Attention : cet avis renferme des spoilers (je n’ai pas trouvé le nom commun issu de divulgâcher : divulgachis ?)
Hypnotisée par le tome 1, j’ai enchaîné de suite avec le tome 2 qui nous raconte la suite des aventures de Tengo et Aomamé (qui ont failli se rencontrer à la fin de ce tome – 1er spoilier)
Tengo et Aomamé ne se rencontrent toujours pas mais progressent chacun de leur côté dans leur exploration de 1Q84 : un monde pas éloigné du monde finalement avec en toile de fonds le Japon (lui non plus pas très éloigné de notre culture : Les femmes m’ont cependant semblé plus mal loties qu’en France – soit dans leur vie conjugale, soit dans leur vie professionnelle avec des mises au placards à des postes subalternes, soit dans leur famille)
On en apprend plus sur Aomamé et ses motivations (c’est mon personnage préféré) . Les personnages secondaires comme la vieille dame (non ce n’est pas la vieille dame de Babar) et son garde du corps Tamaru prennent de la consistance.
Fukaéri, la jeune femme qui a écrit le roman « la chrysalide de l’air » est obligée de se cacher (il s’agit en fait de faire sortir un certain loup du bois – 2ème spoilier)
Ce qu’il y a de bien dans ce deuxième tome c’est l’imprévu : un peu de conte, le chapitre d’après est un peu « thriller », le suivant développement personnel, le suivant nous explique la méthode que Tengo a pour écrire ses romans ….Il y a deux petites choses qui m’ont dérangé : d’abord le nom des « little people » parce que pour moi ce sont des figurines de jeux, les little people, et quand même les Little people de Murakami sont un peu malveillants non ?
La deuxième chose qui m’a gênée est aussi le nouveau personnage, Ushikawa, qui est intéressant au niveau de l’intrigue et des rebondissements mais qui est quand même par trop caricatural dans son accoutrement.
Sinon ces deux bémols mis à part (qui font que je mets 4 * à ce tome (et 5 * au premier) cela reste une excellente lecture et je suis partie sur la deuxième lune en route pour le tome 3 ….
Deux extraits
Personne ne le sait, songeait Aomamé. Mais moi, je comprends. Ayumi avait en elle un énorme manque aride et désolé, quelque chose comme un désert aux confins de la Terre. Sur le sol duquel on pouvait verser toute l’eau que l’on voulait, nulle humidité ne subsistait quand la terre l’avait absorbée. Aucune forme de vie ne pouvait y prendre racine. Aucun oiseau ne volait dans ce ciel-là. Seule Ayumi savait ce qui avait produit en elle ce paysage totalement ravagé. Non, en fait, peut-être Ayumi n’en était-elle pas tout à fait consciente. […]
Chaque fois qu’elle ôtait une des couches du moi décoratif qu’elle avait élaboré, il ne restait pour finir qu’un abîme de vide. Qui la laissait complètement assoiffée. Et même si elle s’efforçait de l’oublier, ce vide la visitait périodiquement. Un après-midi pluvieux où elle était solitaire, ou un matin où elle s’éveillait après avoir fait un cauchemar. Et dans ces moments-là, il lui fallait impérativement se retrouver dans les bras de quelqu’un, et peu importait qui. »
***
La Chrysalide de l’air, qui se présentait sous la forme d’un récit fantastique, était un roman facile à lire. Le style adoptait la façon de parler d’une fillette de dix ans. Il n’y avait pas de mots compliqués, pas de logique excessive, pas d’explications ennuyeuses, pas non plus d’expressions recherchées. Du début à la fin, le récit été raconté par une fillette. Dans une langue compréhensible et précise, bien souvent plaisante à l’oreille, et pour ainsi dire sans explications. La petite fille relatait au fil de la plume ce qu’elle avait vu de ses yeux. La lecture n’était pas interrompue par des réflexions ou des interrogations du type : « Mais que se passe-t-il exactement ? » Ou : « Qu’est-ce que ça veut dire ? ». L’enfant avançait à une allure lente mais tout à fait pertinente. Les lecteurs marchaient avec elle, voyaient avec ses yeux. Tout se faisait très naturellement. Et avant même qu’ils aient eu le temps de s’en apercevoir, ils avaient pénétré dans un autre monde. Un monde qui n’était pas celui d’ici. Un monde où les Little People tissait une chrysalide de l’air. (Page 392)