Voilà mai est fini…..enfin presque

Il est venu ….le temps de dire «  »bienvenue » à juin

Les trois textes qui ont remporté le plus de suffrages sont :

Le gentil GO du mois de juin est : Carnets (talonné de près par Laurence et Clémentine)

Merci à tous pour tous ces beaux textes, j’espère que la moisson de juin sera aussi riche.

 

Bisessssss

L’agenda aux nues : les votes !!!

Rhoooo, le beau mois de mai où tout le monde s’est dévoilé !!!! Il y a toute une série de textes aussi intéressants les uns que les autres sur le thème : « NU, NUE, NUS, NUES…. »

Voici les nouveaux textes de l’agenda ironique

Laurence nous conte l’histoire d’une femme qui lisait nue

Martine galéjade (du verbe galéjader) avec ses girls  et avec une poule qui ose sortir cou nu  (non je n’ai pas fait de faute à « cou »)

Emilie nous emmène aux cieux avec « nues »

Carnetsparesseux se laisse emporter par Saint John Perse et « C’étaient de très grands vents »

Victorhugotte nous chante « les nus d’hier »

Véronique nous invite à « Percer le secret d’une journée d’été »

Estelle nous plonge dans les gestes et les pensées d’une femme  « redevenue charnue »

Une Patte nous chuchote un « effeuillage » dont il a le secret.

Clémentine des crayons nous emmène rencontrer la hase de Collonges La Rouge 

Palimpzeste (de citron?) se dévoile dans un poème « Nue »

Max-Louis arrive sur le fil du 21 mai et nous raconte l’histoire surprenant d’un « Nuisible »

Et Clémentine des narines des crayons se faufile itou avant minuit avec « Théatre et transparence »

Et pour ceux qui n’auraient pas vu les premiers c’est ici : 

La licorne a ouvert le bal avec « le Roi est nu »

Et a enchaîné aussitôt avec une bal(l)ade à la Clairefontaine

André nous livre la vérité dans  un poème « nu »

Le thème m’a fait redécouvrir le texte de Carnets et d’une certaine lune 

Martine dénude les fleurs en particulier les pâquerettes 

JoBougon a fait tout ce qui lui a plu

Carnets nous fait saliver  avec un citron nu ou une tarte bleue

Patchcath sait coudre les nus et enlève ses bas

La licorne nous confie que « pudeur » et « nu » sont des mots qui vont très bien ensemble

Je vous laisse avec les deux tableaux de votes : celui pour les trois textes qui vous ont le plus plu et celui pour le gentil Organisateur du mois de juin 🙂

Quant à moi, malgré tous les jours fériés de Mai je n’ai pas réussi à écrire une ligne (il faut dire que j’ai remplacé un collègue malade et que cela m’a mis sur les rotules…)

Bisessss

L’agenda ironique de juin aura lieu chez :

 

Les 3 textes que vous avez préférés :

 

 

 

 

Madame lit du Juan Ramón Jiménez

Le mois de l’agenda ironique de mai qui a pour thème « Nu, nus, Nue, Nues » accueille la participation de Juan Ramón Jiménez (Prix Nobel de littérature 1956) avec un poème splendide…..

Madame lit des livres québécois et d'ailleurs -Blogue littéraire

Jimenez

Chère lectrice, Cher lecteur,

Pour débuter le mois espagnol, j’ai décidé de partager avec vous deux poèmes du grand poète espagnol Juan Ramón Jiménez (1881-1958). En plus d’être poète, il est auteur et son immense talent lui a permis de remporter le prix Nobel de littérature en 1956. Sa passion pour les mots l’a entraîné, entre autres, dans une quête pour atteindre l’essence de toutes choses. Dans Poésieespagnole moderne contemporaine, Marie-Claude Zimmermann mentionne : «Il s’agit là de l’une des voix les plus originales de la littérature espagnole de tous les temps» (p. 32).

