Le palais des rêves – Ismail Kadaré

palais des reves

Mark-Alem, jeune homme d’un vingtaine d’années, issu d’une famille aisée, est embauché au Tabir Sarrail, le palais des rêves. Dans une Albanie dictatoriale, il pose un regard novice sur cette étrange institution : Une institution composée d’un hiérarchie subtile qu’il va connaître peu à peu.

Le fondement du Tabir Sarrail est non point l’ouverture , mais au contraire la fermeture aux influences extérieures, non point l’ouverture mais l’isolement, et, partant, non pas la recommandation, mais précisément son opposé. Malgré tout, à compter de ce jour tu es nommé à ce Palais.

L’état impérial enregistre tous les rêves de tout le monde : on dirait que c’est même la seule activité dans ce pays. Enregistrer les rêves, les interpréter pour déceler tout risque de révolution ou d’atteinte au Souverain. Mark-Alem commence sa carrière au service de la Sélection.

Les services de la Sélection occupent plusieurs salles comme celle-ci, lui dit le chef en dessinant un ample mouvement de son bras droit. C’est l’un des secteurs les plus importants du Tabir Sarrail. Certains pensent que le secteur essentiel du Tabir est l’Interprétation. Mais il n’en est rien. Les interprètes se targuent d’être l’aristocratie de notre institution. Nous autres sélectionneurs, ils nous regardent un peu de haut, pour ne pas dire avec dédain. Mais tu dois être bien conscient que c’est pure vanité de leur part. Quiconque a deux sous de jugeote peut comprendre que sans nous, sans la Sélection, l’Interprétation est comme un moulin sans grain. C’est nous qui fournissons la matière première de son travail, c’est nous qui lui tenons lieu de socle.

Le travail de Mark-Alem est ennuyeux, toute la journée à lire des rêves et à en rendre compte. Bizarrement, sans qu’il fasse d’éclats ou qu’il apparaisse comme étant très compétent, Mark-Alem est rapidement nommé à d’autres fonctions plus considérées. L’ambiance est assez angoissante et j’ai senti à plusieurs fois qu’il était manipulé sans savoir par qui et dans quel but. La visite des archives des rêves est particulièrement réussie. Chaque semaine, un maître-rêve est élu et son Interprétation communiquée au grand jour. Les rêves faits la veille de grandes batailles sont disséqués, analysés à posteriori pour essayer de trouver les prémisses d’une révolution. Les rêveurs, coupables d’avoir « rêvé » le maître-rêve, sont impitoyablement broyés pour servir d’exemple et asservir la population.

En conclusion : un livre très troublant, qui fait parfois peur tant on suit Mark- Alem dans sa découverte de ce Palais, métaphore de l’Albanie totalitaire d’Enver Hoxha (1908-1985 – dictateur de 1945 à sa mort).

Challenge à tout prix d’Asphodèle

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Né en 1936, Ismail Kadaré, journaliste albanais engagé, écrivain contestataire, est l’auteur de nombreux livres. Le palais des rêves a été écrit en 1981. Ismail Kadaré obtient l’asile politique en France en 1990. Il a remporté en 2005 le prix international Man Booker pour l’ensemble de son oeuvre.

Ce livre a été traduit de l’albanais par Jusuf Vrioni.

 

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5 réflexions au sujet de « Le palais des rêves – Ismail Kadaré »

  1. Le contexte ne me tente pas…mais la question des rêves est originale et en effet troublante. Si je savais écrire, j’écrirais un roman qui raconterait l’histoire d’un jeune homme ou d’une jeune femme qui parviendrait à choisir et programmer ses rêves nocturnes…avec ensuite toutes les implications sur sa vie diurne.
    Et si tu en faisais une nouvelle un jour, toi qui a des facilités pour écrire??

  2. Je connaissais cet auteur de nom mais je n’ai rien lu ! Les régimes totalitaires (hélas) engendrent souvent de grands écrivains… Et tu carbures bien pour le challenge, tu es passée au niveau Félicitations, youhou !!! 😀

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