Rosalie – Fille de feu

Braises

Braises (Photo credit: Seguromy)

Tu es la première flamme, la toute belle

Non pas fille-cigogne mais fruit de passion

Silhouette svelte, peau pomme-cannelle

Mi-lune mi-soleil, chrysalide et papillon

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Tu as fait du doux foyer un âtre de paix

Avec tes rires, jolie fille aux amulettes ;

Tes yeux de braise et tes bonds de poney

T’ont valu, grain de sable, le surnom de Ponette.

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Vers le monde fascinant, ta danse syncopée,

Tu cours, train d’enfer, vers ta treizième année,

Tu te brûles au jeu de l’humour et du hasard;

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Chaleur intense, tu arrives, purifiée, sans fard,

Feu sous la glace et de tout bois, fragile brindille,

Comme secousse de volcan, Rosalie,ma fille.

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Les mots collectés par Asphodèle

Chaleur – soleil – jeu – atre – glace – bois – passion – fascinant – brûler – enfer- flamme braise – purifier – intense  – syncopé – sable – secousse –

Mishima – Chevaux échappés

Il lui semblait perdre pied, et tel celui auquel s’agrippe quelqu’un qui se noie, il étendit les mains pour se protéger et serra Makiko dans ses bras.
Il la tenait étreinte, mais ce qu’il sentait sous son vêtement léger n’était autre que la raideur de son obi, épais, sanglé, avec ses tours superposés et son noeud volumineux. C’était là quelque chose qui semblait l’éloigner davantage de Makiko qu’avant de l’avoir enlacée. Pourtant, ce qu’Isao ressentait de la sorte c’était la réalité inhérente à toutes les représentations qu’il se faisait d’un corps de femme. Aucune nudité ne pouvait sembler plus totalement nue.
Dès lors, ce fut un ravissement. On eût dit, brusquement, l’étalon qui s’échappe en brisant son licol. Une vigueur sauvage pénétra ses bras qui tenaient cette femme. Il la serra davantage, sentant leurs deux corps vibrer comme le mât d’un vaisseau qui tangue.

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Mishima – Chevaux échappés

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Sur une idée de Chiffonnette

