Jours de juin – Julia Glass

Genre : un pavé intimiste où il y a pas beaucoup d’action mais qui sait rester captivant.

Dans la première partie, le personnage principal est Paul, la soixantaine. Il est écossais et part en voyage organisé en Grèce. C’est la première fois qu’il voyage depuis la mort de sa femme (décédée d’un cancer en quelques mois). C’est l’occasion pour lui de revenir sur sa jeunesse, la rencontre avec sa femme, la naissance de leurs trois garçons : Fenno, puis des jumeaux Dennis et David.
C’est une personne attachante mais très réservée : il n’a jamais réussi à comprendre les désirs de sa femme, ni réellement accepté l’homosexualité de son fils aîné. Il raconte comment son fils est devenu un étranger pour lui, se demande s’il pourrait retomber amoureux un jour …

La deuxième partie a lieu 6 ans après : le narrateur est Fenno, le fils de Paul. Lui  et ses frères se retrouvent pour les obsèques de Paul.
C’est la partie la plus longue et la plus intéressante : une réunion de famille où chacun se souvient, avec toutes les distorsions que peut amener la mémoire d’un même fait. Dennis et David sont tous les deux mariés, l’un père de famille avec d’adorables petites filles. Il s’agit aussi pour Fenno d’essayer de mettre des mots sur son homosexualité et le sida qui décime le milieux des ses amis : vivre diminué jusqu’à la phase terminale ou précipiter la fin de vie ? Il décortique ses relation avec son ami Mal, critique littéraire, et Tony un talentueux photographe très mystérieux.

La troisième partie a lieu encore 5 ans après et met en scène principalement Fern, une jeune femme enceinte de 5 mois : elle a été invitée à un weekend de trois jours chez un ancien amant, Tony l’ami de Fenno . Elle se sent coupable …on ne saura qu’à la toute fin la raison de sa culpabilité…Là aussi les discussions, l’observation des personnages est hypnotisante : tout ce monde se croise, se dévoile …ou pas…

Un grand roman de personnages tous plus convaincants les uns que les autres.

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Un extrait :

« Encore un effort, les enfants ! Il y a de quoi se désaltérer après le tournant », crue Jack en descendant de son âne. Il fait des signes énergiques en direction des retardataires. Ils ont atteint le bois après une chevauchée éprouvante à flanc de montagne, et même Marjorie, qui suit Paul de près, a l’air défait. « Vous êtes un être détestable, détestable », dit-elle à Jack en mettant pied à terre. Son chemisier blanc est gris de poussière, avec des taches ovales sous les bras.
« Vous prétendiez être une cavalière, Marj.
Cela signifie que je monte à cheval, jeune homme. » Jack rit et l’entoure de son bras. « On n’a rien sans mal. » Il aide Irène à descendre de cheval, puis Jocelyn. Leurs maris, Ray et Solly, sont à mi-chemin de la buvette. Les quadruplées sont restées à paresser sur la plage. « Pas de bière ! crie  Jack aux hommes. Je ne veux pas d’accident sur le chemin du retour. »
Paul attend que Jack ait attaché les ânes. Le bois est plus petit qu’il pensait, un bosquet d’arbres rabougris, tordus par le vent. Un endroit désolé, desséché, justifiant à peine la montée. À l’exception de deux ânes qui somnolent au loin, il semble que personne d’autre n’ait emprunté ce sentier ridicule.