À cette heure matinale, les allées du Bois étaient encore paisibles, à peine troublée par le frottement des roues d’une bicyclette ou le pas des promeneurs solitaires. Laszlo de Nérac avait donné rendez-vous à ses témoins au carrefour des Cascades, non loin de la porte de Passy. Le jeune homme était venu à cheval, désireux de monter le yearling arabe qu’il avait acheté quelques mois plutôt et qu’il négligeait depuis des semaines. Quand il arriva en vue du lac supérieur, la voiture de ses amis l’attendait au carrefour. Il arrêta son cheval et lui flatta l’encolure avant de mettre pied à terre. C’était un animal superbe, dont la robe noire et brillante s’enflammait de nuances fauves dans le soleil matinal. L’ayant pratiquement vu naître, du moins choisi quand il tétait encore sa mère, il avait baptisé « Tüzes », « fougueux » en hongrois, tant sa nature impétueuse éclatait dès l’origine.
– Bien, Tüzes, dit-il au cheval qui le fixait de son œil noir profond, les naseaux agités de frémissements. Tiens, dit-il en lui tendant un morceau de sucre, tu l’as mérité.
Il confia le yearling au cocher de son ami Guillaume de Termes, et salua ses amis qui venaient à sa rencontre.
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La part des flammes – Gaelle Nohant