Comme la grenouille sur son nénuphar – Tom Robbins

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Dans ce roman, Tom Robins nous interpelle, nous bouscule, nous mène en bateau dans trois jours échevelés. Le choix du mode de narration y est pour beaucoup car il utilise, chose assez rare dans les romans, la seconde personne du singulier. Alors si tu es une jeune femme de trente ans, forcément cela te parle. Pour ma part j’ai douze ans de plus 😉 mais je suis restée très jeune et cela m’a parlé aussi.

La rencontre improbable entre Gwendolyn (une jeune trader de trente ans, c’est à elle que s’adresse Tom Robbins en disant « tu » donc ce TU c’est Toi, tu me suis ?)  et de Larry Diamond, ex-trader, exilé à Tombouctou. Gwendolyn est désespérée. La Bourse où elle travaille a plongé (comme toutes les bourses du monde). Et elle se retrouve en ce début de long weekend de Pâques, seule à se ronger les sangs …pour son avenir, les traites de son appartement  ….et il faut bien le dire pour les moyens plus que limites qu’elle a utilisé pour essayer de faire fructifier le capital des clients de sa boîte. Alors quand Larry débarque de sa vie, il a l’attrait de la nouveauté  (Il vient de Tombouctou) et surtout il connait plein de ficelles pour les « placements boursiers».

L’action se passe après 1987 et son célèbre Krach. Je dirais au début des années 90 car on ne croise pas de téléphone portables ni Internet.  Gwendoline a donc beaucoup de choses à faire en ce long weekend (sauver sa peau) mais aussi partir à la recherche de sa meilleure amie et voisine, Q-JO  qui a disparu (justement la dernière personne à l’avoir vue est le fameux Larry) et elle doit retrouver le singe régénéré (oui, oui , tu as bien lu, O toi lecteur, il s’agit d’un singe régénéré qui a rencontré Dieu, à moins que ce ne soit l’inverse- passage hilarant p 86 et 87 qui explique ce qu’est un singe régénéré).

Tu auras compris, O toi lecteur, que ce livre est déjanté, mais pose quand même de bonnes questions : qui suis-je, où vais-je ? Quel est le sens de ta vie ? pourquoi passer sa vie à travailler pour gagner toujours plus ?  Pourquoi le monde marche-t-il sur la tête ? La vie n’est-elle pas ailleurs ? Pourquoi les grenouilles disparaissent elle ? Y a-t-il un  remède au cancer ? Pourquoi la glace à la banane est-elle la meilleure ?

Pour savoir le pourquoi du comment du titre, je te conseille, O toi qui t’es égaré dans ce blog, de lire ce livre (qui m’a bien fait rire, un peu moins cependant que « Féroce infirme Retour des pays chauds » que je te recommande fortement, O toi lecteur égaré)

Pour ma part,  j’ai écouté Larry et suis partie dans mon Tombouctou virtuel.

Un extrait, O toi qui me lit, si mon laïus ne t’a pas trop fait tourner la tête ?

Il t’est difficile de soutenir que ta rencontre avec Diamond manque d’intérêt. Et quoi qu’il puisse présumer, tu n’es pas de ces femmes qui considèrent chaque mâle qu’elles rencontrent comme le partenaire potentiel d’un compromis domestique. Mais des fées ? D’abord il vous ridiculise- ridiculise- oui ! – tous les deux avec ses délires publics au sujet de kidnappeurs de grenouilles venus de l’espace, et maintenant voilà qu’il te parle de fées. De Grâce ! Si tout ça est une blague, qu’il en fasse profiter le cafard. Tu as d’autres choses à faire.

– C’est décevant parce que j’espérais presque qu’on pourrait faire des affaires ensemble : j’ai un plan….mais il est sûrement préférable que je m’en occupe toute seule. Pour ce qui est de …. euh, la partie sexuelle, ce sont des choses qui arrivent. Sans regrets. Dans la mesure où n’as pas de maladie. Tu n’en as pas, hein, dis ? (il se contente de sourire, et le reflet de son sourire n’a pas du tout l’air déplacé à côté de la vermine dans la vitrine.) Tu vois, tu es vraiment impossible. (L’ironie qu’il y a à demander à quelqu’un atteint d’un cancer s’il n’a pas de maladie te passe carrément au-dessus de la tête.) Et puis je ne peux absolument pas supporter tes frasques en public. Toutes ces scènes.

– Vraiment ? Tu étais plutôt en forme hier soir au Bull & Bear, toi aussi.

– Oh, ça va. Oui j’ai un peu perdu le contrôle récemment. Il m’est arrivé d’être un peu légère, parfois. C’est pas facile en ce moment pour moi, ça.

–  Qui es-tu alors Gwendolyn ?

Tu soupires, mordilles ta lèvre inférieure, et te détournes de la vitrine.

– Je suis un jockey blackboulé d’un cheval boiteux dans une course truquée. Mais je n’abandonne pas. J’irai jusqu’à la ligne d’arrivée. Et je me débrouillerai toute seule.

Et pour ceux qui se diraient « encore un passage de livre avec un canasson », je répondrai : Lis ce livre, O toi qui t’es égaré par ici et tu connaîtras le secret du poney sauvage blanc (trois passages avec ce poney blanc que je ne mets pas ici ;-))

Et vous connaissez vous des livres écrit principalement à la deuxième personne du singulier ?

Livre lu dans le cadre du Mois américain en LC avec Noctenbule autour de Tom Robbins

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Et du challenge Animaux du monde de Sharon

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7 réflexions au sujet de « Comme la grenouille sur son nénuphar – Tom Robbins »

  1. Du grand Tom Robbins apparemment.
    Je crois qu’il va rentrer dans mes auteurs préféré, quel plume, quel verve.
    Je vais lire Les grenouilles l’année prochaine.
    Et bonne nouvelle, les éditions gallmeister vont publier un nouveau roman de cet auteur en juin.

    • Bonjour Gwenaelle 🙂

      Sous ces dehors dejantés , ce livre amène aussi à s’interroger sur ce que l’on a envie de faire de sa vie 🙂
      Je note l’auteur que tu cites 🙂
      Bonne journée 🙂

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