Enigme 5/15 – La ronde de la jument

Bonjour à tous et à toutes,

Comme l’an dernier, j’ai eu envie de jouer autour des livres. Le but du jeu est de trouver des titres de livres, leurs auteurs et le point commun entre les livres.

Voici la cinquième énigme :

Pour participer, il faut laisser votre ou vos réponses en commentaires. Chaque bonne réponse vaut un point pour  TOUTES LES PERSONNES  ayant trouvé : Pas besoin d’arriver le premier pour remporter un point donc 🙂

Vous pouvez faire juste une proposition, ou deux ….ou …six…jusqu’à dimanche soir…

Courant février, nous connaîtrons les vainqueurs de ce jeu 🙂

Bon weekend  à tous

Mise à jour du 3/12/2019 : réponse en image 🙂

 

Que lire un 29 novembre ?

29 novembre 2011

Ces jours sont les plus courts de l’année. N’aurait-on pas droit à un peu de lumière ?
Deb range le téléviseur et le magnétoscope à l’arrière de son pick-up, et descend au pied de la montagne les installer chez Hazel. Elle a loué L’insoutenable légèreté de l’être, qu’elle n’a pas revu depuis vingt ans. Vale et elle ont besoin de quelque chose d’exaltant, qui les transporte. Dev veut remonter le temps et s’identifier à Sabina, artiste mélancolique, bohémienne et solitaire par choix ; voir un film sur une période terrible de l’Histoire et se rappeler comment on survit à une tragédie. L’art comme modèle.
« Ça, tu connais ? » demande-t-elle comment Vale arrive.
La jeune femme secoue la tête.
Deb met des olives dans un bol. Leur sert à chacune un verre de vin français. Vale prend le sien. Hume le bouquet. Sourit et dit : « Éclaire ma lanterne. »
Ne voulant pas réveiller Hazel, elles s’asseyent à la table de la cuisine pour regarder le film. Tout se passe pendant l’invasion des chars soviétiques à Prague en 1968. Sexualité, politique, capacité des individus à se rencontrer dans l’obscurité. Sur l’écran : Léna Olin dans le rôle de Sabina, qui se déshabille, un chapeau sur la tête. Juliette Binoche jeune, qui photographie l’occupation soviétique. 1968 : à plus d’un titre, Deb regrette le sentiment d’urgence qui régnait cette année-là. Sa pleine conscience des buts qu’elle poursuivait alors, de la voie qu’elle avait choisi de suivre. L’élan de résistance – contre la guerre, contre le racisme – de toute une génération, son engagement politique.

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Les femmes de Heart Spring Mountain – Robin MacArthur

Le tour du monde du roi Zibeline – Jean-Christophe Rufin

La nature m’a donné ce grand corps que vous voyez et une attention fraternelle à tous, que je dois sans doute beaucoup à Bachelet. Cette complexion a du bon : j’entraîne sans effort ceux qui sont placés sous mes ordres, j’attire une sympathie naturelle dans les groupes, je suis vite porté, dans l’action, à marcher devant et à parler pour les autres. L’inconvénient est que je ne saurais passer inaperçu. Et lorsque, comme à Kazan, j’évolue dans un milieu surveillé, c’est inéluctablement moi que l’on repère et que l’on identifie comme un meneur.
Quand la conjuration, par le fait de querelles personnelles, eut été dénoncée au gouverneur, celui-ci décida de couper des têtes, et plaça la mienne en premier. Il donna l’ordre de se saisir de moi. On était en novembre. Il faisait nuit. L’orfèvre, mon logeur était couché. J’avais fait allumer un bon feu et je lisais pour la dixième fois peut-être une traduction polonaise de Robinson Crusoé qu’Oleg avait pu conserver avec lui. On frappa. Je descendis ouvrir, vêtu d’une chemise de nuit et d’un sous-vêtement de flanelle.
Un officier me demanda si le comte Benjowski était là. J’eus un instant d’hésitation puis lui répondis qu’il dormait en haut, dans sa chambre. L’officiel prit la chandelle que j’avais à la main et se précipita dans l’escalier avec sa garde. J’en profitais pour filer. J’allais réveiller Oleg. Il s’habilla à la hâte, me prêta une veste trop petite et, ainsi vêtu, je l’accompagnai dans les rues désertes jusqu’à la sortie de la ville. Dans un village alentour, nous obtînmes d’un paysan qu’il nous vendît – trop cher – des chevaux. La nuit était froide et claire. Au lourd galop de nos bêtes de labour, nous nous élançâmes sur la route de Moscou qu’éclairait une lune presque pleine. Nous savions qu’un des nobles russes conjurés était le maître un domaine dans cette direction. Nous avions eu l’autorisation de nous y rendre un après-midi quelques semaines plutôt. L’entrée de l’allée qui y menait était marquée par un grand cèdre que nous reconnûmes sans peine. La vaste maison était plongée dans l’obscurité et lorsque nous battîmes au portail, nous entendîmes tout un remue-ménage. On se m’était sur le pied de guerre. Le seigneur devait craindre une descente de police. Quand il ouvrit une fenêtre et aperçut deux hommes sans armes dont l’un vêtu d’une chemise de nuit et chaussé de pantoufles, tenant par la bride deux épaisses rosses de labour, il eut une expression si empreinte de stupéfaction que, malgré le danger, nous éclatâmes tous de rire.

