J’avais donné rendez-vous à Lharissa au café Verlaine à Coupiac. Elle aurait sans nul doute accepté de me rencontrer ailleurs mais elle donnait ce jour-là un concert et j’éprouvais un besoin urgent de la voir, de l’entendre, de la sentir.
Le bistrotier leur prêtait la salle, ravi de voir son café à l’ombre de la citadelle se remplir à nouveau de rythme entrainant ; il répétait depuis le matin en boucle : « de la musique avant toute chose et pour cela préfère l’impair »
Le concert était expérimental, le groupe de Lharrissa avait voulu faire une analogie avec le Pianocktail de Vian mais au lieu d’alcools ils avaient choisi des instruments mixant chacun des épices. Lharissa, piquante liane aux cils sombres et peau cannelle, naviguait en chaloupant entre les musiciens de son quatuorze : Gillou avec son accordéonze, Jamel D. avec son didgerodooze, et Charles XV avec son vilebrequinze…je ne connaissais pas les autres membres du groupe qui allaient et venaient en fonction de leurs disponibilités.
Assise telle Blanche-Neige au milieu de ses nains, Lharissa cala son djembé entre ses jambes longilignes et commença à tapoter sur son instrument. Là, il me faut faire une pause, pour expliquer, à mon attentif public ce qu’est un Djembé. Pour cela je nommerai mon ami Caetano (appelé ainsi en hommage au Veloso du même prénom) qui du haut de ses trois ans m’avait dit – fronçant les sourcils sur le fait que les adultes ne connaissent rien à rien – un djembé c’est un petit atabaque, et un atabaque qu’est-ce que c’est ? avais-je dit, curieux ! C’est un grand djembé sourcils refroncés – fin de la parenthèse.
La forme évasée du fût du djembé viendrait de celle du mortier à piler le grain, par conséquent le djembépices de Lharrissa représentait un retour aux sources à la culture africaine, mêlant métisses et épices, je ne pouvais rêver meilleur mélange.
Les tuyaux que Lharissa avait greffé sur son djembé était aussi discrets que peuvent l’être cinq tuyaux de diamètre 7 mm: elle m’avait dit : des tuyaux de 7 pour un cinq épices, c’est le rapport idéal : 7 comme les sept notes de musique, les couleurs de l’arc en ciel, les jours de la semaine et les merveilles du monde….., je buvais, il faut le dire ses paroles. J’étais le modeste ingénieur qui avait installé un moulin à café dans le djembé qui recrachait par le devant une mixture écrasée du plus beau vert, musiques saccadées et parfums enivrants.
Le morceau qu’elle jouait n’aurait pas déplu à Verlaine et Rimbaud pour leurs belles couleurs vert, camaïeu qui pouvait s’harmoniser avec un verre d’absinthe : l’échalote (la verte pas la violette), le curry vert thaï, l’anis, le matcha, la cardamome…
De ce concert je me rappelerai longtemps, gardant sur les lèvres le doux baiser de Lharissa qui me dirait plus tard « souviens toi du cinq à sept avec Lharissa au café Musique-Verlaine de Coupiac – Aveyron »
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Participation en canon aux agendas ironiques de septembre chez Frog et octobre chez Carnets
Ps : si j’y arrive un jour, quatuorze aura sa définition dans le dico des orpherimes (ce sera le clou de girofle de ce beau dico)
Ping : Vilebrequinze – Dictionnaire des orpherimes | La jument verte
Deux mois d’un coup ! c’est plus ironiquinze, c’est carrement virtuonze !
Je note ironiquinze sur la liste dès définition du Dicorpherimes à faire … Un jour …
j’aime mieux virtuonze ! 🙂
Je note virtuonze aussi alors 🙂
🙂
💚
En tout cas, c’est génial.
¸¸.•*¨*• ☆
Merci Célestine 💚💚
Haha, merci de ta participation Valentyne ! J’aurais aimé assister à ce concert ! 🙂
Je demande de suite à Lharissa de te prévenir lors du prochain concert !
Prochain agenda ?
Joli doublé !
💚💚
Bon jour,
Ce texte se boit comme un bon cocktail. A recommander 🙂
Max-Louis
Merci Max-Louis 🙂
Coupiac est en Aveyron ? Ha mince je confonds avec Loupiac je crois.
Il n’y a pas que la musique qui soit expérimentale ici…Warf 😀
Un temps j’avais essayé le Pauillac, puis le Cadillac et enfin le Loupiac …il a fallu que j’arrête, ce n’est pas grave, je suis passée au médoc , ça va mieux 🙂
« L’ingénieuse » (ingénieur au féminin) de l’écrit est absolument incroyable. C’est du génie, et pas qu’en poudre. Un immense bravo à l’auteuse qui est d’une grande créativité.
Superbe, ce rendez-vous plus que piquant. Je prendrais bien un petit café concert, merci Val.
A bientôt pour un texte avec écriture inclusive et ingénieuse ?
☕️🎶🎻🎸🎷🎺🎧
J’ignore pour quelle « raison » mon écritorze est en carafe !
Qui sait si sa fermentation était nécessaire à sa force de frappe ?
Il me semble bien subodorfler que les touches de mon claviauvre soient en vacamphres.
Pour un café, c’est adéquarcle.
Oh les beaux néologismes
Ecritorze, subodorfler, claviauvre ….
D’ une pierre deux coups et même plus avec les orpherimes. Belle série de ricochets et toujours dans ton superbe style, aussi imaginatif , un brin déjanté.
Merci Glomérule 💋
Un billet bien parfumé!
Bises
Pas trop de cannelle et de piment ?
Ah, mais c’est une triplette comme dit Glomérule. Le Dico des orpherimes sans la Jument, c’est comme un printemps sans pissenlits. Il manquerait un désordonnancement dans la prairie. Oui bon, c’est raté pour l’agenda de septembre et pourtant, c’est une réussite. Allez comprendre ce paradoxe, vous. Et enfin, c’est un coup de maitresse pour l’agenda d’octobre, une Lahrissa bien pimentée, piquante à souhait, longue en bouche, parfumée, croquante et savoureuse. J’en passe ?
Non non tu n’as rien laissé passer 🙂
Lharissa te fait un bécot 🙂
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Je me souviens d’un piment doux qui chantait « ♫♫ L’Harissa !! L’harissa… Si tu veux de moi… ♫♫ »
Poignant… Com’ le double-fronceur de sourcils m’a subjugué par sa logique, j’ai les yeux qui picotent de plaisir d’avoir vu ce concert !!
Bravo Val’ !!!
Le double frondeur de sourcil existe bien 🙂 bon il a 24 ans maintenant , c’est dire si le temps passe vite
Elle ne s’appelait pas Laziza ta Lharissa ?
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