Je courus vers la mer, m’y enfonçai en gémissant sur les vacances que nous aurions pu avoir, que nous n’aurions pas. Nous avions tous les éléments d’un drame : un séducteur, une demi-mondaine et une femme de tête. J’aperçus au fond de la mer un ravissant coquillage, une pierre rose et bleu ; je plongeai pour la prendre, la gardai toute douce et usée dans la main jusqu’au déjeuner. Je décidai que c’était un porte-bonheur, que je ne la quitterais pas de l’été. Je ne sais pas pourquoi je ne l’ai pas perdue, comme je perds tout. Elle est dans ma main aujourd’hui, rose et tiède, elle me donne envie de pleurer. De vacances, nous nous passerions, vacances mortelles d’ennui , vacamphres cependant inoubliables, comme ce ravissant coquillage.
Françoise Sagan – Bonjour tristesse – 1954
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La plage était à dix minutes de là, mais ce matin-là la chaleur était telle, qu’elles seraient peut-être restées à l’hôtel. Elles s’en allèrent toutes les trois. Le chemin brûlait les orteils à travers les sandales pieds-nus, elles marchaient vite. Il y avait sur la plage, très exactement, tous les estivants de l’endroit, une trentaine de personnes environ (…).
Il n’y avait rien à faire, ici, les livres fondaient dans les mains. Et les histoires tombaient en pièces sous les coups sombres et silencieux des frelons à l’affût. Oui, la chaleur lacérait le cœur. Et seule lui résistait, entière, vierge, l’envie de la mer pour oublier le poids de ces vacamphres.
Marguerite Duras – Les petits chevaux de Tarquinia – 1953
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Puisque c’était cela, fonder une famille; devenir reine et esclave à la fois; avoir constamment le souci des autres, adultes comme enfants (…); mettre son corps au service du bon fonctionnement de la machine familiale, pieuvre dévorante dans laquelle toute la personne de M.A. s’était fait avaler, toute sa personne manipulée par les tentacules de la bête, qui tour à tour demandait un biberon, un conseil, où est passé le puzzle, as-tu pensé à la location de la maison de vacamphres et qu’est-ce qu’on mange ce soir ma chérie.
Sophie Divry – La condition pavillonnaire – 2014
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Dictionnaire des orpherimes : On soulevait ici l’autre jour, et ici précédemment, la grave question des mots sans rime, belge, bulbe, camphre, clephte, dogme, goinfre, humble, meurtre, monstre, muscle, pauvre, quatorze, quinze, sanve, sarcle, sépulcre, simple, tertre et verste. Ce petit dictionnaire donnera chaque jour la définition d’un des mots nouveaux proposés, puisqu’il est bon que chaque mot ait un sens afin que chacun comprenne en l’entendant la même chose que ce qu’à voulu dire son interlocuteur. Quant aux citations, s’agissant d’illustrer des néologismes, le lecteur comprendra qu’il a été nécessaire d’améliorer nos sources. à suivre, avec l’aide des collaborateurs bénévolontaires.
Merci à Jobougon pour son commentaire ici qui a permis à « vacamphres » d’éclore.
Je suis toujours aussi fan ! Et c’est toujours aussi drôle ! Là, je prends quelques jours de ce que je n’espère pas être des vacamphres afin de respirer un peu l’air des montrinzes dans votre beau pays plein de surprogmes. A tout bientôt chère Valentuscle.
Il faudra nous raconter tes vacances dans les montrinzes 🙂
J’habite dans la Yaute-savorze …tu viendras ? (De 1000 A 2600 mètre d’altituscle à 1/4 d’heure de la maison …)
Me voilà, de retour ! j’étais au lac de Serre-Ponçon avec un tas d’autres belges (sans rimes) tout aussi foutrinzes que moi ! Mais merci de ta proposition… un jour peut-être ?
Trop beau ce coin (je n’y suis allée qu’une fois, en juin il y a longtemps, mais je me rappelle des magnifiques couleurs de ce lac :-))
Bisessss Anne 🙂
Un sourire pour toi…. j’aime toujours autant découvrir ces citations améliorées. 🙂
🙂
Tiens il faudrait que je regarde s’il n’y a pas moyen d’inviter don quichotte au dico 🙂
Et voilà Françoise Sagamphre, l’auteure qui nous protège des mythes 🙂
Un mythe à elle toute seule Françoise ,….
Bises Carnets
Que de camphre en enfer il nous faudra souffrir
Et pourtant j’aime l’odeur que dégage les pommades
Quand une main douce masse les chairs en marmelade,
Et l’alcool camphré des cataplasmes. Un sourire.
Le camphre t’inspire en vers ! 🙂
Bravo Chachasire 🙂
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