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Le tour du monde du roi Zibeline – Jean-Christophe Rufin

Que lire du 26 au 30 novembre ?

CALENDRIER DES EVÈNEMENTS

Lundi 26 novembre après-midi : Priscilla Leister Partido se rendit dans le quartier Ballard de Seattle, où, malgré ses coups de poings, ses coups de pieds et ses hurlements qui exaspérèrent les cœurs affaiblis de tous les Norvégiens âgés du voisinage, Ricky Sinatra refusa de la laisser entrer dans son duplex.
Lundi 26 novembre, début de soirée : Priscilla s’adressa à la police qui l’informa qu’ils ne pouvaient rien faire sans mandat. Le juge qui était de permanence refusa de signer un mandat de perquisition ordonnant aux autorités de rechercher une vieille bouteille de parfum dont la propriétaire ne pouvait prouver qu’elle lui appartenait bien, bouteille qui, selon les déclarations de la plaignante elle-même, ne contenait que quelques gouttes de parfum, et qui avait été dissimulée, avant sa prétendue disparition, dans une boîte de Kotex.
Lundi 26 novembre au soir : Priscilla résista à l’envie d’appeler Wiggs Dannyboy, craignant qu’il mette en doute son histoire.
Mardi 27 novembre dans la matinée : Priscilla alla voir un avocat. Celui-ci téléphona à Ricki, qui l’assura qu’elle n’avait aucune bouteille de parfum, qu’elle n’en portait jamais, qu’elle n’était pas au courant de l’existence de l’antique bouteille en question (n’ayant, au cours de ses nombreuses visites dans l’appartement de la cliente, ni vu, ni entendu parler d’une telle bouteille), et qui invita l’avocat à venir en personne fouiller son duplex, sa voiture et son casier au Ballard Athletic club. L’avocat fut convaincu que Ricki disait vrai.
Mardi 27 novembre, début de soirée : Ricki, la barmaid, et Priscilla, la serveuse, se lancèrent des noms d’oiseaux dans le salon-bar du El Papa Muerta, la serveuse qualifiant la barmaid de « gouine voleuse et revancharde », et la barmaid traitant la serveuse de « menteuse, infidèle, traînée maladroite ». Des collègues durent les séparer et elles furent réprimandées par la direction.
Vers minuit, mardi/mercredi 27/28 novembre : Priscilla trouva un billet sous sa porte, l’invitant pour le dîner de Thanksgiving donné à la fondation Qui rira le dernier en l’honneur du célèbre parfumeur français Marcel LeFever et du Docteur Wolfgang Morgenstern. Le billet, tapé à la machine, était très formel, mais il portait en signature un gribouillage des plus excentriques, ressemblant à des traces qu’auraient laissées la queue boueuse d’un buffle d’Asie : « Grosses bises, Wiggs. »