Voici un poème très célèbre tiré de son recueil Eternidades traduit par Bernard Sesé :

Elle vint, d’abord, pure,
vêtue d’innocence.
Et je l’aimais comme un enfant.

Puis elle revêtit
je ne sais quels atours.
À mon insu, je la haïs.

Et elle devint une reine
aux trésors fastueux…
Quelle ire de fiel insensée !

……

Voir l’article original 163 mots de plus

Agenda ironique Mai : déshabillez vous

Comme en écho non à Mars mais à Martine, le mois de l’agenda ironique aura pour thème : NU, NUE, NUS, NUES….

Vous pouvez donc d’ores et déjà :

– Vous mettre à l’aise : On est si bien, tout nu, dans une large chaise (1),

– Retirez vos lunettes : Sans ces lunettes, j’ai l’impression d’être tout nu au beau milieu d’une épicerie, avec des miroirs au plafond (2),

– Vous prendre pour le manneken-Pis

– Poétiser : La très chère était nue, et connaissant mon coeur, n’avait gardé que ses bijoux sonores (3)

– Faire ce qu’il vous plait…..mais nu (pour les pudiques, la vérité toute nue fera l’affaire :-))

 

Et pour le calendrier ?  parution des Textes jusqu’au 21 mai inclu, lecture et vote du 22 au 30, proclamation de la fin de mai le 31 🙂

:

(1) Alfred de Musset

(2) Alain Bashung

(3) Charles Baudelaire

La belle Angèle

Quelques jours après qu’Angèle est partie pour sa dernière demeure, nous avons, nous aussi, été exilés, remisés, placardisés.  Nous tous, les derniers chéris de Angèle. Les gros bras de déménageurs nous ont mis sans considération dans des cartons et direction la remise au fonds du jardin. Nous étions finalement peu nombreux à avoir entouré les derniers jours de Angèle : un jeu de tarot, une poêle à frire, une bouilloire, son costume traditionnel : coiffe et tablier, un vase où meurt une verveine, un presse-purée ….un vieux cochon tire-lire, quelques livres et moi Federico, le fer à repasser. Qu’elle était belle, Angèle, jusque dans ses derniers jours, ses yeux bleus, sa douce peau ridée comme une pomme de septembre, et sa coiffe. Parce que sans fausse modestie, la coiffe d’Angèle je peux dire que c’est moi : tenez la preuve par l’image, voici Angèle le jour de ses 20 ans au début du 20ème siècle.

Vous noterez le pli fabuleux du tablier en dentelle qui tombe élégamment sur la robe de velours ornée de galons perlés, les petites ailettes de la coiffe qui mettent en valeur la nuque… (bon j’arrête là on va finir par se croire dans le bonheur des dames, le livre qu’Angèle aimait tant relire). Ouh là là…. comme j’avais bien repassé ce jour-là, tout ça pour ça ! nous voilà à la retraite, au rebut, au fonds d’un carton, inutiles….

Nous étions donc tous sur les étagères de la remise quand nous avons entendu les nouveaux arrivants investir la maison : ce fut une cavalcade telle que nous nous sommes tous regardés, effarés : forcément avec un bruit pareil, une chose était sûre : dans les nouveaux locataires de la petite maison, il devait forcément y avoir des ENFANTS !! nous tremblions de peur Ernestine et moi (j’en suis encore si retourné que j’ai oublié de vous présenter Ernestine, la bouilloire)

Pourquoi avoir peur d’enfants vous direz-vous, c’est que Angèle nous a toujours tenus éloignés des enfants : « Faites attention, disait-elle : ne vous approchez pas de Federico le fer à repasser (c’est moi) il est brûlant, ne vous approchez pas d’Ernestine elle est bouillante de thé.. je crains toujours le pire avec les petits »

Alors aujourd’hui, même si nous n’avons pas servi depuis deux mois et que nous sommes froids comme la remise, nous avons peur … non pas des enfants mais peur de leur faire mal…

Curieux, nous avons assisté à l’emménagement de la nouvelle famille : un papa, une maman, une fille à tresse en short orange et un garçon en salopette bleu (j’aime bien les shorts c’est rapide à repasser, mais je hais les salopettes : on a à peine repassé le haut que le bas est fripé …Bref vous comprendrez que j’avais un faible pour la petite fille, sa voix douce et bizarre me fait frémir)

L’après-midi, les gamins sont venus visiter la remise.

