Cavalier / cheval – Franck Venaille (Théâtre)

cavalier cheval

Incipit :
Oostende. Début d’après midi d’une journée quelconque de novembre. Lumière grise. Grands espaces désolés. Nous sommes à marée basse. On perçoit les échos des voix provenant du champ de courses de Wellington situé à proimité. Sur la plage, face à la mer, légèrement à l’abri d’une dune, deux hommes sont installés sur des chevaux à bascule qu’ils actionnent en parlant. Ce sont là les derniers vestiges de ces ensembles de « chevaux hygiéniques » utilisés par les enfants, notamment dans les années 30. Les deux hommes sont grands et minces. Ils portent, l’un, un manteau de vigogne, l’autre un loden vert. Derrière eux, à une centaine de mètres, le Thermen Palace Hotel où ils habitent, dans les suites avec balcon du quatrième étage, transformées depuis peu en seigneurie du troisième âge. Il est évident que ces deux hommes sont fortunés. Je ne sais pas encore quel âge leur donner : plus de soixante-dix ans certainement. Près d’eux sont posés des sacs de voyage en cuir. Oostende. Dans ce début d’un après midi quelconque. Vent. Solitude. Bruits métalliques. Crissements. Il va se passer quelque chose marqué, c’est certain , par une infinie douleur.

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Théâtre. Fons et Ludo, sont de vieux messieurs mais ils ont gardé leur sens de l’humour et de la dérision. Leurs fidèles compagnons à quatre pattes, Germain et Monsieur Poulot, ne me contrediront pas : un cheval de bois qui parle, ça n’existe pas. Encore que….
Ces deux retraités parlent de la vie en général, du temps qui passe et de l’amour en particulier. Leur conversation est rythmée par les bateaux qui passent (14h45 Prinz Albert, 15h30 princes Maria Esmeralda ….)
Des souvenirs d’enfance remontent à la surface : deux garçons de 11 ans et une petit fille qui deviendra l’épouse de l’un, le quittera pour un autre, épousera le deuxième et repartira, libre comme l’air vers de nouvelles aventures.
Le spectateur entendra aussi parler des séquelles d’une chute (de cheval), de communiqués médicaux, de l’impression que l’on ressent quand on se noie.
Fons se « mélange » (exprès ?) dans les lettres et les mots et de ses inversions de lettres naît aussi la poésie. « ma sacaque trêve et blanche » m’a beaucoup plu (il parlait de moi 😉
Les deux hommes ne parlent pas avec des phrases complètes, se comprenant à demi mots et faisant surgir les images. Toute une vie esquissée entre regrets, souvenirs nostalgiques.
Des enfants viendront les racketter, un passant viendra leur demander où est la mer, les interrompant quelques secondes dans le fil de leur récit.
Entre Shakespeare, l’écuyer hourrite Kibouli, Xénophon et son Hipparque, ces amis rejoueront également la charge du deuxième régiment (4 août 1914).

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Je laisse le mot de la fin à Fons « En un mot, l’inquiétude métaphysique est bien le trait dominant du cheval ».

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En conclusion : une pièce de théatre qui m’a emballée (je lis très peu de théâtre) et que j’aimerais voir.

Challenge totem chez Liligalipette car les chevaux de bois sont des personnages à part entière

Challenge Top 50 Claire dans la catégorie « théatre »

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15 réflexions au sujet de « Cavalier / cheval – Franck Venaille (Théâtre) »

    • Coucou Denis

      C’est dans un recueil emprunté à la bibli que j’avais découvert ce poète
      (Poème récupéré de mon ancien blog )

      J’ai droit au repos du cheval journalier Désirmais je ne partirai plus vers quel labeur

      Et je suis ce centaure qui s’éveille et geint

      Autour de lui les aveugles s’affolent craignant

      Ses ruades ô grand cheval qui, autrefois, tractais

      Vers la berge les navires, te voilà effacé Il ne

      Demeure de toi que ce signe sur cette feuille

      Sont- ce tes traces dernières ? Ta signature de sabot ?

      Franck Venaille

      La descente de l’Escaut

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