Il faut qu’on parle de Kevin – Lionel Shriver

Je connaissais le sujet  de ce livre avant de le commencer : un jeune garçon commet un carnage dans son lycée quelques jours avant ses 16 ans. Sa mère revient sur les événements :

Voici ma lecture sur 4 jours

Le 20/07/2019
Une femme, Eva la cinquantaine, écrit à son mari Franklin.
Le sujet de ses lettres : essayer de comprendre comment Kevin, leur fils de 16 ans, est parti pour le lycée avec une arme et a tué 7 lycéens, un prof et une personne de la cantine. (2 survivants lors de cette attaque)
L’horreur absolue pour des parents ! Ceux de l’enfant assassin et ceux des victimes…

Le 21/07/2019
L’auteur dissèque dans ses lettres ce qui s’est passé depuis le début «Tomber enceinte » jusqu’au jour fatal le fameux « JEUDI », et ce de façon chronologique.
L’écriture est très directe, très abrupte, sans concession : ni pour elle (elle n’a jamais réellement désiré cet enfant), ni pour son mari (mais on n’a pas la réponse du mari aux lettres) ni pour le fameux Kevin, ni la société américaine pour laquelle il est normal que les armes soient en vente libre …

L’auteure (Lionel Shriver est le pseudo de Margaret Ann Shriver) alterne des passages dans le passé et des compte-rendus des visites qu’Eva rend à son fils incarcéré.
Son fils dès la maternelle présente une incapacité à se sociabiliser …Pour la mère, elle craque et en arrive à le brutaliser : une seule fois lorsqu’il a 6 ans (et porte encore des couches !).

En parallèle, Eva en dit plus sur son enfance : sa mère est agoraphobe, son père est mort en 1945 avant sa naissance, la grande partie de la famille de son père est morte pendant le génocide arménien … Qu’elle est lourde cette enfance qui n’en était pas une : cela rend Eva plus compréhensible : comment aimer un fils alors qu’elle même a été si peu aimée…

Le 22/07/2019
Le mari et père de Kevin est totalement absent. Je crois qu’elle écrit à un mort. Les face-à-faces en prison avec  son fils sont très durs : on sent la haine qu’il a pour l’humanité entière et sa mère en particulier : il est fier de son carnage (et ne regrette qu’une chose que la tuerie de Columbine, qui s’est produite juste après, ait fait plus de morts que « sa tuerie à lui ».)

Le 23/07/2019
Kevin est de plus en plus antipathique, jusqu’au carnage final, qui est raconté de façon presque chirurgicale …
Un livre effrayant…et marquant…
Kevin est-il né psychopathe ou l’est- il devenu parce qu’il a été négligé affectivement par sa mère et son père ? A chacun de se faire son avis…

Un extrait :

… – « C’est toujours la faute de la mère, pas vrai ? » a-t-elle dit tout bas, en ramassant son manteau. « Ce gamin a mal tourné parce que sa mère, elle est alcoolo ou accro à la drogue. Elle le laisse à l’abandon, elle lui apprend pas la différence entre le bien et le mal. Elle est jamais à la maison quand il rentre de l’école. Personne va jamais dire que le père est un poivrot, ou qu’il est pas à la maison quand il revient de l’école. Et personne non plus va jamais dire qu’il y a des enfants qu’ont la méchanceté. Croyez pas ces vieilles salades. Les laissez pas vous charger avec tous ces meurtres.

– LORETTA GREENLEAF ! [Appel du gardien.]

– C’est dur d’être une maman. Personne n’a jamais fait voter de loi disant qu’il faut être parfaite avant de tomber enceinte. Je suis sûre que vous avez fait de votre mieux. Vous êtes dans ce trou à rats par un beau samedi-après-midi ? Vous essayez encore. …

L’avis d’Ingannmic

Et challenge pavé de l’été chez Brize

18 réflexions au sujet de « Il faut qu’on parle de Kevin – Lionel Shriver »

  1. J’aime bien l’article. Le livre lu… m’intéresse moins que le nombre de morts par « pétage de plomb des bons p’tits gars pourtant » en Irak et ailleurs. ou comment on devient « enfant-soldat » en Afrique centrale.
    Désolé mais on parle de la nation qui consacre le plus grand nombre de milliard à sa « défense » – constituée des troupes d’assaut les mieux équipées et les plus nombreuses que la terre ait jamais porté – et dont la population possède le plus grand nombre d’arme par personne.

    Et puis la méritocratie a son revers : la culpabilité indue.

    • Oui c’est effarant aux États Unis et ailleurs ce que ces « enfants «  peuvent faire , manipulés bien souvent par des adultes …
      Quant à la culpabilité, je vise le titre olympique !
      Bonne journée Chachasire 🙂

    • Je crois que je ne pourrais pas voir le film
      L’avantage Du livre c’est qu’on peut le poser s’il y a trop de pression … et puis 4 jours de lecture contre deux heures de film on peut mieux « digérer «  l’histoire..
      Bisesss Anne

  2. C’est une des lectures qui m’a le plus marquée ! Après l’avoir terminé, j’ai continué à y penser pendant des jours et des jours, à me questionner en boucle à son sujet … J’ai lu depuis deux autres romans de cette auteure, mais j’ai été terriblement déçue… Merci pour le lien !

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