Nous tremblions encore un peu avec les amis mais finalement nous avons beaucoup apprécié de sortir de notre zone de confort …pour ma part, moi qui suis un fer incarné depuis plus de cent ans, j’ai été (dans une même après-midi de jeux et sans mentir) un paquebot sur la rivière, un vaisseau de Vampires Starwass et même j’ai été un chokeur cardiak (je ne suis pas sûr de l’orthographe, c’est la petite qui a dit cet objet là c’est un chokeur Kardiak pour réveiller ceux ki ont une krise Kardiak : elle a une drôle de façon de prononcer les mots la petite, elle ne doit pas être née dans le coin de Plougastel, « moi kan je serai grande je serai dokteur et je réveillerai les morts de krise cardiak, comme papi » a fini la petite dans un éclat de rire.

C’est à ce moment-là que nous avons entendu la voix du nouveau papa, appeler les enfants : « Angèle, Francis, à taaaable ! »

Nous nous sommes regardé avec Ernestine et avons dit dans un seul souffle : le futur docteur s’appelle Angèle…la vie recommence ….. Cela ne fait pas un pli…

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Ecrit pour L’Agenda ironique qui est chez JoBougon avec comme thème « repassage et maison de retraite » et aussi pour  A vos claviers d’Estelle – 10 mots contenant le son ir (Investir / frire / frémir / mentir / rire / relire / vampire / pire / tire-lire)

Sources photos : ici, ici et

 

 

 

 

 

 

Last minute ….. Agenda ironique

Le conte de la minute 

Il était une fois une jeune minute qui avait beaucoup d’ambition. Elle avait passé son enfance à lire : « A la recherche du temps perdu », « 24 heures dans la vie d’une femme »…, elle avait étudié la sculpture, la peinture, surtout Andy Warhol qui promettait à tous son quart d’heure de gloire. Mais quel souci a donc une minute d’accéder à un quart d’heure de gloire alors qu’elle sait pertinemment qu’elle ne va vivre que 60 secondes ?  (moins de temps que vous n’avez mis à lire jusqu’ici, mais le temps des minutes n’est pas le temps des humains)

Notre minute atteignant sa plénitude de minute adulte (fixée à 40 secondes ou aussi appelée quadragésime), elle sentait son horloge biologique la démanger. Il ne lui restait finalement que peu de temps pour passer à la postérité : ces ancêtres avaient connu leur gloire juste après leurs 40 secondes : sa grand-mère avait vécu le 22/11/1963 à Dallas à exactement 12h30’42’’ CST OU 18 h 30 min 42 ‘’ UTC, sa mère avait explosée le 11/09/2001 à 9h03 (heure de New York)…. Il ne faut cependant pas croire que la famille de notre minute soit marquée par la fatalité et les drames, par exemple sa grande sœur était présente lors de la libération de Nelson Mandela le dimanche 11 février 1990 à 15h00 (90 minutes de retard sur l’emploi du temps prévu), une aïeule s’était rendue immortelle lors du mariage de Sissi le 24 avril 1854 à 18h00.

Bref dans sa famille on était célèbre de mères en filles (les minutes se reproduisent par scissiparité depuis le mariage cité précédemment – NDA ). Papillon, ainsi était surnommée notre minute depuis son plus jeune âge, se rappelait également de ses  98 cousines, sœurs presque jumelles, qui constituaient la flotte de Pierre Desproges, jumelles plus célèbres sous leur nom de « minutes de Mr Cyclopède », championnes de la truculence et de la dérision. Sans compter aussi la tirade de son arrière grande tante Minutie, minute du procès de Louis XVI, qui avait dit « La parole est d’argent et la minute de silence est de tringueld »

Bref, la pression était énorme sur notre amie.

