Le réveil du coeur – François d’Epenoux

Un livre en deux parties, deux narrateurs

La première est centrée sur l’histoire de Jean avec Leila, jeune couple parisien, qui finissent par avoir un petit garçon. J’ai apprécié l’humour de Jean et de son père (ci dessous c’est ici Jean qui « parle):

Je me sens rare, pur, étincelant parce que joyau humain parmi d’autres joyaux, je me sens libre et tendre, indulgent pour moi-même et pour ceux qui m’entourent et, tiens, assez confiant que mon fils sera un jour dans ce monde comme un glaçon dans l’eau, pas un poisson, non, un glaçon, parce qu’un poisson, ça peut toujours être pêché, énucléé, coupé en morceaux, congelé et décongelé et passé à la poêle, tandis qu’un glaçon, mais un glaçon, c’est merveilleux, un glaçon ça ne peut que tinter, puis fondre, puis se fondre dans de l’or liquide au creux d’une paume avant de réchauffer le coeur d’un valeureux parmi tant d’autres – oui, c’est si bon d’être un glaçon, un doux glaçon dans l’eau et, oui, tu seras un glaçon, mon fils.

C’est une histoire de couple comme beaucoup, confronté à la difficulté de passer du stade de couple à celui de parents avec un nourrisson, incompréhension entre les deux et puis finalement la séparation…. En filigrane, Jean nous brosse le portrait de son père « le vieux » qui a fini par s’arrêter dans les années 60. Il est réfractaire à toute modernité.  Au début on croit qu’il a perdu sa femme et en fait celle-ci est partie du fait de ses infidélités.

La deuxième partie a lieu six ans plus tard et le narrateur change.  Cette fois ci, c’est le vieux qui se confie : il récupère pour un mois son petit-fils à Lacanau et là c’est une nouvelle histoire  qui commence : La plage, la pêche, faire du vélo, parcourir les marchés, se passer de jeux vidéos…

Le bonheur, ça va être nos parties de grenouille, de fléchettes, de pétanque, nos bains de mer d’initiés, à l’heure où les autres désertent la plage, nos châteaux de sable toujours plus grand, nos quatre-quarts et nos crêpes toujours mieux réussies. Le bonheur, ce sera de voir fondre nos glaces de Pinocchio le long de nos doigts, de nous barbouiller de sucre avec des chichis brûlant d’huile, de me laisser vaincre au jacquet et aux dames presque sans le faire exprès, et surtout, surtout, victoire suprême, de constater les progrès de Malo au diabolo – il n’est plus un batteur de fond de salle, mais un chef d’orchestre !

C’est grâce à Malo, le petit fils, que le vieux se remettra en cause et grandira, il arrêtera de dire que tout était mieux dans le bon vieux temps et passera même à Skype….Heureusement d’ailleurs car ce personnage jusque-là était pour le moins caricatural…

Ces gens qui montrent leur tronche et font la promotion de leur petite existence à longueur de pages, ça donne la nausée. Facebook, sous couvert de simplicité, c’est le canal mondial de la vantardise auto-centrée. Regardez comme je m’amuse à cette fête ! Regardez comme je suis beau, comme je suis belle ! Regardez comme la plage où je me trouve est ensoleillée, surtout pendant que vous bossez comme des cons ! Regardez le cassoulet que je vais manger ! Regardez l’assiette de cassoulet que je viens de manger ! Regardez comme elle est chouette ma vie ! Comme je suis chic, drôle, cool, bien entouré ! Vous avez vu ma nouvelle cuisine ? Oui, mais on s’en fout ! Vous avez lu mon affligeante pensée du jour ! Oui, mais on s’en fout ! Parce que c’est ça, en fait, qu’on a envie de hurler à tous ces gens : On s’en fout de ton menu, de tes guibolles sur le sable et ton séjour aux Bahamas ! Tu comprends, ça ? On s’en fout de ton impudeur, de ton égocentrisme et de ta petite vie qui ne passionne que toi ! Moi je, moi je ! Bientôt, ils filmeront leurs crottes… ça me rend hystérique.

 

Une chronique familiale qui m’a fait passer un très bon moment merci Gibulène

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Chez Loupiot et chez son ami Tom, de La Voix du Livre et aussi ici

 

 

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