citation

Une petite page de pub

olivia-desir-histoire
Suite à mon histoire  de la semaine dernière sur le père Noël, j’ai reçu une proposition pour une intervention chez un opérateur de téléphonie mobile (que je ne citerai pas, secret professionnel oblige). La lettre m’indiquait une adresse dans Paris 10ème, rue des petites écuries, un nom de rue qui fleure bon l’odeur de crottin frais comme j’aime.
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Je me présentai donc ce mercredi à la dite adresse. C’était le branle-bas de combat. Il y avait un monde fou : des caméras et leur cameraman, des photographes, des cascadeurs, des journalistes, des jongleurs de téléphones mobiles, des maquilleuses, des vendeurs de hot-dog, des badauds et des curieux. En bref une expérience sensorielle comme j’en ai peu connu!
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Je fus accueillie par une charmante jeune femme avec une robe trapèze ultra courte qui m’a très gentiment expliqué mon rôle. J’allais être « conseillère technique animalière » pour la scène avec le cheval. Je me voyais déjà non pas en haut de l’affiche mais au moins comparée à Mario Luraschi voire à Bartabas. J’ai eu tout de suite le coup de foudre pour le cheval en question. Il était de la blancheur d’un cygne, une ossature à la fois robuste et légère, une robe lisse et bien brossée. Il avait un peu été déguisé en licorne pour les besoin du film…. Une pure merveille. Je lui ai chuchoté à l’oreille  : « Comment t’appelles tu ? « 
Il n’a pas eu le temps de répondre que la scripte me prévenait que le cheval était un peu dur de la feuille et n’en faisait qu’à sa tête, son comportement était celui d’un trouble-fête : il avait déjà mis par terre trois cascadeurs….. d’où la nécessité d’un dresseur et il s’appelait Canson de la Papeterie.
Son museau était plus doux que du papier de soie justement et nous avons commencé une grande discussion (j’ai bien vu qu’il avait un type légèrement asiatique, le Canson,  et je parle couramment japoney)
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A un moment, un homme  a hurlé dans un mégaphone que c’était l’heure de la séance avec le bourrin.
Là je me suis dit que c’était normal que le cheval se soit vexé. S’entendre appeler « Bourrin » cela vous plairait à vous ? Alors que Canson avait l’air motivé et prêt à se plier en quatre pour tourner cette pub !
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Je me suis approchée d’Aldo,le cascadeur, que j’avais vu faire des acrobaties, juste avant sur la fusée, et j’ai écouté attentivement les consignes.
Le chef opérateur disait : « On fait d’abord un plan large et ensuite on zoome ! toi, Valentyne, il faut juste que tu fasses galoper le cheval au bon moment (pour cela j’avais hérité d’une botte de carottes à lui agiter sous le nez avec une sorte de canne à pêche télescopique (on ne la voit pas sur la photo, quel prodige ils ont réalisé en postprod quand même)
Le chef de plateau a poursuivi : « A un moment on va mettre les gaz et il faudra donner l’illusion d’un galop aérien. Tu as tout compris ? Il faut le stimuler à la fois avec la voix et avec les carottes »
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J’ai hoché la tête et Canson de La Papeterie aussi pour prouver qu’on était complices.
Aldo, le cascadeur, avait l’air un peu démoniaque avec son déguisement de  rouge et bleu en strass, mais je crois que c’est juste parce qu’il a plus l’habitude de chevaucher des fusées que des chevaux……
D’un bond, Aldo est monté sur Canson à califourchon. J’ai agité mes carottes comme une pom-pom girl pour mettre Canson au galop. Il a été très coopératif jusqu’au moment où le cascadeur a un peu reculé (pas terrible au niveau de l’assiette ce monsieur) et c’est là que Canson a craqué : le poids du cascadeur a du lui froisser un muscle à moins que ce ne soient les flammes de la fusée qui lui ont chamboulé son imagination fertile. Je ne vois que cela pour transformer un cheval si calme en furie déchaînée. Canson a rué comme un cheval de rodéo et Aldo a fait un très joli vol plané ; il est tombé dans un bac d’orangers avec un grand craaaaaaaaaaac. Je me suis retrouvée également les 4 fers en l’air dans l’affaire .
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J’ai entendu le cascadeur reprendre ses esprits et  grogner en recrachant ses dents : « où la la la la donn…..moi un …..asme ! »  Je me demandais bien ce qu’il voulait ce pauvre homme sans dents? un ectoplasme? un orgasme? Un phasme?

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Le temps que je me redresse et reconnecte mes neurones,  j’ai enfin compris. il voulait un cataplasme sur ses plaies et bosses ! alors j’ai essayé de lui rendre service en attendant l’arrivée des pompiers….
Et Canson me direz vous qu’est il devenu ?
Je ne sais pas: la dernière fois que je l’ai  vu il trottinait sur les toits de Paris comme un équilibriste !
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 Les mots collectés par Olivia
 
orgasme – sensoriel – stimuler – imagination – histoire – comportement – trouble – démoniaque – (à) califourchon – acrobatie – trapèze – équilibriste – jongleur – large
 

La montre – Théophile Gautier

jeudi-poesie

Allez chez Asphodèle lire les trouvailles des autres participants 😉

La montre

Deux fois je regarde ma montre,
Et deux fois à mes yeux distraits
L’aiguille au même endroit se montre ;
Il est une heure… une heure après.
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La figure de la pendule
En rit dans le salon voisin,
Et le timbre d’argent module
Deux coups vibrant comme un tocsin.
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Le cadran solaire me raille
En m’indiquant, de son long doigt,
Le chemin que sur la muraille
A fait son ombre qui s’accroît.
,
Le clocher avec ironie
Dit le vrai chiffre et le beffroi,
Reprenant la note finie,
A l’air de se moquer de moi.
;
Tiens ! la petite bête est morte.
Je n’ai pas mis hier encor,
Tant ma rêverie était forte,
Au trou de rubis la clef d’or !
;
Et je ne vois plus, dans sa boîte,
Le fin ressort du balancier
Aller, venir, à gauche, à droite,
Ainsi qu’un papillon d’acier.
,
C’est bien de moi !Quand je chevauche
L’Hippogriffe, au pays du Bleu,
Mon corps sans âme se débauche,
Et s’en va comme il plaît à Dieu !
,
L’éternité poursuit son cercle
Autour de ce cadran muet,
Et le temps, l’oreille au couvercle,
Cherche ce coeur qui remuait ;
,
Ce coeur que l’enfant croit en vie,
Et dont chaque pulsation
Dans notre poitrine est suivie
D’une égale vibration,
,
Il ne bat plus, mais son grand frère
Toujours palpite à mon côté.
– Celui que rien ne peut distraire,
Quand je dormais, l’a remonté !