Papillon alla donc devant le Grand Horloger et comme le temps nous est compté, je vous passe la description et vous met juste sa dernière photo connue :

La minute expliqua alors rapidement (le temps lui était conté) son ambition.

Le grand horloger ouvrit son grand bec et lui tint à peu près ce langage :

– Si tu arrives à répondre à ces 3 énigmes, je ferais de toi la minute la plus célèbre du 21ème siècle !

La minute hocha la tête sûre d’être gagnante à ce jeu qui lui paraissait simple.

– Il n’y en a qu’un seul dans une minute, deux dans une heure et il n’y en a aucun dans un jour. Qui suis-je ? ânonna le pélican.

– Facile ! répondit la minute qui avait une répartie digne d’une cocotte (minute ?). Il s’agit du E, de la lettre E pour être précise car une minute se doit d’être précise, acheva-t-elle, essoufflée, (quincagésime la minute).

– Bravo,  dit le pélican. Plus dur maintenant : Je ne marche pas, je ne vole pas, je ne nage pas pourtant personne de peut me retenir plus d’une minute. Qui suis-je ?

– C’est digne de la maternelle, se rengorgea notre minute. Il s’agit de la respiration même si quand même quelques sportifs arrivent à retenir leur respiration plus d’une minute et…

– Ok ok !! la coupa le pélican, un peu vexé de la rapidité de cette minute insolente. Plus dur alors : Quatre personnes doivent traverser un pont en un minimum de temps. Chacune d’entre elles marche à une vitesse maximale donnée. Appelons 1, la personne qui peut traverser le pont en 1 minute, 2 celle qui le traverse en 2 minutes, 5 celle qui le fait en 5 minutes et 10 celle qui le traverse en 10 minutes. Ces quatre personnes n’ont en tout qu’une torche et il est impossible de traverser le pont sans torche. Le pont ne peut supporter que le poids de 2 personnes. Dans quel ordre doivent traverser ces quatre personnes et combien de minutes mettent elles ? (1)

Notre minute blêmit, elle avait toujours été nulle à l’école avec ces histoires de trains qui partent d’un point A et d’un point B et où il fallait trouver le point C en calculant qu’une Micheline roule à 30 km / heure (soit 0.5 km par minute) et qu’un tgv à 300 km/h (idem pour les histoires de plombiers, de robinets et de baignoire…). Elle n’aimait que les maths modernes, la trigonominuterie et tutti quanti….

Alors Papillon fit tête basse et dit humblement, « je crois que je vais finir minute de silence …. »

 

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(1) Bon pour la devinette, elle est facile, je vous laisse 4 heures 😊

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L’agenda ironique est chez Max Louis avec comme thème « le conte » et 4 mots imposés Quadragésime, tringueld, gagnant, truculence

Le conte de la minute trouve sa source d’inspiration ici 

 

Paris – 1865 – Ligne E – Vers la Madeleine

Mr Zola est monté en haut de l’impériale, sa « gazette des tribunaux » sous le bras. D’habitude, il circule à pied quand il fait un soleil comme aujourd’hui. Aujourd’hui cependant, il n’a pas le temps de se balader, il travaille. Il a l’air oisif comme cela son journal déplié, le chapeau vissé sur la tête à côté des autres messieurs. Mais il n’en est rien, il suit une vieille femme et son cabas. Elle a un profil spectaculaire la vieille dame, un peu comme un bec de canard et ce profil entraperçu chez la boulangère lui a donné envie de la suivre, voir si le bec va tenir ces promesses inspirantes. Enfin bec de canard, de foulque pour être plus précis. La vieille dame en plus d’avoir un air remplumé a une voix de corneille, rauque et aigüe par moment. Elle marmonne toute seule en bas de l’omnibus.

