Dès le début, mes esgourdes ont été charmées par la voix du narrateur qui m’a embarquée dans son épopée au Québec (je précise qu’il ne s’agit pas d’un livre audio et que j’ai quand même entendu la voix du narrateur….ce qui est rare). Le fils Courge, c’est son nom – il ne semble pas avoir de prénom, a le phrasé étrange de celui qui n’a pas été en contact avec les hommes dès sa plus tendre enfance. Un enfant presque sauvage, élevé par un père fou de douleur (sa femme est morte en mettant le fils au monde) et fou tout court (des voix lui parlent dans le « casque »).
Le fils s’interroge sur les hommes, sa mère, son père, l’amour, la nature. Il s’adresse à un juge, on comprend petit à petit pourquoi il s’adresse à cet homme. De sa tendre enfance, avec un père qui a des hallucinations et qui le maltraite, à sa découverte de l’amour vis à vis de la douce Manon, le fils nous brosse un portrait magnifique de la nature, des hommes et du langage.
Son vocabulaire est composé de mots à moitié inventés et d’images très justes d’animaux en toute sortes (loutres, cerfs, serpents, insectes….)
Une grande découverte qui m’a enchantée……
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Un extrait
Lorsque le soleil était bien enfoncé à ponant, il m’arrivait quand il s’essayait à traduire le ciel et son ornement d’étoiles, de questionner père sur ma destinée. Car père était lecteur d’astres et, par même occasion, déchiffreur des avenirs inscrits en eux. Et moi, j’étais en cette matière aussi curieux que le loutron : je n’avais de cesse de me cuisiner et de m’interviewer sur le sort me guettant et sur la tournure de ma personne. J’étais ainsi fait, Monsieur le juge : je ne me rassasiais guère du jour coulant, et il m’était besoin de creuser les époques prochaines. Ah! Comme j’aurais goûté de me transporter en avant, en quelque machine ou brouette avaleuse de temps ! Pourquoi ? Il ne m’est pas aisé de le traduire. Peut être cherchais-je en demains ce qu’aujourd’huis ne m’offraient que médiocrement. On eût dit que l’époque présente ne me suffisait jamais, et qu’il me fallait embrasser, afin de parfaire cette époque, le projet et même la conclusion de mon existence. J’incline à croire qu’il me fallait pour mieux vivre, entrevoir la destination des choses, et ainsi imprimer signification à tout ce qui précédait cette conclusion, un peu à la manière de la fourmi qui rapporte en sa fourmilière la goutte de miel assurant la survie de ses sœurs insectes. M’était besoin de savoir que m’attendait quelque part une fourmilière, et que ce que j’y promettais en mon trajet lui était nécessaire. Et peut être étais-je moi-même une sorte d’insecte rapporteur, cherchant en ce monde à se lier à sa société de semblables afin de lui fournir contribution. Quelle contribution ? Je n’avais en vérité que peu de choses à offrir, hormis la besogne de mon coeur, mon ouvrage de sentiment. Je ressentais souventes fois cela, lorsque je grimpais le grand orme et que je guettais en l’horizon l’apparition de la charmant Manon. Je lui aurais alors volontiers fait cadeau de mes jours. Oui, il me fallait voir lointainement, afin de me mieux mesurer aux choses de maintenant.
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En conclusion : un petit livre à dévorer
Challenge « lire sous la contrainte » chez Philippe où la contrainte est « animaux » ; Challenge Québec en Novembre chez Karine et Yueyin, et aussi Québec O trésor chez Karine:) et Grominou.
Oui, ce livre doit être enchanteur ; j’aime quand les livres sont une ode aux mots !
Et une ode à ce qui lie les hommes entre eux …amour (filial ou autre)
Bonne journée Martine 🙂
Oh mais que voilà un livre des plus tentants 🙂
Percutant
Je suis contente si tu es tentée 🙂
Bonne journée Yueyin 🙂
une question: parle-t-il aussi des corneilles? C’est un sujet qui m’intéresse en ce moment. Merci Val.
