– Avec tout le respect que je vous dois, de quelle nationalité est ce « Mody» ?
– Anglaise. J’avais d’abord pensé à Modesty, mais c’est presque aussi laid qu’en italien, si bien que je l’ai abrégé à ma façon. Je ne sais pas si c’est correct. Mais les Anglais, grand peuple, permettent tout, du moins avec les noms. Sais-tu, Mody, ce que disait la mère de mon mari, feu le Prince ? Oui, cette bourgeoise que nous avons dépouillée. Et ne rougis pas : comme si cette grande bavarde de Béatrice ne te l’avait pas raconté ! Elle disait que pour garder un cheval heureux il suffisait de l’attacher à une corde plus longue. C’est ainsi que les Anglais sont solidement attachés, mais avec une corde si longue qu’ils ne s’en aperçoivent même pas et croient être libres. Eh, j’en ai appris des choses de cette bourgeoise ! Elle était remarquable ! Elle lisait, au lieu de se massacrer à faire des enfants. Mais que me faites vous dire ! Nous ne sommes pas là pour ça. Écoute Carmine, pour en finir, je te dis que cette fille est très forte et capable. Cela fait deux mois qu’elle tient tous les comptes de la maison, et jamais une erreur. Tout marche mieux que lorsque c’était moi qui les tenais, et elle m’a même fait faire des économies.
– Je n’en doute pas. Mais une chose est la maison, une autre…
– Et moi ? C’est moi, il me semble, qui tient tout en main depuis dix ans, non ?
– Pardonnez-moi ce qui peut sembler être une indiscrétion, mais vous, Princesse, vous êtes une exception : vous étiez née pour être un homme !