Il est monté quasiment au terminus, boulevard Bourdon et se demande où la sorcière va descendre. Il est décidé à en faire la première héroïne de son grand roman, l’œuvre de sa vie. Elle pourrait être le départ d’une épopée autour des années 1850.

Elle a la tête des gens qui picolent de bon matin, nez en chou-fleur, yeux dans le vague. Elle traîne aussi la patte, est-ce l’alcool ou est-ce de naissance ?  En tout cas cette femme est bien trop vraie pour faire un personnage de roman, les critiques vont dire que je « charge trop la barque » réfléchit Emile. Je vais garder la boiterie pour la fille de cette femme. Femme si on peut dire, tant il y a chez elle une présence presque animale. D’abord lui trouver un nom …

Tiens déjà l’arrêt des filles du Calvaire, très bonne idée d’ailleurs ça il faudrait que la femme ait une large descendance et pourquoi pas un petit fils qui devient abbé et qui serait déchiré entre sa vocation religieuse et l’amour d’une femme. La femme descend à Capucine, je pourrais appeler mon héroïne Capucine Foulque, ce ne serait pas mal un nom de fleur accolé à un nom d’oiseau. Ou Jacinthe, Hortense, Marguerite ou alors Azalaïs, ça me plait bien ça Azalaïs Foulque, reste à me décider sur sa descendance. Asseyons-nous un moment pour noter tout cela avant que j’oublie. Mr Zola s’installe sur un banc, le journal même pas parcouru chiffonné par le trajet, en omnibus. Emile dessine dans son carnet un semblant d’arbre généalogique avec une Azalaïs Foulque, il griffonne fébrile jusqu’au moment où sonne midi. Midi ? Il sursaute et range son carnet. Pressé, il se dirige vers le café où il a rendez-vous, il en a oublié son ami qui doit déjà l’attendre.

Le journal est oublié sur le banc.  Chiffonné, il semble pathétique. Heureusement que le temps est sec et légèrement venteux. Vent qui le remet dans un pseudo ordre. Une femme boitillante le récupère et se rend au marché.

– J’vais vous reprendre des bettes, Mame Michaud, v’là pour les emballer, dit elle en tendant le journal.

– Ben sûr, Mame Colvert, j’vous en mets une livr’ pour vous et vot p’tiote ?

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Participation à l’agenda ironique de novembre chez Martine avec comme sujet les Rougons Macabres et chez Filigrane  où il fallait rallonger une texte de Julio Cortazar.

 

 

 

Epices au café Verlaine

J’avais donné rendez-vous à Lharissa au café Verlaine à Coupiac. Elle aurait sans nul doute accepté de me rencontrer ailleurs mais elle donnait ce jour-là un concert et j’éprouvais un besoin urgent de la voir, de l’entendre, de la sentir.

Le bistrotier leur prêtait la salle, ravi de voir son café à l’ombre de la citadelle se remplir à nouveau de rythme entrainant ; il répétait depuis le matin en boucle : « de la musique avant toute chose et pour cela préfère l’impair »

Le concert était expérimental, le groupe de Lharrissa avait voulu faire une analogie avec le Pianocktail de Vian mais au lieu d’alcools ils avaient choisi des instruments mixant chacun des épices. Lharissa, piquante liane aux cils sombres et peau cannelle,  naviguait en chaloupant entre les musiciens de son quatuorze : Gillou avec son accordéonze, Jamel D. avec son didgerodooze, et Charles XV avec son vilebrequinze…je ne connaissais pas les autres membres du groupe qui allaient et venaient en fonction de leurs disponibilités.