Mercredi 28 novembre, début de soirée : À la suite d’un second échange animé au El Papa Muerta, au cours duquel la serveuse Priscilla exigea plusieurs fois que la barmaid Ricki lui rende une bouteille de parfum dérobée, la serveuse Priscilla fut renvoyée. Elle fut raccompagnée à la sortie et informée qu’elle devait rendre sa robe style marin dans les vingt-quatre heures sous peine de poursuites. La serveuse Priscilla proposa d’enlever l’uniforme sur-le-champ, mais le directeur, en dépit d’une certaine titillation lubrique, insista pour que la robe soit nettoyée d’abord, étant donné qu’elle était généreusement mouchetée de salsa suprema. « C’est du ketchup, vous le savez parfaitement », lui répondit Priscilla.
Mercredi 28 novembre au soir : Priscilla fit un arrêt au Bar & Grill chez Ernie Steele où elle entreprit de s’enivrer suffisamment pour oublier où elle avait garé son vélo (qu’elle abandonna ensuite), mais pas au point de céder au désir brûlant d’appeler le Dr Dannyboy.
Vers minuit, mercredi/jeudi 28/ 29 novembre : Priscilla rentra chez elle à pied (et en chancelant) et trouva un nouveau message, qui l’informait cette fois qu’en arrivant à New York Marcel LeFever avait appris le décès de son oncle, Luc, le patron des parfums LeFever, et était rentré de toute urgence à Paris. Le dîner de Thanksgiving était annulé. Wiggs ajoutait qu’il espérait néanmoins voir Priscilla bientôt. Le message était accompagné d’une betterave. La betterave était accompagnée d’un arôme paillard. Priscilla lança la betterave de toutes ses forces à l’autre bout du couloir. Elle heurta la porte d’un innocent locataire, interrompant probablement un monologue de Johnny Carson.
Jeudi 29 novembre au matin : Priscilla s’affala sur le canapé, s’affalant par la même occasion dans une congère de neige noirâtre ; s’enfonçant dans la paisible vie nocturne d’une ville de laine, une Venise souterraine inondée d’encre où l’on parlait un langage de bulles, et où les malheurs comme des meubles dans un entrepôt, sont recouverts d’épais couvre-lits bleus.
Jeudi 29 novembre dans l’après-midi : le groupement funèbre d’une centaine de millions de sacrifices pour Thanksgiving ne parvint pas à la réveiller.
Vendredi 30 novembre au matin : toujours endormie.
Vendredi 30 novembre dans l’après-midi : même chose.
Vendredi 30 novembre au soir : Priscilla fut ramenée à la surface par des coups frappés à sa porte. Elle se leva, s’étira et alla ouvrir à Wiggs Dannyboy. Elle accueillit d’un baiser. L’intérieur de sa bouche était aussi blanc que celui d’un serpent des marécages. Cela ne le gêna pas, apparemment ; au contraire, de sa langue vive et fraîche il caressa celle de Priscilla, chargée et plutôt léthargique. Lui enlevant son collant, il la prit à même le sol, alors qu’elle était encore vêtue de sa robe style marin. Revigorée maintenant par quarante heures de sommeil et un orgasme a lui ébranler la colonne vertébrale, elle avait du mal à croire à la sensation de bien-être qui l’envahissait. Elle était étendue dans les bras de Wiggs ronronnant comme une Rolls-Royce qui vient d’apprendre que, finalement, elle ne sera pas vendue à un Arabe.

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Un parfum de jitterbug  – Tom Robbins 

