Mais à l’automne 1922, la chance tourna enfin. Un jour où j’errais dans les champs, le gardeur de cochon me héla :
– Eh bien, petit, quand vas-tu à l’école ?
– Le 30 février à minuit ! répondis-je avec mon habituelle insolence.
– Tu n’as pas encore eu d’amende ?
– Moi ? Pourquoi donc ?
– Pas toi. Je veux dire la tante Rozika.
– La vieille ? Mais pourquoi aurait-elle une amende ?
– Parce qu’elle ne t’envoie pas en classe.
Je dressais l’oreille aussitôt.
– Est-ce qu’on punit les gens pour ça ? demandai-je en essayant de cacher mon trouble.
– Bien sûr. Les enfants doivent aller à l’école.
– Même les enfants pauvres ?
– Mais oui. Les enfants pauvres, les enfants riches, c’est tout pareil aux yeux de la loi.
J’avais du mal à comprendre.
– Tout pareil ? répétai-je stupéfait c’est vrai, oncle János ?
Le vieillard me regarde avec surprise.
– Ça t’étonne tant que ça mon petit ?
– Je ne le savais pas, murmurai-je.
Et mon cœur se mit à battre comme s’il allait éclater dans ma poitrine.
– Et bien au revoir, oncle János.
Là-dessus, je tournai les talons et je m’enfuis en courant. J’étais tout étourdi de joie devant ces révélations imprévues.
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L’enfant du Danube – Janos Székely
Je ne connais pas le livre ni l’auteur… mais l’extrait que tu nous donnes me donne envie de le lire.
Bises et douce journée.
Un de mes coup de coeurs 2019 🙂
Bisesss Quichottine 🙂