Victor-Flandrin fut reçu par le marquis qui lui fit l’honneur de visiter son jardin, ses serres, son immense volière peuplée de chouettes effraies, et ses écuries. C’étaient en effet tout ce dont le marquis étaient le plus fier. Ses arbres centenaires écrasant de leurs ombres bleu nuit ou pourprées l’ombre grisâtre et dérisoire des visiteurs de passage ; ses fleurs exotiques aux pétales charnus comme des langues sucrées ; ses effraies au plumage aussi clair qu’étaient sombres leurs cris ; et par-dessus tout ses chevaux. Ceux-ci avaient le privilège de partager la lettre initiale du prénom de leur maître. Le marquis les présenta un à un à son hôte ; il y avait Amour-Acrostiche, Atlas-Ambassadeur, Abîme-Apostolique, Alarme-Arabesque et Absinthe-Abeille. Et ils étaient si fins, si élancés, que Victor-Flandrin en fut émerveillé. Tant de délicatesse en un animal le surprenait, lui qui n’avait jamais connu que les chevaux de trait et les boeufs de labour.
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Le livre des nuits – Sylvie Germain
Je suis toujours étonnée par la richesse du vocabulaire de cette auteure, sa capacité à nous montrer les lieux et les êtres. Merci Val, belle journée
Je rejoins l’étonnement de dominicano ; c’est même presque trop riche pour moi, trop précis ; un peu de flou me plait plus, qui laisse respirer et permet d’imaginer. En tout cas merci Val (et les prénoms des ch’vaux sont Absolument Aimables)
Un étonnement également pour moi 🙂
Bisess Dominique 🙂
Nan mais là ça devient de la chance de trouver un extrait canassonier…pas possible Val 😀
Extrait canassonier … J’aime bien ce terme 💚
Bonne journée Mind 🙂
Le terme est un peu cavalier, j’en conviens, mais je le trouve galopant… 😀
Galopons galopons , la semaine est courte … On ne devrait pas finir trop essoufflés 🙂
Bisesss Mind
Houlà, je pars déjà harassé…je ne présume pas de la fin de la semaine ! Warf 😀
Plus que trois jours (lol) 🙂
Belle découverte car après recherche autour du prénom du marquis qui n’a que la première lettre citée, voilà que je découvre ceci :
514 : Épiphanie de la porosité humaine
« La « porosité » est l’état de ce qui présente une multitude de petits trous, d’interstices, d’espaces vides dans une substance. Le mot « pore » désigne notamment chacun des minuscules orifices de la peau et vient du grec « poros », signifiant le passage. La révélation de l’existence du vide, de lacunes en l’homme, ouvre un possible passage à la grâce. »
Ici : http://tempszero.contemporain.info/document996
Superbe.
Merci Jo pour ce lien très érudit (j’en ai li la moitié – partie sur le livre des nuits)
Un livre très riche et aux multiples ramifications …
Bon jeudi 🙂
C’est drôle l’extrait que tu as choisi ne semble pas sortir du même livre que celui choisi par Asphodèle…
J’aime beaucoup les prénoms des chevaux.
Bisous chère Val
¸¸.•*¨*• ☆
Célestine, parce que ce livre justement est d’une richesse infinie, il effleure ou plonge dans des univers incroyables et parfois différents en fonction des époques qu’il traverse !
Un livre qui s’étend sur le destin d’une famille sur une centaine d’années …d’où ton sentiment je pense …
Bisesss Célestine 🙂
Val je n’avais pas noté ce passage et en te lisant, le contexte me revient ! Il faut dire que ce livre est « dense »…malgré sa tristesse ! 😉 gros bisous 🙂
Je crois que dans mes souvenirs ce sera la tristesse qui prédominera …
Je vais essayer de trouver plus gai avec cette auteure 🙂
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