Le vrai monde – KIRINO Natsuo

levrai monde

Dans ce roman publié en 2010, le lecteur sait tout de suite qui est le meurtrier et qui il a tué. Le but n’est pas de savoir qui ou comment ou encore pourquoi. Il s’agit plutôt d’évoquer les suites des conséquences de l’acte d’un jeune garçon (18 ans) qui, dans un accès de rage, tue sa mère.

Dans chaque chapitre, un narrateur différent prend la parole et donne son avis, sur l’acte du jeune homme mais aussi sur sa vision du monde. Toschiko, 17 ans, commence, elle est la voisine du meurtrier, elle ne s’entend pas très bien avec ses parents, et pour ne pas avoir d’ennuis ne dénonce pas le meurtrier qui lui vole son vélo et son portable.
Tout va partir d’ailleurs de ce portable puisqu’avec lui, le Lombric (c’est le surnom que Toshiko donne au jeune homme) va contacter les proches amies de Toshiko et plusieurs d’entre elles vont l’aider dans sa fuite éperdue et tragique. Yuzan, une amie de Toshiko, explique sa détresse suite au décès de sa mère et vient en aide à ce jeune homme. Deux autres amies de Koshiko vont intervenir également (Terauchi est la plus intelligente et la plus complexe)

C’est un livre où je ne me suis pas ennuyée une seconde. Ces très jeunes gens (ils étudient tous assez dur pour décrocher une université prestigieuse) m’ont paru très désemparés face à leur vie. Les filles, surtout, travaillent pour entrer à l’université mais dans le but de se faire épouser et ensuite d’être au foyer. Les parents sont absents ou ne s’intéressent pas à eux. L’auteur présente une vision assez noire du passage à l’âge adulte (la fin est percutante !).

J’ai choisi un passage où c’est le Lombric qui parle :

Quand je pense que je suis en cavale à travers le Japon avec tout le pays lancé à mes trousses, j’ai l’impression que mon destin est de fuir éternellement. Mais ce n’est pas comme si je pouvais me réfugier quelque part. Comme dans Running Man de Stephen King, des chauffeurs de taxi et des caissières de supermarché appelleront les flics pour leur dire qu’ils viennent de voir passer le type à la télé.

A propos de Stephen King : j’aime ce qu’il fait. Running Man et Carrie. J’ai lu Marche ou crève deux fois. Battle Royale n’est pas de King, mais ça aussi je l’ai lu deux fois. La plupart des jeunes que je connais ne lisent que des mangas, mais je préfère les romans. Les romans sont plus proches de la vraie vie, c’est comme s’il montrait le monde après en avoir épluché une couche, une réalité que l’on ne pourrait pas voir autrement. Ce que je veux dire, c’est qu’ils ne sont pas superficiels ; ça fait de moi une sorte d’anomalie au sein de ma classe. Mes camarades ne voient que la surface des choses. Pareil pour leurs parents. Ils doivent trouver que ça leur rend la vie plus facile, comme si c’était la manière la plus intelligente d’aborder l’existence. Quelle bande de trouducs !

Livre lu dans le cadre du challenge « Ecrivains Japonais » d’Adalana où l’auteur du mois est Natsuo KIRINO

challenge-japonais

9 réflexions au sujet de « Le vrai monde – KIRINO Natsuo »

  1. L’idée est bonne, ça change des livres qui proposent une enquête pour savoir qui a tué.
    Cet univers à l’air très noir, flippant. Je n’arrive pas a m’intéresser au Japon, c’est bête mais je bloque. Faut que je relise Amélie Nothomb peut être! Bises et belle semaine.

    • Le suspens et la tension montent doucement . Tout du long je me suis dis que cela allait déraper et mal finir ….
      Mais je ne regrette pas du tout cette lecture, Mind, même si je suis incapable de dire si je recommande ce livre 🙂

  2. J’ai pensé à Ryu Murakami en le lisant : lui aussi montre une jeunesse totalement perdue, dont les projets sont de profiter de leur jeunesse avant d’être obligé de se ranger.

    • Pour le mois Ryu Murakami j’avais choisi un livre très doux « Kyoko » et je n’ai donc pas perçu ce côté « jeunesse perdue » mais ce sera peut être pour une prochaine fois …..
      Bon WE Sharon ;’)

  3. Ping : Challenge Écrivains japonais : Récap’ d’octobre | Adalana's Imaginary World

Poster votre avis