
Lecture commune avec Soène
Paris 1922 – Aurélien a survécu à la Grande Guerre. Il est rentier à Paris et traîne son mal de vivre dans les soirées parisiennes branchées. Un jour, chez son ami Edmond Barbentane, ancien combattant comme lui, il rencontre la cousine de celui-ci, Bérénice. Il la trouve laide tout d’abord avant de tomber passionnément amoureux d’elle. Au début, celle ci l’ignore (elle est mariée) puis se laisse séduire, le rencontre (en tout bien tout honneur) chez Zamora, le peintre qui fait son portrait. Mais il semblerait que le destin veuille les séparer…..
Autour d’eux une galerie de personnages aux sentiments passionnées et troubles : Blanchette, la femme d’Edmond, est en même temps amoureuse de son mari, qui la trompe abondamment, et d’Aurélien. Edmond, qui a épousé sa femme pour son argent, a un jeu encore plus pervers : il encourage l’attirance entre Aurélien et Bérénice : dans quel but ? faire souffrir sa femme ? avoir le champ libre pour vivre avec sa maîtresse, une actrice ?
Paul, un jeune poète d’une vingtaine d’années, est tour à tour amoureux de Mary puis de Bérénice. Et que dire enfin de Bérénice, qui s’est mariée en croyant aimer son époux, qui découvre l’amour (platonique) avec Aurélien et l’amour « physique » avec Paul. Bérénice ne pardonnera pas à Aurélien un « écart » de conduite.
Bérénice, marquée par l’abandon de sa mère quand elle avait huit ans, saura-t-elle reconnaître l’amour d’Aurélien ?
Que de passions avouées et inavouées dans ce pavé (570 pages écrit petit dans ma version) ?
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Aragon nous brosse le portrait d’une génération survivante de la guerre 14 -18, et qui veut vivre pleinement. Le Paris de ces années fourmillent de peintres, de poètes et d’écrivains dans une farandole qui laisse admiratif et aussi un peu triste (que de rencontres manquées et d’amours contrariées). La poésie d’Aragon m’a charmée et je me souviendrai longtemps des yeux de Bérénice si différents ouverts et fermés mais toujours si vivants.
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un extrait :
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Le fait est qu’Aurélien aimait peu qu’on lui parlât de la guerre et qu’il craignait la faconde de ceux qui l’avaient faite comme la curiosité malsaine des autres. Il n’aurait pas su expliquer la conséquence logique de ces choses, mais la politique de l’après-guerre l’ennuyait à peu près de la même façon. Il n’avait pas répondu aux invites des sociétés d’anciens de ses régiments. Sollicité par plusieurs associations, il n’était entré dans aucune. Il promenait avec lui, et pour lui seul, sa guerre, comme une plaie secrète. Il savait très mal ce qui se passait, les élections, les ministères. Il ne lisait jamais cela dans les journaux, y préférant le sport, les drames. Il écoutait distraitement ce qu’on lui en disait, et deux ou trois mots qui lui étaient tombés des lèvres alors, trahissant son ignorance, l’avaient fait classer par ses amis comme un homme de droite. Bon, va pour la droite. Toi qui es un homme de droite….Aurélien qui est de droite…
Il ne se remettait pas de cette longue maladie. Il n’arrivait pas à faire le point de ses pensées ; il ne trouvait pas l’emploi de son énergie ; plus exactement, il ne savait pas vouloir. Curieux effet d’un état violent qui semble l’école du courage et de la résolution virile. Mais le soldat ne décide pas par lui-même ou il ne décide que dans le cadre d’une action qui lui est imposée. Aurélien se disait que la guerre n’avait pas dû jeter tout le monde dans cette irrésolution, et il en accusait sa nature. Il ne savait pas qu’il participait d’un mal très répandu.
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