Le tunnel – Ernesto Sabato

LE TUNNEL

Juan Pablo Castel a tué Maria Iribarne, la femme qu’il aimait passionnément. Du fonds de sa prison, il raconte leur rencontre dans la galerie où il expose. Il relate ensuite sa quête pour retrouver cette femme mystérieuse qui s’est intéressée non pas à sa peinture dans sa globalité mais à un détail infime de la dite peinture.
Dans un livre très court (140 pages), Ernesto Sabato  dévoile la psychologie de Juan Pablo et on suit le cheminement (la folie?) de la pensée du peintre. Car Juan Pablo est fou, à n’en pas douter. Il s’imagine des scénarios, ce qu’il dirait si son amour disait ceci ou cela, il tire des conclusions abracadabrantes mais toujours avec une logique imparable (pour lui). D’une situation anecdotique, Maria ferme la porte de la pièce où elle se trouve pour lui parler au téléphone, il bâtit toute une histoire d’infidélité, voire de prostitution un peu plus tard. De syllogisme douteux en interprétation alambiquée mais auxquels il croit passionnément il se fait (et nous donne) une image totalement floue et mystérieuse de Maria.

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Maria et la prostituée ont eu une expression semblable ; la prostituée simulait le plaisir ; Maria simulait donc le plaisir ; Maria est une prostituée.

Juan Pablo est un être égocentrique, antipathique , il déteste ses contemporains, se croit supérieur, mais au bout du compte on éprouve tout de même de la pitié pour ce créateur incapable de vivre une aventure « normale » : il faut qu’il se torture et torture les êtres qu’il aime.

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Je retournai chez moi avec la sensation d’une solitude absolue. Généralement, cette sensation d’être seul au monde s’accompagne d’un orgueilleux sentiment de supériorité : je méprise les hommes, je les vois sales, laids, incapables, avides, grossiers, mesquins. Ma solitude ne m’effraie pas, elle est pour ainsi dire olympienne.

Leur passion est destructrice, même si Maria sait dès le début que cela va la détruire, elle n’arrive pas à sortir des griffes de ce redoutable amant, cruel et manipulateur.

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Enfin le passage qui « explique » le titre

En tout cas il n’y avait jamais qu’un tunnel, obscur et solitaire : le mien, le tunnel où j’avais passé mon enfance, ma jeunesse, toute ma vie. Et dans un de ces passages transparents du mur de pierre j’avais vu cette jeune femme et j’avais cru naïvement qu’elle avançait dans une autre tunnel parallèle au mien, alors qu’en réalité elle appartenait au vaste monde, au monde sans limites de ceux qui ne vivent pas dans des tunnels.

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Première participation pour le mois Argentin organisé par Denis du blog Bonheur de lire avec cet excellent roman que je recommande fortement.

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Le tunnel est le premier volet d’une trilogie qui se poursuit avec « Héros et tombes » et « l’ange des ténèbres ».

et première participation aussi au challenge Amérique Latine d’Eimelle

challengeameriquelatine

et Challenge Tour du monde en 8 ans  chez Helran 

challenge tour-monde-8-ANS

10 réflexions au sujet de « Le tunnel – Ernesto Sabato »

  1. J’ai trop de livres sur mes étagères et dans ma wish list mais le sujet me tente bien, la création artistique est un mystère et lorsqu’elle est liée à l’amour, la passion ce qui est souvent le cas chez les peintres, elle peut faire mal !
    Bises et bonne semaine !

    • Un amour fou vu par les yeux de Juan Pablo …les sentiments de Maria nous sont presque totalement inconnus puisqu’interpretés par la vision d.un « fou »
      Bises Mind 😉

  2. 140 pages,ça me va tout à fait…Mais le sujet d e la folie, j’hésite..
    J’ai déménagé mon blog car j’avais trop de pb sur WordPress.

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