Mr Roger et moi (ou La petite et le vieux) – Marie-Renée Lavoie

Genre : chronique quotidienne à hauteur d’enfant

Hélène a huit ans. Elle vit au Québec dans les années 80, avec ses parents et ses 3 soeurs plus jeunes qu’elle.
J’ai beaucoup aimé le ton cette petite fille grandie trop vite. En parallèle de sa vie quotidienne et de son regard sur le monde, elle nous fait part de sa passion pour un dessin animé « lady Oscar »
En deux mots Lady Oscar est une jeune fille qui vit en France au XVIIIème siècle et qui « sauve » régulièrement Marie Antoinette des plus grands périls, tout cela en se déguisant en garçon. Inutile de dire que Hélène s’identifie totalement a cette héroïne, au point qu’elle choisit de se donner un nom de garçon : Jo.
Au début du livre, elle mentionne le fait qu’ils appartiennent à la classe moyenne. Pour ma part, je trouve plutôt qu’ils sont à la limite du seuil de pauvreté (pas d’argent pour payer les soins de base chez le dentiste, les repas sont également frugaux, seul le père travaille en tant qu’enseignant).
Alors Hélène ment sur son âge et affirme qu’elle a dix ans et distribue des journaux a 6h00 du matin avant d’aller à l’école.
A 12 ans, elle ment sur son âge pour devenir serveuse à la salle des fêtes de son quartier (avec quelques scènes de bingo mémorables). Elle fait également un portrait touchant de ses parents et de leurs difficultés économiques, mais ceux-ci dispensent à elle et ses sœurs une attention de tous les instants, parfois rude mais en même temps bien bienveillante.
Quant au Mr Roger du titre, il s’agit de son voisin : le vieil homme attend sa mort : dit comme cela ce n’a pas l’air très réjouissant mais c’est sans compter sur le talent de Marie Renée Lavoie : les réflexions sont naïves parfois mais sonnent justes, les dialogues teintés de québécois font mouche.

En conclusion : un excellent roman de passage à l’âge adulte

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Québec à l’honneur chez YueyinKarine:), et Madame lit 

Que lire un 24 novembre ?

Thanksgiving tombe chaque année le quatrième jeudi de novembre et tomberait cette année là le 24 novembre. Tous les inspecteurs de la brigade voulaient être libres parce que, à la différence de Noël ou de Yom Kippour, Thanksgiving est une fête pour les gens de toutes confessions.
Au 87e, on connaissait un commissariat où travaillait un inspecteur indien. Un Indien de l’Inde. On se l’arrachant avant Thanksgiving car il ne vivait aux États-Unis que depuis quatre ans – après avoir été capitaine de police à Bombay-, il ne comprenait pas les usages des indigènes et ne fêtait pas Thanksgiving.
Il n’y avait pas d’inspecteur indien au 87e district.
Il y avait bien un flic d’origine japonaise mais il était né en Amérique, connaissait tout sur Thanksgiving et personne n’aurait osé lui demander de renoncer à la dinde aux airelles qu’on mange traditionnellement ce jour là.
Personne, sauf l’inspecteur Genero.
– T’es bouddhiste, non ? lui demanda Genero.
– Non, catholique, répondit Fujiwara.
– De toute façon, c’est une fête laïque.
– Où tu veux en venir ?
– Je suis de service demain et j’aimerais permuter avec toi, expliqua Genero.
– Non.
–Mais vous ne fêtez pas Thanksgiving, vous autres, non ? Les bouddhistes, je veux dire.
– Va te faire foutre, répondit Fujiwara.

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Huit Chevaux noirs – Ed McBain

Par une nuit obscure je sortis de ma maison tranquille – Peter Handke

Un petit livre 200 pages
Les 100 premières sont passionnantes, le reste m’a semblé confus et m’a perdu.
Dans le début, nous faisons connaissance avec un homme (qui ne sera pas nommé, pas décrit)
On sait juste qu’il est pharmacien, qu’il vit dans la même maison que sa femme mais chacun dans sa partie de maison et qu’il a deux enfants adultes : un fils qu’il a « chassé «  et une fille, elle aussi pharmacienne et mariée à un pharmacien.
La description de ce lieu, Taxham, est assez envoûtante : un endroit isolé du monde moderne, tout en étant dans une enclave entourée d’un aéroport et d’importants moyens de communications, étrange.
Un jour d’été, ce pharmacien devient muet et part de chez lui : il rencontre deux autres hommes, un s’appelle « le poète » et l’autre appelé « le sportif « .. ils partent vers le Sud et se retrouvent en Espagne dans une ville étrange où bat une fête bizarre …
C’est à partir de ce début de road movie que j’ai peu au peu perdu pied : trop onirique ou conceptuel pour moi. Où l’auteur veut il en venir ? Mystère ! Un rendez vous manqué avec ce tout récent prix Nobel . Il me restera quand même en tête la première moitié, très belle sur l’incommunicabilité dans le monde moderne…

