Que lire un 4 juillet ?

Tu es

Le plus heureux des clowns, sur les mains,
Les pieds dans les étoiles, le crâne rond comme la lune,
Avec tes ouïes de poisson dans l’eau. Averti du bon sens
Du dodo, l’enfant do.
Enroulé sur toi-même telle une pelote de laine,
Occupé à tirer à toi ta nuit comme le hibou.
Muet comme un topinambour du quatre juillet
Au premier avril,
Oh mon glorieux, mon petit pain.

Flou comme la brume, guetté comme un colis.
Et plus lointain que l’Australie.
Notre Atlas au dos courbé, notre crevette voyageuse.
Un bourgeon douillet à son aise
Comme un hareng dans son bocal.
Une nasse frétillante d’anguilles.
Nerveux comme une fève sauteuse.
L’évidence telle une addition juste.
Une ardoise nette, avec ton visage dessus.

Ariel – Sylvia Plath 

Note de bas de page :
La traduction se prend au jeu de l’original, truffé de comparaisons malicieuses. Le «dodo», dans Alice au pays des merveilles, est un drôle d’oiseau qui suggère, au sortir de «la mare des larmes», de faire « la course à la comitarde » pour se sécher. Le dodo, ou dronte, également selon la définition du Petit Robert, un « grand oiseau coureur de l’île Maurice, incapable de voler, exterminé par l’homme au XVIIIe siècle ». Une expression anglaise dit : « as dead as a dodo », ce qui signifie : « tout ce qu’il y a de plus mort »– Plath y aura certainement pensé pour ce poème de l’attente étonnée et amusée d’un «heureux événement » (sa fille Frieda naîtra comme prévu le 1er avril !).

« L’enfant do » (« L’enfant d’eau», dans le ventre de sa mère) est venu spontanément s’ajouter à la version française, et turnip (« navets) » devenu «topinambour» pour de bonnes raisons ludiques et poétiques : Turnip et «topinambour» ont l’air de tourner comme des toupies, des bobines, des pelotes de laine…

Que lire un 4 juillet ?

Ce discours avait si bien altéré Doc, qu’il en vida son verre de bière : « Rien n’égale, dit-il, le goût matinal de la bière.
– Je crois, contesta Richard Frost, qu’ils font partie de l’espèce commune. Ce sont tout bonnement des gens qui n’ont pas le sou.
– Ils pourraient en avoir. Ils pourraient se gâcher la vie et gagner de l’argent. Quand ils veulent avoir quelque chose, ils déploient de l’intelligence, je vous garantis ! Mack est doué d’une sorte de génie. Ils connaissent l’essence des choses et à quoi mène l’ordre du monde, ils n’ont pas envie de se laisser prendre.»
Doc eût-il mesuré la tristesse de Mack et des gars, qu’il n’eût certes pas fait cette réflexion, mais il ignorait l’ostracisme dont les hôtes du Palace étaient l’objet. Lentement, il se reversa de la bière.
« Vous voulez que je vous donne une preuve ? …Tenez : dans une demi-heure à peu près, la Parade du Quatre-juillet va passer sur la Grande Avenue. Il leur suffit de tourner la tête pour la voir défiler, ils n’ont qu’à se lever, à marcher une vingtaine de mètres pour s’y mêler. Et bien, je parie une bouteille de bière qu’ils ne tourneront pas la tête !
– Et qu’est-ce que ça prouvera ?
– Ce que ça prouvera ? Mais diable, ils savent ce que ça représente, un défilé ! Le maire en avant, dans sa splendide automobile, le son de la trompette, le grand Bob sur son cheval blanc, portant le drapeau, les conseillers municipaux, les deux régiments de soldats, la société des Elks, avec les ombrelles écarlates, les Chevaliers du Temple, avec leurs plumes d’autruche blanches et leurs épées, les Chevaliers de Colomb, avec leurs épées, leurs plumes rouges, et la musique de la fanfare ! Mack et les gars connaissent tout cela, ils l’ont déjà vu, cela leur suffit…
– Un homme qu’un cortège n’attire pas, n’est pas vivant ! s’ exclama Richard Frost.

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Rue de la Sardine – John Steinbeck