Assise telle Blanche-Neige au milieu de ses nains, Lharissa cala son djembé entre ses jambes longilignes et commença à tapoter sur son instrument. Là, il me faut faire une pause, pour expliquer, à mon attentif public ce qu’est un Djembé. Pour cela je nommerai mon ami Caetano (appelé ainsi en hommage au Veloso du même prénom) qui du haut de ses trois ans m’avait dit – fronçant les sourcils sur le fait que les adultes ne connaissent rien à rien – un djembé c’est un petit atabaque, et un atabaque qu’est-ce que c’est ? avais-je dit, curieux !  C’est un grand djembé sourcils refroncés – fin de la parenthèse.

La forme évasée du fût du djembé viendrait de celle du mortier à piler le grain, par conséquent le djembépices de Lharrissa représentait un retour aux sources à la culture africaine, mêlant métisses et épices, je ne pouvais rêver meilleur mélange.

Les tuyaux que Lharissa avait greffé sur son djembé était aussi discrets que peuvent l’être cinq tuyaux de diamètre 7 mm: elle m’avait dit : des tuyaux de 7 pour un cinq épices, c’est le rapport idéal : 7 comme les sept notes  de musique, les couleurs de l’arc en ciel, les jours de la semaine et les merveilles du monde….., je buvais, il faut le dire ses paroles. J’étais le modeste ingénieur qui avait installé un moulin à café dans le djembé qui recrachait par le devant une mixture écrasée du plus beau vert, musiques saccadées et  parfums enivrants.

Le morceau qu’elle jouait n’aurait pas déplu à Verlaine et Rimbaud pour leurs belles couleurs vert, camaïeu qui pouvait s’harmoniser avec un verre d’absinthe : l’échalote (la verte pas la violette), le curry vert thaï, l’anis, le matcha, la cardamome…

De ce concert je me rappelerai longtemps, gardant sur les lèvres le doux baiser de Lharissa qui me dirait plus tard « souviens toi du cinq à sept avec Lharissa au café Musique-Verlaine de Coupiac – Aveyron »

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Participation en canon aux agendas ironiques de septembre chez Frog  et octobre chez Carnets  

 

 

 

Ps : si j’y arrive un jour, quatuorze aura sa définition dans le dico des orpherimes (ce sera le clou de girofle de ce beau dico)

 

 

Les miracles se ramassent-ils à la pelle ?

– Bon, c’est parti pour l’Agenda Ironique d’août, tu nous relis le sujet ?

– « Raconte, raconte tous les miracles qu’il y a eu ici aussi ».

– Ben là, je vois pas, ce n’est pas assez précis, « ici » c’est trop vaste.

– Justement le monde entier te tend les bras en terme de miracle.

– Miracle, miracle, un brin religieux non ? partons en Italie, je me rappelle d’un miracle à San Gennaro.

– En Calabre, les gens ne croient plus à rien. Même pas au miracle. Ce n’est pas moi qui le dit mais Sandor Marai. Essaie une autre région.

– Bonne idée : Partons dans le Piémonstre, un peu plus au nord. Un miracle ça aime le frais.

– Le frais pour un miracle ! on aura tout entendu. Un miracle au frais ! comme s’il ne pouvait pas y avoir de miracle en enfer.

– Je voudrais pas vous couper la parole et faire ma chauvine : mais je viens de trouver plusieurs miracles pas loin d’ici, dans notre bon vieil hexagone.

– Raconte !

– Ben voilà : une guérison inexpliquée d’abord à Rocamadour pas loin de Cahorze dans le Lot, plusieurs miracles dans une église  à Fécamphre en Normandie rapportée par l’abbé Sauvage (j’adore le nom de cet abbé) ,  dont un assassiné ressuscité, un autre à Mont-de-Marsanve où on peut prendre un train miraculeux jusqu’au Futuroscope, un miracle à Moulinsarcle, un certain capitaine Haddock aurait vu la vierge Marie (excès de Whisky dit le journaliste), un avant- dernier en Moselle-et-Meurtre et enfin un à Villegouinfre dans l’Indre avec un certain globe de feu, miracle de saint-Martin.