,

Théophile Gautier

HippogriffEsource Photo : Wikipedia

Les racines du ciel – Romain Gary

RACINES CIEL

Tchad – 1956
Après avoir survécu à deux ans de camp de concentration en Allemagne durant la seconde guerre mondiale), Morel s’est mis en tête de sauver les éléphants en Afrique. Dans les années 50, tous les ans, 30 000 éléphants sont tués (par les blancs dans de gigantesques chasses pour l’ivoire, par les hommes qui capturent des éléphants pour les envoyer dans des zoos en Europe, par les fermiers sous prétexte que les éléphants détruisent les cultures, par les africains qui mangent cette viande)
Tour à tour différents narrateurs vont expliquer comment ils voient Morel.
Minna, une jeune Berlinoise traumatisée par la guerre, lui vient en aide et le suit dans son épopée. Le Tchad a ce moment fait partie de l’A.E.F (Afrique équatoriale française). Le gouverneur Schlöscher pense que Morel est peut-être manipulé par des indépendantistes africains et ne croit pas au début à sa sincérité.

Peer Qvist un scientifique danois accompagne Morel dans son aventure : c’est lui qui parle du terme «  les racines du ciel » du titre du roman (p 222)

L’islam appelle cela « les racines du ciel », pour les indiens du Mexique, c’est « l’arbre de vie », qui les pousse les uns et les autres à tomber à genoux et à lever les yeux en se frappant la poitrine dans leur tourment. Un besoin de protection auquel les obstinés comme Morel cherchent à échapper par des pétitions, des comités de lutte et des syndicats de défense – ils essaient de s’arranger entre eux, de répondre eux même à leur besoin de justice, de liberté, d’amour – ces racines du ciel si profondément enfoncées dans leur poitrine….

Dans la troisième partie du roman, Fields, un journaliste américain, dont la famille a été gazée à Auschwitch, apporte son regard plus « neutre » de photographe. Les journalistes défendent Morel et son idéal ; le public se passionne en Europe et aux Etats Unis pour cet excentrique.

(Les personnages sont nombreux et je ne les cite pas tous, seulement ceux qui m’ont le plus marqué….)

Waïtari est un indépendantiste africain qui a fait toutes ses études en France et a même été député en France : Il manipule Morel pour récupérer une partie de son aura auprès des médias.

Devant l’échec de sa pétition, Morel se radicalise et passe à la vitesse supérieure, la lutte « armée » pour mobiliser l’opinion publique en vue d’une conférence sur la protection de la nature qui doit avoir lieu au Congo. ….

Morel est-il sincère, est- il amok (fou) comme on l’entend dire ? A chacun de se faire son opinion. Sur fond de guerre froide et de débuts de guerres d’indépendance en Afrique, le combat de Morel dépasse de beaucoup la simple « écologie » et explique les réactions de tous les intervenants.

Morel ne manque pas d’humour et de charme. IL se présente ainsi à Minna, la jeune berlinoise qui travaille dans un bar.

Eh bien, nous sommes presque des compatriotes. Je suis un peu allemand moi-même par naturalisation, si on peut dire. J’ai été déporté pendant la guerre, et je suis resté deux ans dans différents camps. J’ai même failli y rester pour de bon. Je me suis attaché au pays.

Morel explique son geste de défendre les éléphants ainsi (toujours à Minna)

Je dois vous dire aussi que j’ai contracté, en captivité, une dette envers les éléphants, dont j’essaie seulement de m’acquitter. C’est un camarade qui avait eu cette idée, après quelques jours de cachot –un mètre dix sur un mètre cinquante – alors qu’il sentait que les murs allaient l’étouffer, il s’était mis à penser aux troupeaux d’éléphants en liberté- et chaque matin, les allemands le trouvaient en pleine forme, en train de rigoler : il était devenu increvable. Quand il est sorti de cellule, il nous a passé le filon, et chaque fois qu’on en pouvait plus, dans notre cage, on se mettait à penser à ces géants fonçant irrésistiblement à travers les grands espaces de l’Afrique.

