dire les points qui seront leurs objectifs dans les jours à venir. Il s’arrête pour reprendre son souffle, surprend une carpe sautant hors de l’eau, le prêtre bouche-bée, casse une branche, glisse, se rattrape in extrémis et reprend sa longue marche dans le sous bois.
Arrivé à la clairière, le Père Drix s’approche du coin d’herbe verte qu’il commence à faucher d’un geste ample, lent et sûr. Il fauche depuis 30 minutes quand l’homme sort du sous-bois, lui fait un bref signe en guise de salut et pose la question : Mon ami Robert a-t-il livré le foin ?
– « Mon cheval préfère la verdure » riposte le prêtre, sans arrêter de faucher. J’en prend aussi pour le veau. Tour de rein peut être, mais je mériterai bien un rôti conclut-il.
L’homme aide alors le prêtre, légèrement empêtré dans sa soutane, à rassembler l’herbe coupée.
– Faut qu’elle soit utile cette ross’ pour v’nir se perdre au fonds des bois pour la nourrir ! Fais z’en un pt’it tas pendant qu’j’le ficelle : grogne l’homme, rompu aux travaux des champs.
Pendant ce temps, le prêtre soliloque en fauchant : Bourg de Crest – cinq patriotes tous équipés, bourg de Luc en Diois 7 – bourg du Pouzin 4 dont un radio…… L’homme est concentré, mémorisant lieux, hommes et chiffres tout en ficelant une botte impeccable.
Au bout d’un moment, le prêtre propose de partager son casse-croûte et ils mâchent leur quignon en silence, pain goût incertain, farine mal dégrossie, gnôle, six rondelles de saucisson, bleu du Vercors.
Avant de se quitter, l’inconnu lâche : dans 2 jours, 23h00 gare de Vercheny. Prochaines instructions : un Père au quai de la gare, voie A, aura rendez vous avec une soeur.
Le moine sourit, remercie l’homme pour l’aide, charge son fardeau sur l’épaule et conclut :
– Faut qu’on rentre, on se revoit dans 15 jours si telle est la volonté de Dieu…. il est l’heure du retour du moine au logis. Saluez Robert de ma part.

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Histoire inventée à partir de « mon cheval préfère la verdure » , message du 3 juin 44 Résistance normande et jour J.Raymond Ruffin. Presses de la Cité. (Message dont on peut penser qu’il annonce la mise en œuvre du plan vert).

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Projet 52 Nuances de verts avec le sujet « musique»

Pour ceux qui aiment jouer, il y a dans ce texte 20 noms d’oiseaux cachés phonétiquement (voir ici chez la licorne les autres participants dont Célestine avec des noms de poètes et Edualc avec des noms de cours d’eau.)

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