Commençons par la forme de ce roman, très particulière : il n’y a aucune majuscule et la ponctuation est réduite aux seuls points.
Cela m’a déstabilisée au moins au début.
Cela déshumanise (à mon avis) quand les noms des personnages n’ont pas de majuscules (un peu comme s’ils étaient gérés comme des objets.)
Sur le fonds, l’histoire laisse peu d’espoir, j’ai d’abord cru que les scènes se passaient dans les années 30 après la Grande dépression tant les gens sont pauvres et ont peu de perspectives d’avenir, il semble que l’action se passe bien après la seconde guerre mondiale (mais sans repères de dates – à un moment un personnage fait référence à Niki Lauda et aux voitures de courses – wiki me dit 1971-1979, donc années 70 – ce livre est paru en 1975)
On suit en parallèle deux femmes : l’une Brigitte vit en ville, est ouvrière dans une usine textile et pour se sortir de sa condition n’entrevoit qu’une seule solution : se marier avec Heinz qu’elle déteste mais qui a une « belle situation ». Elle a une rivale de taille une dénommée Suzi qui fait des études au lycée « ménager » .
L’autre, Paula, est plus jeune, 15 ans, vit dans un tout petit village et est « amoureuse » d’Erich (très beau mais peu recommandable)
On sent dès le début que le drame est proche, ces femmes vont être victimes : victimes des hommes, de la société et même victimes de leurs propres mères.
L’auteure érige Brigitte (cruelle et insensible) en « bon exemple » et Paula (naïve et sensible) en « mauvais exemple » …
Comment se sortir de ce statut d’asservissement des femmes par les hommes ?
Paula n’y arrivera pas, Brigitte y arrivera partiellement (et sournoisement) : est-ce donc cela le bon exemple ?
Une lecture éprouvante tant sur le fonds que la forme ….intéressante mais éprouvante…..
Extraits :
la simca vaut à paula de connaître le plus beau moment de sa vie, de prendre un nouvel essor. maintenant elle peut faire des virées en voiture, mais elle n’a pas le droit sans erich.
elle est une des rares femmes du village qui ait son permis. paula n’a le droit de prendre la voiture qu’en compagnie d’erich qui passe son temps à faire des bruits de moteur avec la bouche.
**
un enfant peut être victime de l’usure générale des choses ou de la circulation dans les grandes villes, il en faut donc un en réserve. il est préférable d’en avoir un en stock, en prévision de l’usure.
un enfant vaut d’ailleurs sûrement mieux qu’une machine à coudre, avec l’enfant on peut se promener au grand air, avec la machine non.
Lu dans le cadre des feuilles allemandes chez Eva et Patrice et chez Livrescapades

J’ai lu Les exclus et Lust de cette auteure, qui y utilise aussi ce style sans ponctuation.. Je reconnais que ses textes sont forts, mais je te rejoins, la lecture en est éprouvante, et avec le recul, c’est surtout ce dernier aspect que je retiens..
Oui pas sûr que je la relise de si tôt 🙂
Bonne journée Ingannmic 🙂
Je n’aime pas quand on joue avec la ponctuation, ça devient une nouvelle mode. Je ne lirai donc pas ce livre, c’est sûr !
Bon dimanche.
Oui la ponctuation me semble indispensable
Sinon j’ai l’impression de lire en apnée
Il semblerait que ce soit une constante chez l’auteure de ne pas mettre de ponctuation…je me demande pourquoi…
Bisess Philippe
Ce que tu mentionnes sur l’écriture me rebute un peu, mais c’est en tout cas une grande dame des lettres allemandes ; merci pour ta participation aux Feuilles Allemandes !
Contente de l’avoir lue tout de même 🙂
Mince novembre est déjà fini , il le reste un livre allemand en cours …
Bisesss Patrice
Oui, mais tu as beaucoup de change, car les Feuilles allemandes ne s’arrêtent que le 6 décembre. Alors, si le coeur t’en dit, Valentyne, n’hésite pas !
Je n’y suis pas arrivée (livre trop exigeant pour moi en ce moment : le Tambour de Gunter Grass, je le met de côté et le reprendrai plus tard)
Bonne journée Patrice
Le sujet me paraît intéressant mais je suis bcp plus dubitative sur la forme. Merci en tous les cas pour ta participation et cette découverte! Bon dimanche 🙂
Avec le recul le personnage de Paula est attachant
Bonne journée Livr’escapade
Je n’avais lu que La pianiste et c’est horrible mais je ne me rappelle même plus du style (seulement de l’ambiance) – était-il aussi sans ponctuation… ? 🤔 C’est une auteure qui m’intéresserait mais pas pour tout de suite 😉
J’ai trouvé celui ci à la boîte à livres de mon village
Je vais voir si je trouve la pianiste a la bibliothèque par la suite
Bonne journée Eva 🙂
Hello Val. Honnêtement ne sommes-nous pas là dans le snobisme le plus…snob? Je suis bien d’accord avec Philippe. A bientôt.
Oui c’est possible que cette absence de ponctuation soit du snobisme 🙂
Bisessss Edualc
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