Un dernier extrait sur la place de la langue française en Afrique (p 377)

Fields le journaliste vient d’entendre Waïtari essayer de le convaincre de parler de l’indépendance de l’Afrique dans son journal

Fields vivait à Paris depuis plusieurs années, mais il n’avait jamais entendu personne improviser en français avec une telle aisance. Il se demanda dans quelle langue Waïtari s’était adressé aux tribus d’A.E.F au cours de ses tournées de propagande. (Par la suite, il chercha à se renseigner là-dessus. Waïtari ne connaissait parfaitement que le dialecte Oulé. Les quelques vingt-sept autres dialectes du territoire lui étaient totalement inconnus. Il avait été de ceux qui avait mené avec le plus d’acharnement, depuis 1945, la campagne pour l’enseignement du français dans les tribus, et pour l’élimination progressive des dialectes autochtones. La raison en était facile à deviner. Les sorciers et les chefs de tribus conservaient leur pouvoir à l’abri de cette barrière du langage. Pour Waïtari, l’emploi du français était l’arme principale d’émancipation, d’unification e de propagande, la seule façon de lutter contre les traditions. Le dialecte Oulé ne comporte pas le mot « nation », pas le mot « patrie », pas le mot « politique », pas les mots « ouvrier, travailleur, prolétariat » et l’expression « droits des peuples à disposer d’eux même » y devient « victoire des Oulés sur leurs ennemis ». L’apparent paradoxe qui avait fait de Waïtari le champion intransigeant de l’emploi de la langue française avait donc une explication facile). Pendant que Waïtari parlait, la fusillade continuait sur le lac, – démonstration pratique de ce qu’il racontait.

En conclusion : un roman très riche dont le sujet principal la défense des éléphants permet à Romain Gary de parler aussi et principalement des hommes, de leurs aspirations à la liberté, à la dignité et aussi à une vie « meilleure »

Vous pouvez aller lire l’article d’Eeguab sur le film tourné d’après ce livre

Du côté des challenges

Prix Goncourt 1956 Challenge à tous prix chez Asphodèle

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Challenge les 100 livres à lire chez Bianca

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Challenge littérature francophone chez Denis

challenge LittFrancophone

Chevaux de bois

Bonjour à tous

Aujourd’hui, je vous propose un article que je n’ai pas écrit.

C’est Susanna l’auteure du texte qui suit. Susanna est journaliste et m’a proposé d’écrire un article sur un sujet qui m’intéresse. Quelques mails chaleureux plus tard, je lui ai proposé d’écrire l’histoire d’un jouet célèbre ……Voici son texte ….bonne lecture…..

Chevaux de bois
Il était une fois, un vieux cheval de bois…
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L’univers de la menuiserie offre pour les nostalgiques et amateurs des matières nobles un ensemble de jouets en bois. Le cheval de bois, exemple typique de ce type d’artisanat, tire son épingle du jeu. Aujourd’hui plus que jamais d’actualité à l’approche de Noël, Faisons un petit voyage dans le temps et rappelons nous de ces jouets d’antan.
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Le cheval à bascule fait partie de ces jouets intemporels et toujours aussi populaire. Noël est tout proche et en grand classique des chambres d’enfants pour les garçons comme pour les filles, le cheval est à l’honneur. Monté sur un support solide afin que l’enfant puisse bouger en toute sécurité, traditionnellement sculpté dans du bois et pourvu d’un harnais en cuir, il dispose d’un système qui permet d’osciller et simuler ainsi le mouvement hypothétique du cheval.
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Fortement ancré dans la culture occidentale, sous son aspect anodin le cheval à bascule a toujours existé. En réalité, les premiers jouets en forme de cheval datent de l’antiquité, c’est durant cette période que l’on voit pour la première fois des figurines en forme de cheval “ les chevaux-bâtons” . Même si l’aspect de cheval-bâton est différente du cheval à bascule , l’idée est là à savoir donner l’illusion à l’enfant qu’il chevauche l’animal.
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500 Avant JC, on retrouve le cheval à roulettes, extrêmement populaire, c’était le cadeau le plus convoité par les enfants qui souhaitent désespérément ressembler aux adultes et chevaucher eux aussi fièrement leur monture.
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C’est au XVI ème siècle que l’on voit naître le cheval tonneau qui ressemble et s’approche de plus en plus au cheval à bascule tel que nous le connaissons, bien que encore immobile et fixé sur quatre “jambes”. C’est seulement à la Renaissance que le cheval à bascule fait son entrée et au XVIII ème siècle il est finalement produit en série.
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Afin de rendre heureux nos enfants comme nous l’étions en découvrant ces petites merveilles sous notre arbre de Noël, il existe deux solutions au trouver un petit artisan menuisier qui nous fasse le classique petit cheval de bois ou surfer sur internet pour trouver les occasions sur les annonces internet comme le site “Le bon coin” ou “Tayara” qui offrent , entre autre, de bonnes idées cadeaux.
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Le grand cahier – Agota Kristof

