Pour la deuxième fois, Martin Suter m’a convaincue , après Éléphant et les manipulations génétiques, il s’agit ici à la fois d’un roman et d’un récit (presque une enquête)
Côté roman les deux personnages principaux sont Maravan, réfugié tamoul en Suisse, et Andrea, jeune femme suisse.
Ils travaillent tous deux dans un restaurant (Maravan en tant que commis et Andrea en tant que serveuse) m. Suite à un concours de circonstances malheureux, Maravan est licencié ; Andrea se sentant coupable, lui propose de monter une petite entreprise (en toute illégalité) de restauration à domicile. L’idée de ce traiteur est d’utiliser les connaissances de Maravan à propos des épices aphrodisiaques…
Côté récit (je devrais plutôt dire récitS), Martin Suter s’empare de plusieurs sujets : la crise financière de 2008, le sort des réfugiés Tamoul (ils sont victimes de persécution au Sri lanka), la vente d’armes (de la Suisse vers le Sri lanka)…
Il s’agit ici d’une enquête passionnante qui m’a permis d’apprendre énormément d’éléments sur le Sri Lanka et aussi sur la Suisse.
Maravan est déchiré entre sa famille qui meurt au Sri Lanka (de faim et dans des combats) et sa solitude en Suisse. Il rencontre une jeune fille (tamoule mais née en Suisse) qui lui apprendra à mieux accepter sa situation. Par le biais d’Andréa, il rencontre également une jeune éthiopienne, réfugiée en Suisse comme lui pour cause de guerre dans son pays… autre pays mais même détresse ….
Le dilemme final de Maravan est très bien amené et traité… il s’en sort (selon moi) avec brio …
Un extrait
Maravan garda son sérieux.
– Chez nous, ce sont les parents qui arrangent les mariages.
– Au XXIe siècle ? Tu me fais marcher !
Maravan haussa les épaules.
– Et vous supportez ça ?
– Ça ne fonctionne pas mal.
Andrea secoua la tête, incrédule.
– Et pourquoi n’en a-t-on pas arrangé un pour toi ?
– Je n’ai ni parents ni famille ici. Personne qui puisse témoigner que je ne suis pas divorcé, que je n’ai pas d’enfants illégitimes, que je ne mène pas de vie immorale ou que j’appartiens à la bonne caste.
– Je croyais que les castes avait été abolies ?
– Exact. Mais tu dois faire partie de la bonne classe abolie.
– Et à quelle caste abolie appartiens-tu ?
– Ça ne se demande pas.
– Dans ce cas comment le sait-on ?
– On demande à quelqu’un d’autre.
Andrea rit de nouveau et changea de sujet.
– Et si on sortait regarder le feu d’artifice ?
Maravan refusa d’un geste de la tête.
– J’ai peur des explosions.