– Le globe de feu ? mais c’est beau comme du Harry Potter ce que tu nous as trouvé. Des miracles anglais ?

– Pftt, la France et le Royaume Uni c’est pas assez dépaysant si on cherchait plutôt dans des contrées inconnues ?

– Oui oui bonne idée, j’ai lu une certaine histoire sur la Tour de Babelge.

– C’est où Babelge ?

Carnets a dit entre Blanquenberge et Eupen, Arlon, Merelbecke ou Audenarde, et aussi Ottignies et Vieux-Sart.

– Ouais pas mal, dans  ce coin là, j’ai trouvé une « cream Instantly Ageless » : un produit anti-ride  »miracle », vous ne trouvez pas que je devrais en mettre de l’anti-ride ?

– Et l’Asie, vous avez pensé aux miracles en Asie : Bangkdogme et le miracle économique thailandais ?

– Bon, avec toutes ces digressions on n’a pas le début d’une piste pour l’agenda d’août.

– Ben si, que te faut-il ? on a recensé pas mal de miracles ici ou là.

– Et même des miracles dans des lieux qui n’existent pas.

– C’est le miracle d’internet.

– Oui ok, on a recensé pas mal de miracles ici ou là. Mais Internet est-ce ICI ?

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Pour l’agenda ironique hébergé par Laurence qui nous propose cette phrase « Raconte, raconte tous les miracles qu’il y a eu ici aussi », une citation tirée du roman Jules et Jim de Henri-Pierre Roché et pour le dictionnaire des Orpherimes chez  Carnets Paresseux   et chez Gromerule Néphron, vous aurez remarqué (ou pas) : Piémonstre, Cahorze, Fécamphre, Bangkdogme, Moselle-et-Meurtre, Villegouinfre, Mont-de-Marsanve, Moulinsarcle et l’inénarrable Tour de Babelge, noms propres rimant avec certains des mots sans rime : amphre, dogme, belge, sépulcre, meurtre, bulbe, clephte, goinfre, humble, monstre, muscle, pauvre, quatorze, quinze, sanve, sarcle, simple, tertre et verste.

 

Agenda ironique Août 2016 (avec un an de retard, si si)

Au pays des Points Cardinaux, le paisible petit peuple des Minuscules est retenu en otage par l’arrogant peuple des Majuscules. Son minuterritoire est cerné, de toutes parts par ESON, le chef du majuterritoire : il a placé en faction, à tous les points de fuite – à l’est, au sud, à l’ouest, au nord -, ses redoutables et impitoyables lieutenants, malabars homologues des Tom-pouces. Pourtant les Minuscules vont réussir à s’échapper de cette géhenne en empruntant des directions détournées : ensemble, ils ont composé un récit qui a convaincu ESON de leur rendre la liberté.

Comment y sont-ils parvenus ?

 

Nous devrons reconstituer ce récit (cohérent et persuasif), en vingt-six phrases, pas une de plus, pas une de moins. Chaque phrase commencera par chacune des lettres de l’alphabet, dans l’ordre abécédaire. Elle indiquera aussi la direction empruntée par l’audacieux minuscule. Et, voici que ça se corse, selon le principe OuLiPien lipogrammien (1), cette même lettre sera absente du reste de la phrase.

 

 

Artur, minuscule chez les minuscules, fut nommé illico presto fondé de pouvoir pour convertir le despote et prit un porte-voix pour qu’ESON l’entende.

 

Bazar l’infineztésimal, minuscule ainsi nommé pour son nez qui était à mi-chemin entre un nez de musaraigne et le nez d’un certain éléphant à costume vert, parent éloigné, lui soufflait les idées des autres : alterner flatterie et ironie devrait porter des fruits rapidement, pensaient les Minuscules.

