1Q84 Livre 1 Avril-juin – Haruki Murakami

Genre : roman avec deux fils narratifs (fils presque parallèles mais qui s’emmêlent et s’entremêlent, oui je sais cela fait longtemps que je n’ai plus fait de mathématiques)

1er fil : Aomamé (prénom signifiant haricot de soja vert) est une jeune femme, la trentaine, séduisante. Dans un taxi, le chauffeur fait mention d’un escalier pour quitter l’autoroute bloquée par un accident. Cet escalier mène-t-il vers un autre monde ?

2ème fil : Tengo, la trentaine également, est un écrivain semi-professionnel  et un professeur  de mathématiques au lycée.
Son éditeur lui propose de réécrire un roman d’une lycéenne (une histoire fascinante mais écrite sans style). La jeune fille qui a écrit ce livre est en fait quasiment incapable de lire et d’écrire (forte dyslexie) et elle l’a dicté à une amie.

Mon avis  : C’est un roman captivant avec ses deux histoires parallèles.
On comprend assez tard ce que les deux héros ont en commun : une enfance maltraitée (témoin de Jéhovah pour l’une, un père obsessionnel pour l’autre). Les chapitres sont comme un écho l’un à l’autre.
Aomamé est solitaire et rencontre une jeune femme qui travaille dans la police, puis une vieille dame qui s’occupe de femmes et d’enfants maltraités. Depuis l’épisode du taxi, elle est plus attentive à l’actualité et il lui semble que celle-ci change subtilement. Il est question d’un monde parallèle à 1984.
Tengo est également solitaire : il a peu de contacts sociaux à part son éditeur et son amante, une femme mariée plus âgée que lui. La rencontre avec Fukaeri et son père  adoptif change sa vie du tout au tout : il apprend que Fukaéri s’est échappée d’une secte à l’âge de 10 ans.

La Sinfonitta de janacek revient régulièrement. Par circonvolutions, Murakami met en lumière ses deux personnages principaux (qui à la fin du livre 1 ne se sont pas encore rencontrés). A moins qu’ils se soient rencontrés en 1Q84 dans un pays où deux lunes cohabitent….

 

En bref  : totalement fascinant même si on ne fait pas bien le distinguo entre réalité et affabulation.

J’espère en apprendre rapidement plus sur ce monde dans le deuxième tome.

Un extrait

Mais quel lien y avait-il entre cette Sinfonietta et elle ? La notice n’en donnait  aucune piste. Lorsqu’elle sortit de la bibliothèque, c’était presque le coucher du soleil. Elle avança sans but dans les rues. Elle monologuait de temps en temps, de temps en temps secouait la tête.

Bien entendu, il s’agit d’une simple hypothèse, pensait Aomamé en marchant. Mais là, maintenant, elle me semble très convaincante. Du moins, tant qu’une autre, plus évidente, ne sera pas apparue, je dois m’y conformer. Sinon, je pourrais bien me retrouver rejetée je ne sais où. Il serait d’ailleurs bon de donner une appellation appropriée à ces conditions nouvelles dans lesquelles je me trouve. Et j’ai aussi besoin d’attribuer à ce monde un nom qui me sera propre, pour le démarquer du monde d’autrefois, celui où les policiers étaient munis de leurs vieux revolvers. Après tout, on donne bien des noms aux chiens et aux chats. Il n’y a pas de raison que ce nouveau monde altéré n’en ait pas.

1Q84 – voilà comment je vais appeler ce nouveau monde, décida Aomamé.

Q, c’est la lettre initiale du mot Qquestion. Le signe de quelque chose qui est chargé d’interrogations.

Tout en marchant, elle hocha la tête pour s’approuver.

Que cela me plaise ou non, je me trouve à présent dans l’année 1Q84. L’année 1Q84 que je connaissais n’existe plus nulle part. Je suis maintenant en 1Q84. L’air a changé, le paysage a changé. Il faut que je m’acclimate le mieux possible à ce monde lourd d’interrogations. Comme un animal lâché dans une forêt inconnue. Pour survivre et assurer ma sauvegarde, je dois comprendre au plus tôt les règles et m’y adapter.

P 205

 

double participation au Challenge « lire sous la contrainte chez Philippe » où la contrainte est « sans nom commun » et trilogie de l’été