Patagonie Route 203 – Eduardo Fernando Varela

LC avec Edualc – Coup de coeur –

Parker est camionneur en Patagonie, il sillonne de long en large l’Argentine ; souvent son camion est chargé de marchandises illicites et il prend par conséquent les petites routes. Un jour, il tombe par hasard sur une fête foraine (délabrée) et semble séduit par la jolie Maytén, guichetière au train fantôme.
On ne sait pas grand-chose du passé de Parker juste qu’à une époque il avait vraisemblablement une famille, femme et enfant. Pourquoi est-il seul dans cette contrée aride de Patagonie ?

L’ambiance de ce roman est souvent absurde, le premier village selon certains s’appelle Jardin Espinoso (jardin épineux) mais le premier être humain qu’interroge Parker nomme ce village El Succulento (Le succulent). Un dialogue étrange, surréaliste …et succulent…

Les premiers dialogues entre Parker et Maytén sont également en décalage : ils viennent de mondes diamétralement opposés et pourtant l’attirance est certaine et réciproque. Pour tout dire je me suis régalée de ce côté absurde et très surprenant…

Ce roman tour à tour fantastique, road movie, roman d’amour m’a enchantée. J’ai été plongée presque immédiatement dans la peau de Parker (un peu moins dans la vision de Maytén)

Il s’agit d’un livre qui montre une vie très rude que ce soit celle du camionneur qui passe son temps sur les routes ou que ce soit celle de Maytén qui s’est mariée avec Bruno pour échapper à la misère mais qui se retrouve dans une misère encore plus noire. Malgré cette vite rude où à chaque moment, on peut être bousculé par une rafale ou recouvert de cendres de volcan, les personnages poursuivent leur route s’adaptant aux situations étranges.

Les personnages secondaires sont également très bien campés que ce soit le journaliste, à la recherche de sous marins nazis, Bruno le mari de Maytén ou les deux sbires travaillant à la fête foraine.

Bref j’ai tremblé pour ces personnages… et j’ai ri aussi …comme Bruno, j’ai vu la lumière..

Une réussite, ce premier roman

Des extraits :

Bon, alors prenez la 210 jusqu’à trouver un arbre abattu. Si vous dépassez les trois jours, revenez en arrière, parce que vous serez allé trop loin. Au croisement, prenez à gauche, c’est l’affaire d’un jour et demi, deux s’il pleut.

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Le camion de Parker fendait l’air de sa proue, secoué par le vent, et les bâches qui couvraient la remorque se gonflaient, fouettées par une main invisible. Après une demie-journée de route, la plaine céda la place à de hautes falaises d’où l’on apercevait l’immense tapis bleu de l’océan, décoré de lignes d’écume blanche.

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Il frissonna en revoyant le jeune femme de près, au niveau du sol, dans ses vêtements qui moulaient son corps svelte, entourée de poupées en plastique, bouquets de fleurs artificielles, masques de carnaval, ballons de football, statue de la Vierge, vases, porte-photos avec paysages de montagne, bagues, colliers, bracelets fluorescents qui faisaient d’elle une déesse orientale vénérée sur son autel. Il y avait un contraste entre le visage pâle et son abondante chevelure ébène, comme deux forces se disputant le regard intense de ses yeux noirs, un conflit dans cette physionomie mêlant des traces autochtones à des traits venus de l’au-delà de l’océan.

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Lu également dans le cadre du mois organisé par Goran et Ingannmic

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