Le mur invisible – Marlen Haushofer

mur invisibleLecture commune avec Edualc 😉

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Un roman post apocalyptique où tout est calme et réflexion. Je ne pensais pas que cela existait.

Par le fait du hasard, la narratrice se retrouve seule dans un chalet de montagne en Autriche. Pendant la nuit, un mur invisible est dressé autour de la campagne où elle était sensée passé un week-end avec sa cousine et son mari Hugo.
En se rapprochant du mur, Marlen (j’appelle l’héroïne Marlen comme l’auteur bien que celle ci ne donne pas son prénom) aperçoit dans le lointain une figure humaine pétrifiée : un homme, mort, solidifié par un mal étrange. Tous les animaux sont morts à l’extérieur du mur. Seuls les êtres de SON côté du mur sont vivants. Elle, le chien et bientôt vache, chats, chevreuils…..
Marlen a décidé d’essayer de survivre. Elle est accompagnée de Lynx son chien, puis de Bella, de Tigre, une arche de Noé dont elle est la seule humaine.

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Grelottante dans mon lit, j’envisageai toutes les possibilités qui me restaient. Je pouvais me tuer ou chercher à creuser un passage sur le mur ce qui n’était sans doute qu’une façon plus pénible d’arriver au même résultat. Et, bien entendu, je pouvais aussi rester ici et essayer de survivre.
Je n’étais plus assez jeune pour envisager sérieusement le suicide. C’était surtout la pensée de Lynx et de Bella qui me retenait et aussi une sorte de curiosité. Le mur posait une énigme et j’ai toujours été incapable d’abandonner une énigme dont je n’ai pas trouvé la solution. Grâce à la prévoyance de Hugo, je possédais quelques provisions qui suffiraient pour passer l’été, une maison, du bois pour toute une vie, une vache qui était elle aussi une énigme non résolue et qui attendait peut-être un veau . ( p 47)

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Pendant deux ans, Marlen nous invite à la suivre dans sa métamorphose. Métamorphose physique car elle doit apprendre à cultiver, à couper du bois, à faire les foins, toutes activités dont elle ne savait presque rien car elle vivait auparavant en ville.
Et aussi métamorphose psychique …d’abord l’espoir que les « gagnants » de cette guerre bactériologique qu’elle suppute viennent la sauver et puis ensuite l’acceptation de son sort de dernière survivante.
J’ai beaucoup aimé la pugnacité de cette femme, son courage de tenter de vivre pour les animaux qui dépendent d’elle. Elle se met à écrire pour relater son expérience même si elle ne sera jamais lue par autre qu’elle même, l’écriture pour ne pas sombrer dans la folie.

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Ici, dans la forêt, je me trouve enfin à la place qui me convient. Je n’en veux plus aux fabricants d’autos, ils ont depuis longtemps perdu tout intérêt. Mais comme ils m’ont torturée avec des choses qui me répugnaient ! je n’avais que cette petite vie et ils ne m’ont pas laissée vivre en paix. Maintenant que les hommes n’existent plus, les conduites de gaz, les centrales électriques et les oléoducs montrent leur vrai visage lamentable. On en avait fait des dieux au lieu de s’en servir comme objets d’usage. Moi aussi je possède un objet de ce genre au milieu de la forêt : la Mercedes noire de Hugo. Quand nous sommes arrivés avec, elle était presque neuve. Aujourd’hui, recouverte d’herbe, elle sert de nids aux souris et aux oiseaux. Quand la clématite fleurit au mois de juin, elle devient très belle et se met à ressembler à un gigantesque bouquet de mariée. Elle est belle aussi en hiver lorsqu’elle est brillante de givre ou se couronne d’une coiffe blanche.
Au printemps et à l’automne, je distingue entre les tiges brunes le jaune passé de ses coussins jonchés de feuilles de hêtre, mêlées à des petits morceaux de caoutchouc mousse et de crin, arraché et déchiqueté par des dents minuscules. La Mercedes d’Hugo est devenue un foyer confortable, chaud et abrité du vent. On devrait placer des voitures dans les forêts, elles font de bons nichoirs. Sur les routes, à travers tout le pays, il doit y en avoir des milliers recouvertes de lierre, d’orties et de buissons. Mais celle-là sont entièrement vide et sans habitants. (P 258)

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En conclusion : malgré quelques passages tristes, je n’aurais jamais pensé qu’un roman sur la fin du monde puisse être si doux et loin d’un fracas assourdissant. Ecrit en 1963, il me parait toujours d’actualité, en terme de réflexion sur la place qu’a l’homme dans son environnement.

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Livre déniché chez Moglug 

La bande annonce du film :

https://m.youtube.com/watch?v=gh8_i9o9UVg

Challenge tour du monde pour l’Autriche et Challenge à tous prix chez Asphodèle (prix Arthur Schniztler -1963)

et Challenge Top50 chez Claire dans la catégorie « livre traduit en français »)

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