– Cher sire ESON, débuta Artur de sa voix insignifiante, à peine amplifiée par le mégaphone, laissez-nous sortir de notre minuterritoire, nous pourrions aller jusqu’à la mer et vous rapporter du Krill, repas frugal qui nourrit tant de baleines ; nul doute qu’un tel régime vous irai bien au teint !

– Diantre ! fustigea ESON, on essaie de m’acheter, moi Timonier géant ès Majuscules ?

– Eh non, nous connaissons tous l’irritation à tous traits d’achats, compromissions, subtilisation du pouvoir à ton profit !

– Fichtre ! moi compromis, subtilisateur ? on aura tout entendu ! rugit ESON, qui de rage s’étrangle, et tousse si fort que sa splendide couronne – avec ESON en lettres capitales – en perd son E et devient SON.

– Garjeantua n’aurait pas mieux administré notre pays, une main de fer dans une moufle de velours, poursuivit Artur, faisant semblant de ne pas avoir remarqué la perte de la lettre couronnée. …

– Hurluberlus, morigéna ESON, rouge d’apoplexie, en s’avançant d’un pas vers Artur et Bazar, les porte-paroles des Minuscules, son immense armée sur les talons.

– Ignorez-vous que Madame Syntaxe, majesté du pays attenant au nôtre, songe à vous donner le rang de « grand Pourfendeur de la Majuscule et de Navarre » ?

– Jocrisses, vous dites que cette Reine d’Italique – car quel pays attenant au nôtre est gouverné par une femme ? -, veut m’anoblir ? ceci a vraisemblablement pour but de m’attirer loin de la frontière, me croyez-vous né de la dernière pluie ?

– Kaway notre voisin de l’ouest sera présent à cette cérémonie en parlant de pluie, renchérit Artur qui, épuisé de tant d’arguments, passa le porte-voix à Bazar qui ajouta : « La cérémonie se tiendra à Grasse, la capitale de l’Italique »

– Microcéphales, Nyctalopes et tutti quanti. Si vous croyez que je vais fléchir devant une ruse aussi vile…

– Niet, vous êtes trop rusé pour vous faire avoir comme cela, s’écria Bazar. Il serait dommage que vous ratiez ce gala de rois, d’ailleurs votre diadème fera pâlir de jalousie les hôtes de ces rois.

– Ophicléides dénaturés, ceci est un air de pipeau, que dis-je, de flute traversière, de vuvuzela, de tuba wagnérien.

– Partant dans une quinte de toux –SON à qui il manquait déjà son E – s’étouffa une deuxième fois et sa couronne vit s’envoler alors sa deuxième lettre le O ; rouge et essoufflé, S N une fois encore ne remarqua rien.

– Que le démon de Midi nous broie menu avec de l’ail et des fines herbes si nous te mentons cher Maître : nos voisins veulent réellement te distinguer comme un être suprême, souffla Bazar.

– Rhizopodes minuscules, savez-vous que moi seul connait le lieu de domicile du démon de Midi ?

– Sûrement Votre Royauté, cependant le démon vient de déménager, mentit de façon éhontée, Artur, revigoré d’avoir trouvé un point faible chez le dictateur.

– Tu crois que je vais gober que le Midi a déménagé ? s’esclaffa N qui, mal remis de ces deux accès de faiblesse, ne remarqua pas que le S de sa couronne roulait sur le sol près des E – O.

– Un effort encore, on y est bientôt, chantonnèrent les petits êtres amis de Bazar.

– Wisigoths ! essaya encore de rugir N qui était, il faut bien le dire, au nord de l’épuisement.

– Xylophones aphones ? suggéra Artur pour le titiller.

– Yukulélés lénifiants ? renchérit Bazar tout émoustillé.

– Zinzins,  je capitule, s’écria N dans une ultime convulsion, Artur et ses amis dansant autour de lui, et célébrant le rétablissement de la liberté dans le minuterritoire.

 

 

Agenda ironique d’août 2016 organisé par Martine