Incipit :
Oostende. Début d’après midi d’une journée quelconque de novembre. Lumière grise. Grands espaces désolés. Nous sommes à marée basse. On perçoit les échos des voix provenant du champ de courses de Wellington situé à proimité. Sur la plage, face à la mer, légèrement à l’abri d’une dune, deux hommes sont installés sur des chevaux à bascule qu’ils actionnent en parlant. Ce sont là les derniers vestiges de ces ensembles de « chevaux hygiéniques » utilisés par les enfants, notamment dans les années 30. Les deux hommes sont grands et minces. Ils portent, l’un, un manteau de vigogne, l’autre un loden vert. Derrière eux, à une centaine de mètres, le Thermen Palace Hotel où ils habitent, dans les suites avec balcon du quatrième étage, transformées depuis peu en seigneurie du troisième âge. Il est évident que ces deux hommes sont fortunés. Je ne sais pas encore quel âge leur donner : plus de soixante-dix ans certainement. Près d’eux sont posés des sacs de voyage en cuir. Oostende. Dans ce début d’un après midi quelconque. Vent. Solitude. Bruits métalliques. Crissements. Il va se passer quelque chose marqué, c’est certain , par une infinie douleur.
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Théâtre. Fons et Ludo, sont de vieux messieurs mais ils ont gardé leur sens de l’humour et de la dérision. Leurs fidèles compagnons à quatre pattes, Germain et Monsieur Poulot, ne me contrediront pas : un cheval de bois qui parle, ça n’existe pas. Encore que….
Ces deux retraités parlent de la vie en général, du temps qui passe et de l’amour en particulier. Leur conversation est rythmée par les bateaux qui passent (14h45 Prinz Albert, 15h30 princes Maria Esmeralda ….)
Des souvenirs d’enfance remontent à la surface : deux garçons de 11 ans et une petit fille qui deviendra l’épouse de l’un, le quittera pour un autre, épousera le deuxième et repartira, libre comme l’air vers de nouvelles aventures.
Le spectateur entendra aussi parler des séquelles d’une chute (de cheval), de communiqués médicaux, de l’impression que l’on ressent quand on se noie.
Fons se « mélange » (exprès ?) dans les lettres et les mots et de ses inversions de lettres naît aussi la poésie. « ma sacaque trêve et blanche » m’a beaucoup plu (il parlait de moi 😉
Les deux hommes ne parlent pas avec des phrases complètes, se comprenant à demi mots et faisant surgir les images. Toute une vie esquissée entre regrets, souvenirs nostalgiques.
Des enfants viendront les racketter, un passant viendra leur demander où est la mer, les interrompant quelques secondes dans le fil de leur récit.
Entre Shakespeare, l’écuyer hourrite Kibouli, Xénophon et son Hipparque, ces amis rejoueront également la charge du deuxième régiment (4 août 1914).
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Je laisse le mot de la fin à Fons « En un mot, l’inquiétude métaphysique est bien le trait dominant du cheval ».
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En conclusion : une pièce de théatre qui m’a emballée (je lis très peu de théâtre) et que j’aimerais voir.
Challenge totem chez Liligalipette car les chevaux de bois sont des personnages à part entière
Merci pour cette nouvelle participation, tu es une des participantes les plus fidèles de ce challenge ! 🙂
Et il m’en reste plein sur le sujet 🙂
Bonne journée Liligalipette 🙂
L’histoire donne envie. Merci. 🙂
Avec plaisir Rebecca
Tu me recommanderais ton auteur arménien préféré ?
Bon dimanche 🙂
Tentant ;
et encore un titre a aouter au catalogue de la chevalittérature 🙂
Et en faisant le billet , j’ai vu que ce monsieur avait écrit aussi « le tribunal des chevaux » ….
Bonne soirée Carnetsparesseux 🙂
bonnes fêtes de Pâques
Merciiii Flipperine 🙂
Bonne fêtes de Pâques à toi aussi 🙂
Je ne lis pas de pièces de théâtre. Un jour peut-être…
Bonne semaine.
Bonsoir Philippe 🙂
J’en lis très peu aussi 😦
J’ai trouvé en brocante une pièce qui me tente « le voyageur sans bagage » de Jean Anouihl
Bisessss
Venaille est poète aussi
Coucou Denis
C’est dans un recueil emprunté à la bibli que j’avais découvert ce poète
(Poème récupéré de mon ancien blog )
J’ai droit au repos du cheval journalier Désirmais je ne partirai plus vers quel labeur
Et je suis ce centaure qui s’éveille et geint
Autour de lui les aveugles s’affolent craignant
Ses ruades ô grand cheval qui, autrefois, tractais
Vers la berge les navires, te voilà effacé Il ne
Demeure de toi que ce signe sur cette feuille
Sont- ce tes traces dernières ? Ta signature de sabot ?
Franck Venaille
La descente de l’Escaut
Quelle impression d’étrangeté se dégage de ton texte!
C’est un livre étrange … Il n’y a pas tous les mots dedans … C’est au lecteur de combler les trous 🙂
Bon lundi de Pâques Leodamgan 🙂
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