GRAND CAHIER

Dans un pays en guerre, une jeune femme emmène ses enfants, des garçons d’une dizaine d’années, chez sa mère à la campagne. La mère ne peut plus les nourrir dans la ville dévastée.
Les enfants vont donc grandir auprès de cette grand-mère, sale, méchante, qui les élève à la dure.
Ce livre est très cru, assez violent, tout en restant au niveau du style très neutre et très factuel. Les garçons comprennent qu’ils sont seuls et ne peuvent compter que sur eux -mêmes. Petit à petit, ils vont s’endurcir, jusqu’à devenir des monstres. La monstruosité dans ce roman est « normale » : les enfants ne sont pas nés « monstre » , mais ils vont le devenir par manque d’amour, par les privations, du fait d’un monde en guerre qui broie tout sur son passage. Ce sont les jumeaux qui racontent et ce « nous » à chaque phrase ou presque devient vite obsédant, presque inhumain car aucun garçon ne donne ses sentiments : des faits , rien que des faits.
Afin de comprendre le titre et la façon de voir des jumeaux, voici un long extrait qui explique leur décision d’écrire et de s’instruire (seuls car du fait de la guerre, il n’y a plus d’école dans la petite ville où ils habitent).

Voici comment se passe une leçon de composition :
Nous sommes assis à la table de la cuisine avec nos feuilles quadrillées, nos crayons, et le grand cahier. Nous sommes seuls.
L’un de nous dit:
– Le titre de ta composition est : « L’arrivée chez Grand-mère »
L’autre dit :
– Le titre de ta composition est « Nos travaux ».
Nous nous mettons à écrire. Nous avons deux heures pour traiter le sujet et deux feuilles de papier à notre disposition.
Au bout de deux heures, nous échangeons nos feuilles, chacun de nous corrige les fautes d’orthographes de l’autre à l’aide du dictionnaire et, en bas de page, écrit : « Bien » ou « Pas bien ». Si c’est « Pas bien », nous jetons la composition dans le feu et nous essayons de traiter le même sujet à la leçon suivante. Si c’est « Bien », nous pouvons recopier la composition dans le Grand Cahier.
Pour décider si c’est « Bien » ou « Pas bien », nous avons une règle très simple : la composition doit être vraie. Nous devons décrire ce qui est, ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous faisons..
Par exemple, il est interdit d’écrire : « Grand-mère ressemble à une sorcière »; mais il est permis d’écrire « Les gens appellent Grand-mère la Sorcière ».
Il est interdit d’écrire : « La Petite Ville est belle », car la Petite Ville peut être belle pour nous et laide pour quelqu’un d’autre.
De même, si nous écrivons : « L’ordonnance est gentil », cela n’est pas une vérité, parce que l’ordonnance est peut-être capable de méchancetés que nous ignorons. Nous écrirons donc simplement « L’ordonnance nous donne des couvertures ».
Nous écrirons : « Nous mangeons beaucoup de noix »; et non pas « Nous aimons les noix », car le mot « aimer » n’est pas un mot sûr, il manque de précision et d’objectivité. « Aimer les noix » et « aimer notre mère », cela ne peut pas vouloir dire la même chose. La première formule désigne un goût agréable dans la bouche, et la deuxième un sentiment.
Les mots qui définissent les sentiments sont très vagues, il vaut mieux éviter leur emploi et s’en tenir à la description des objets, des êtres humains et de soi-même, c’est à dire la description fidèle des faits. (p 33-34)

Ce parti pris de décrire les faits rien que les faits est étrange et j’ai eu l’impression que l’histoire de ces deux garçons, de leur mère, de la grand mère, de la voisine prénommée « Bec de Lièvre » n’en était que plus terrible.