Les corneilles arrivent tard (autour de la page 120 sur 150)
Une page Magnifique sur ce « jour des corneilles » que j’ai failli mettre en extrait mais j’ai trouvé finalement que cela expliquait trop le livre et comment le père Courge en ait arrivé à vivre seul dans la forêt ….
Bonne journée Dominique 🙂
merci Val, je vais le commander. Me plait.
Un OVNI littéraire à dévorer, les yeux écarquillés de stupéfaction, oscillant entre horreur et fascination. Les mots permettent de survivre et de vivre pour raconter dans un langage hors normes, sans balises, créé de toutes pièces cette histoire sans nulle autre pareille. SECOUANT et remarquable ! C’était ma critique à moi, que je partage avec la tienne, Valentyne, sans modération.
Nous sommes d’accord sur le terme OVNI 🙂
OLNI ? Bisesss Anne 🙂
Hello Val. Le film d’animation qui en a été tiré est formidable aussi, mais pas pour les trop petits car assez sombre. Bises et branchies 😀
Coucou Edulac 🙂
Je n’ai pas vu le film d’animation mais je note
Branchies itou 🙂
Je ne connais pas le roman mais le marque-page est des plus tentants comme dit ma cousine Yueyin.
Le marque page c’est l’extrait ?
Bonne journée Lou 🙂
Tu as raison, on l’entend cette voix dans l’extrait que tu as mis ! Avec son accent et sa singularité de vocabulaire ! Un livre qui doit être passionnant, j’avais déjà noté cet auteur ! 😉
Un vocabulaire singulier …
Je vais aller voir les autres titres de ce monsieur
Bisesss Asphodèle 🙂
Décidément il faut que je découvre cet auteur!
Je ne peux que t’encourager 😉 bonne journée Grominou
Je ne connais pas, mais d’après ce que tu en dis, je ne suis pas sûr que ce livre me plairait…
Merci pour ta participation à mon challenge et ta fidélité.
J’aime être surprise par les mots
Ce livre est surprenant et je comprends qu’il ne puisse pas tenter tous les lecteurs 🙂
Bisesss Philippe 🙂
Sont-ce des mots inventés ou des mots typiquement québecois ? Les canadiens ont un langage particulièrement fleuri, de jolies métaphores pour parler de choses ordinaires. Et des interprétations des « nôtres » qui sont tout sauf tristes ! 😀 Je n’oserais pas en décliner quelques-uns ici ! Bisous
Coucou Marie Jo
Je ne connais pas assez le parler Québécois pour savoir si les mots sont réellement inventés …
Si j’ai un peu de temps j’irais chercher des billets de lecteurs québécois pour avoir la réponse …
Bonne journée et surtout REPOS 🙂
Ne leur dis jamais que tu vas chercher tes GOSSES à l’école. 😄
Coucou Marie Jo 🙂
Si tu suis ce lien tu trouveras un livre québécois qui cite ces fameux « gosses » …je me rappelle encore le fou rire que j’avais eu en lisant ce passage
Bisess
Si tu réserves dans un motel l’après-midi , on peut te demander ( il paraît ! 😀) si c’est pour une nuitée ou une secouée
C’est une très belle écriture en effet mais si c’est celle d’un enfant , elle n’est pas crédible…c’est trop soutenu comme langage.
Coucou Mind 😉
Le narrateur est adulte quand il écrit (l’âge n’est pas précisé , je dirais
30 ans…) il se remémore son enfance (et invente autour d’elle)
Alors ok, c’est très bien écrit…très beau !
🙂
Bises Mind 🙂
Hmm le style me fait un peu penser au Gaëtan Soucy que j’ai lu dernièrement… Je note donc !
Bonjour Lili 🙂
Je viens d’aller voir ton billet sur « la petite fille »
Il y a effectivement des points communs (sur le fonds et la forme)
J’ai trouvé celui ci plus « philosophique » mais tout aussi réussi
Bonne journée
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