Les cuillères

La mégère m’avait vu, le front en sueur
Elle avait ébauché un rictus carnivore,
Qui inaugurait très bien mon futur malheur
Dégoulinant et me sortant par les pores
n
Sacripant, tu n’es qu’un vulgaire détrousseur
Un voleur ! disaient les yeux de la gargotière
Elle voulait une vengeance de grande ampleur
Tout cela pour le vol d’une paire de cuillères.
n
Chignon de travers, elle hurla la vieille sorcière
Criant et me lançant des injures de braise
Ignorant mes envies de vaincre ma misère
Ma terrible faim, allant jusqu’au malaise
n
Cruelle bouche tordue de férocité
Gros plan sur sa peau grêlée, sa couperose
Elle vociférait haro sur ma duplicité
J’étais à sa merci, une misérable chose
n
En soulevant les bras, s’indignaient ses seins
J’appellerai les gendarmes, garçon indigne
Ce gars doit être possédé par le Malin
Sont les mots de la femme qui trépigne
n
Elle proclamait « prison, honte, procès-verbal »
D’un air bourgeois que l’acte abject scandalise
Guignol, dénonçait l’épicière de carnaval
Ce vol de cuillères n’est pourtant qu’une sottise
n
J’aurais préféré manger oignons et lapin
De cette marmite l’odeur ma faim exacerbe
« La faim sans fin donne de vilains desseins »
Je ferai ma devise de ce proverbe
n
La sorcière ne se laissa pas attendrir
Et c’est ainsi qu’un soir de galère
Je me retrouvai en prison à souffrir
Pleurant ma mansarde pour un vol de cuillères

3 réflexions au sujet de « Les cuillères »

  1. Ben, j’aime bien comme tu poétises… J’en suis !
    Et, puisque tu aimes à recommander des livres, à propos de cuillers, je te propose celui-ci : « La pâtissière de Long Island », où la recette d’un cheesecake, ayant la faculté de rendre les gens heureux, traverse les âges, depuis l’Allemagne nazi…

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