Ces deux garçons parviennent tant bien que mal à l’âge adulte, en accomplissant des « choses » qui pour moi sont des « atrocités » mais ces choses leur paraissent « normales » (le manque de repères de ces deux enfants est poussé ici à son paroxysme).
Il n’y a pas dans ce livre de dates, ni de nom de lieu, ni de noms d’armée (on parle de soldats , d’ennemis , de vainqueurs et de vaincus sans donner de nationalité) , un thème universel et intemporel.

En conclusion : un livre choc et très très intéressant tant sur le fonds que sur la forme (âme trop sensible s’abstenir).

Ce livre a fait l’objet d’une polémique relaté ici dans Wikipédia
Il existe une suite à ce roman que j’ai emprunté illico à la bibliothèque.

Ce livre a été publié en 1986. il s’agit du premier roman de cette auteure hongroise.

Challenge XXème siècle organisé par Tête de Litote

challenge xx siecle

Une nouvelle mission

logo-plumes2-lylouanne-tumblr-comCe matin, en me levant, grande fut ma surprise en voyant une petite enveloppe rouge sur la table du salon ! Ce n’est pas tant sa couleur qui m’a interpellé mais bien le destinataire et l’expéditeur « Pour Valentyne de la part du père Noël ».

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J’ai été surprise parce que l’an dernier j’avais essayé d’aider le père Noël et cela c’était terminé par un désastre, le père Noël avait été fâché……mes voisins catastrophés…. mais ceci est une autre histoire
Je vous mets juste une photo de cette aventure de l’an dernier, il ne faudra pas que j’oublie un jour de vous raconter l’histoire de La Sulfureuse (c’est le nom de la jument qui tire le traîneau, sur le traîneau c’est moi)

cheval rouge ciel chagall
Ce n’est pas dans ma nature d’être frénétique (je suis juste un peu curieuse) mais que le père noël m’écrive m’a remplie de joie, et j’ai donc déchiré l’enveloppe. Cela voulait dire qu’il avait une nouvelle mission ultra secrète à me confier
Je vous livre donc cette missive sans commentaire :

Chère Valentyne
J’espère que tu t’es bien remise de tes déboires de l’an dernier, pourrais-tu s’il te plait, livrer ce cadeau, certes un peu volumineux, à notre amie commune, j’ai nommé Soène la yonnaise ?
Signé : le père Noël
PS : J’ai laissé le cadeau dans la cour, il ne passait pas par la cheminée

Vous pensez bien que je me suis précipitée dans la cour et que là j’ai été éblouie par la magnificence du cadeau que le père Noël prévoyait pour Soène. Il faisait encore sombre et dans la fraîcheur nocturne, cette tour brillait de mille feux, la rosée s’était transformée en gouttelettes de glace, les lumières des lampadaires de la rue se reflétaient dans les cailloux de la cour comme dans un miroir, une myriade de diamants dégoulinaient. En une phrase « le ruissellement du givre avait transformé la tour de fer en une déesse enchanteresse ».

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Je me suis arrachée à ma contemplation, j’ai quelques voisins un peu vénéneux, qui auraient été jaloux de cet étalage de scintillements et de cette débauche de beauté, et dans mon for intérieur, je me suis demandée « Ouh là là comme faire livrer ceci sans s’attirer les foudres de la maréchaussée pour transport illégal d’œuvres d’art et par la Poste pour concurrence déloyale ? »

J’ai donc fait le tour des écuries pour trouver le destrier idéal pour livrer ce cadeau ensorceleur.

J’ai d’abord pensé au cheval rouge puis à l’âne vert mais le premier n’est pas assez précautionneux et le deuxième pas assez robuste pour le poids du présent.

CHEVAL ROUGE CHAGALL green donkey

C’est alors qu’ « Ephémère » a passé sa tête par la porte de l’écurie et m’a dit qu’elle serait ravie d’apporter le cadeau à Soène. Nous avons donc chargé sur son dos le présent.