Un extrait

Au temps où se passe cette histoire, même les débouchés de chemins isolés, comme celui sur lequel ils se trouvaient, donnaient par un rond-point sur une route de campagne aussi petite et à l’écart qu’elle pût être et cela sur le continent tout entier.
Cette circulation en rond continuait sur les grandes routes et même beaucoup plus fréquemment, parce qu’il y avait un bien plus grand nombre d’accès. À peine s’était-on habitué à aller tout droit en s’ imaginant aller enfin vers un but, que déjà il fallait laisser un de ces ronds-points derrière soi, puis encore un et ainsi de suite.
Et à la fin d’un pareil voyage, eût-il duré la journée entière, on pouvait bien avoir perdu le sens de la direction dans laquelle on était allé ou même simplement l’impression d’avoir voyagé. C’était plutôt un vertige qui s’ installait comme après une trop longue partie de tours de manège, qui se serait terminée à l’arrivée dans un tout autre pays, à peu près à l’endroit même où elle avait débuté.
Une telle arrivée à une destination prétendument lointaine avait de quoi donner non seulement le vertige, mais aussi de quoi dégoûter de tout voyage ou même d’un simple départ, de quoi donner le mal du voyage – ce qui était pire encore que le mal de mer –, de faire prendre en horreur toute forme de déplacement.
De plus, du temps où se déroule cette histoire, il n’y avait plus guère de cols élevés à franchir en automobile. La plupart des cols d’Europe étaient pour ainsi dire hors service et, en règle générale, même les plus utilisables, à cause de chutes de pierres ou des masses végétales non évacuées. Au lieu de franchir le continent sur les hauteurs, par les cols, on le traversait presque exclusivement, en bas, par des tunnels aussi nombreux entre-temps que les ronds-points. Bien que les frontières d’État se fussent multipliées – il y en avait plus que jamais -, celles-ci restaient imperceptibles, quelque part, au milieu d’un de ces tunnels, d’autant plus que tous les contrôles frontaliers avaient été supprimés et qu’on ne voyait plus aucun douanier nulle part.
Ce tunnelage du continent contribuait à donner au temps passé en route quelque chose d’un voyage en train fantôme, on semblait descendre juste à côté de là où on était monté. Parti pour l’aventureux et grand pays étranger, on se retrouvait à la fin à sa propre porte, avec le heurtoir et un monogramme semblable sur l’essuie-pieds, dans une rue presque identique à celle dont on a depuis si longtemps chez soi l’habitude en ville, en banlieue ou à la campagne : on sort du tunnel et on est à la maison – où peut-être on ne voulait plus jamais retourner.
P 93

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Livre lu dans le cadre des « feuilles allemandes » organisées par Eva

Enigme 4/15 – La ronde de la jument

Bonjour à tous et à toutes,

Comme l’an dernier, j’ai eu envie de jouer autour des livres. Le but du jeu est de trouver des titres de livres, leurs auteurs et le point commun entre les livres.

Voici la quatrième énigme :

Pour participer, il faut laisser votre ou vos réponses en commentaires. Chaque bonne réponse vaut un point pour  TOUTES LES PERSONNES  ayant trouvé : Pas besoin d’arriver le premier pour remporter un point donc 🙂

Vous pouvez faire juste une proposition, ou deux ….ou …six…jusqu’à dimanche soir…

Courant février, nous connaîtrons les vainqueurs de ce jeu 🙂

Bon weekend  à tous

Edit du 25/11/2019 la réponse en image

Que lire un 22 novembre ?