J’ai dit à la jument de bien faire attention : « Qui va Piano, va sano, tu as encore quelques jours pour arriver à temps chez Soène, je compte sur ta délicatesse pour faire arriver la Tour en un seul morceau « 

Si vous les voyez passer par chez vous (Paris Lyon 400 kilomètre à vol d’oiseau , cela fait une trotte), n’oubliez pas de ravitailler Ephémère : elle mange des bouquets de pivoine et de Lilas.

cheval tour eiffel

Tous les tableaux sont de Marc Chagall

Les mots collectés par Asphodèle

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Miroir, nature, nocturne, lumière, vénéneux, délicatesse, piano, contemplation, ensorceleur, temps, bouquet, éphémère, intérieur, sulfureux, déesse, rouge, couleurs, ruissellement, ravir, rosée.

Marc-Chagall-Peonies-and-lilacs-S

Quelques pas dans les pas d’un ange – David McNeil

Alors, il a préparé des fusains, les tenant dans son poing comme un petit bouquet, il s’est assis dans un large fauteuil en paille et a regardé longuement la tache bleue en plissant les yeux et se pinçant les lèvres comme il le faisait souvent quand il se concentrait. Picasso disait, peut être avec humour : « Je ne cherche pas, je trouve »
« Moi j’attends », répondait mon père très faux-modestement. Je l’ai souvent vu qui fixait une toile blanche, un carton, une feuille vierge, il prenait un de ces fusains et le cassait en deux, le tenant dans la main, parallèle à son pouce. Alors il commençait. Et tout allait très vite. Remontant le charbon à mesure qu’il s’usait en le faisant glisser avec les autres doigts, il traçait des lignes droites, brisaient des arrondis, carrés, losanges, ovales, y trouvait une structure, des appuis, de cette fausse incohérence naissait une harmonie, un clown apparaissait, un jongleur, un cheval, un oncle violoniste, les spectateurs criaient et les jongleurs jonglaient, les ronds devenaient des balles, les cercles des cerceaux, par l’enchantement des seuls traits de fusain un cirque tout entier s’était mis à vivre. Alors à reculons il allait se rasseoir, épuisé sur son fauteuil de paille, les bras ballants comme un boxeur à la fin d’un round.

Quelques pas dans les pas d’un ange – David McNeil

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Sur une idée de Chiffonnette

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SISTERHOODVoici les règles du jeu (si à votre tour vous avez envie de jouer):

1- Fournir un lien et remercier le blogueur qui vous a nominé pour ce prix.
merci Cériat 😉

2- Nommer à votre tour 10 blogs que vous choisirez.

Je crois que tous les blogs que je connais ont été tagués soit par Cériat soit par Olivia …. Mais si cela vous dit de répondre, je viendrais vous lire 😉

3- Faites un lien vers ces blogs tout en laissant un message aux nominées afin qu’elle sachent qu’elles ont été choisies.

cf point 2

4- Répondez aux 10 questions suggérées.

5- Afficher le logo du prix sur votre blog…

Les dix questions :

1- Votre couleur préférée ?
Le vert ….et l’orange presque à égalité.

2- Votre animal de compagnie préféré ?
Alors là je sèche (lol)
parce qu’un cheval est il un animal de compagnie ? Un falabella peut être

3- Votre boisson préférée ?
Le café, le coca, le Montbazillac (pas en même temps, hein…) .

4- Lequel préférez-vous, Facebook ou Twitter ?
Facebook. j’aime bien les groupes autour des challenges de lecture 😉

5- Votre modèle préféré ?
La peugeot 206 que j’avais avant de rouler en familiale (couleur tangerine)
Comment ça on ne parle pas voiture ?
Je n’ai pas de réel modèle…..

6- Vous préférez recevoir ou donner des cadeaux ?
Je préfère donner. ;-). Quand je reçois je me trouve empotée et ne trouve pas mes mots 😉

7- Votre chiffre préféré ?
Le 7 pour toute la symobolique autour : les sept couleurs de l’arc en ciel, les sept jours de la semaines, les sept nains, les sept merveilles du monde et j’en oublie

8- Votre jour préféré :
Le samedi début du week end 🙂

9- Votre fleur préférée
Le coquelicot pour sa couleur, son côté sauvage et sa fragilité

10- Quelle est votre passion ?
La lecture, l’écriture…….

à bientôt 😉