22/11/63 (jeudi)
Prendre un petit déjeuner m’alléchait autant que de dîner la veille, mais à 11h, j’ai eu désespérément besoin d’un café. Au moins d’une cafetière pleine. J’ai attrapé un de mes nouveaux livres de poche – Claque la grande porte, il s’appelait – et j’ai roulé jusqu’à Happy Egg sur la route de Braddock. Le téléviseur était allumé derrière le comptoir et j’ai regardé un reportage d’actualité sur l’arrivée imminente de Kennedy à San Antonio où il devait être accueilli par Lyndon et Lady Bird Johnson. Également de la partie : le gouverneur John Connaly et son épouse Nellie.
Une correspondante à la voix tellement excitée qu’on aurait dit qu’elle allait se pisser dans la culotte, commentait les images de Kennedy et son épouse traversant le tarmac de L’armée de l’air d’Andrews à Washington pour rejoindre l’avion présidentiel bleu et blanc. Elle s’extasia sur la nouvelle coiffure « si mignonne » de Jacky, mise en valeur par un « petit béret noir désinvolte », et sur les lignes harmonieuses de son «ensemble robe et chemisier ceinturé, oeuvre d’Oleg Cassini, son couturier préféré ». Cassiny était peut-être bien son couturier préféré mais je savais que Mrs. Kennedy avait emporté une autre tenue dans l’avion. Le couturier en était Coco Chanel. Il s’agissait d’un tailleur en lainage rose agrémenté d’un col noir. Et bien sûr il y avait un petit bibi rose assorti. Le tailleur serait bien assorti aussi avec les roses qu’on allait lui offrir à Love Field, mais certainement moins avec le sang qui souillerait sa jupe, ses bas et ses souliers.

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22/11/63 – Stephen King

Que lire un 21 novembre ?

Beyrouth à l’époque avait un modeste réseau de trams, qui, bien entendu, disparut quand la ville décida de se moderniser dans les années soixante et soixante-dix. Une ligne s’arrêtait à deux immeubles seulement de son hôpital. Malheureusement pour Hannah, la ligne ne desservait pas sa maison. Il lui fallait marcher dix minutes jusqu’à l’arrêt du tram, ce qu’elle refusait de faire, tant elle avait honte de sa claudication.
Beyrouth dispose d’un autre système pour le transport de ses résidents, un système non public qui est né en même temps que les premières automobiles. Les Beyrouthins appellent ça un « service» (prononcé à la française et non pas à l’anglaise).
Il s’agit d’un système bon marché de taxi officieux. Les clients se tiennent sur le bord de la route, les voitures de «service» ralentissent à l’approche, et le conducteur décide si oui ou non il fera monter la personne. Pour une somme modique, on peut aller n’importe où en ville, du moment que votre destination correspond à l’itinéraire du conducteur. La plupart des voitures peuvent accueillir cinq passagers, deux à l’avant, à côté du conducteur, et trois à l’arrière.
En 1944, quiconque ayant une voiture pouvait prendre des passagers, mais à un moment donné, dans les années cinquante, il fallut obtenir une plaque minéralogique particulière, de couleur rouge, pour pouvoir faire le taxi.
En 1944, aucune femme respectable n’utilisait de «service». On ne pouvait savoir avec qui il faudrait partager la voiture, ou, pire, si le conducteur ne risquait pas de tenir des propos déplacés. Une femme respectable évitait les «services». Pas Hannah.
Entre être vue en train de marcher et être vue en train de prendre un « service », le choix était clair. C’était toujours la deuxième option, mais elle payait systématiquement double tarif pour ne pas avoir à s’asseoir à côté d’un inconnu. Elle ne voulait pas s’asseoir à l’avant, à côté du conducteur. Elle prenait place à l’arrière. Elle s’installa à l’arrière et payait pour deux places, de manière qu’une seule personne partage la banquette avec elle, et cette personne serait assise à l’autre fenêtre. Elle estimait que c’était là une solution chaste et convenable.
Son système fonctionnait. Pendant deux mois, elle n’eut pas un seul problème, pas le moindre. Elle s’était préparée aux remarques narquoises ou lubriques de l’un des chauffeurs ou de l’un des passagers, mais aucune ne fut prononcée. Les Beyrouthins, semble-t-il, étaient des gentlemen, du moins auprès d’elle. Elle se disait que l’uniforme jaune impeccable de l’hôpital, et tout particulièrement la charlotte en papier dont elle se coiffait, avait beaucoup à voir avec le respect qu’on lui témoignait. Chaque matin elle partait de chez elle et attendait brièvement sur le bord du trottoir qu’un « service » apparaisse. Elle ne montait pas dans une voiture dans laquelle il y avait plus d’un passager à l’arrière. Elle arrivait à l’hôpital à peine vingt minutes plus tard. C’était facile.
Elle eut son premier problème le 21 novembre 1944, jour qu’elle allait considérer comme le plus beau de sa vie, le plus heureux. (P 159)

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Les vies de papier – Rabih Alameddine