Roman épistolaire.
Hélène passe une petite annonce avec une photo (celle de la couverture), le nom de sa mère et celui d’un homme qu’elle ne connaît pas. Elle est en quête de personnes ayant connu sa mère, morte quand Hélène avait trois ans. Son père a toujours refusé de lui parler de celle-ci (il va jusqu’à la gifler quand, petite, elle évoque le prénom de Nathalie – Natalia? )
Hélène a 38 ans, célibataire, sans enfant et elle essaie de comprendre ce qui est arrivé à sa mère : elle ne sait rien d’elle ni son vrai prénom ni son nom de jeune fille et encore moins comment elle est morte. La belle-mère d’Hélène, qu’elle aime beaucoup, est en train de mourir (maladie d’Alzheimer) et elle s’autorise alors à faire des recherches sur sa petite enfance.
Stéphane répond à la petite annonce : c’est son père sur la photo.
Commence alors une correspondance entre Hélène et Stéphane. Il a un peu plus de 40 ans, célibataire, sans enfants. Il est chercheur en botanique et part souvent dans des pays lointains, vit le reste du temps en Angleterre ; Hélène vit à Paris, d’où la correspondance…
Hélène et Stéphane ont tous les deux eu une jeunesse marquée par le manque d’affection, ils ressentent une grande complicité de ce fait l’un pour l’autre et décident de mener donc l’enquête sur le passé de leur parents …
Voici un livre assez prenant, bâti réellement comme une enquête ..Des indices, des fausses pistes, un ou deux témoins providentiels….
J’ai beaucoup aimé la vivacité de ton des deux protagonistes, leurs failles qu’ils se dévoilent petit à petit.
Entre deux lettres (ou courriel ou sms), l’auteur décrit une photo (le premier chapitre décrit la photo de la couverture, un autre une réunion de famille de Stéphane, un autre le Paris des année 50…). Cela apporte aussi une dynamique et un suspense au récit puisque le lecteur lit la description des photos avant que Hélène et Stéphane n’en parlent ou ne la retrouvent dans un carton.
En bref : un très bon moment avec à la fois des sentiments subtils et une enquête assez passionnante.
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Ce ne sont pas des fantômes que nous avons exhumés : ils sont bien vivants, à croire qu’ils n’en finiront jamais de semer la détresse autour d’eux. Je crois bien que je les hais. Et une des raisons de cette haine, c’est que leur histoire pèse sur la nôtre, de tout son poids, jusqu’à l’asphyxie, et que je suis terrifié à l’idée de te perdre. Alors j’ai repris la plume, comme aux premiers jours de notre correspondance, dans l’espoir que le maléfice aura été conjuré, je ne sais pas trop comment, à l’heure où ces mots arriveront jusqu’à toi.
Éclaire-moi.
Stéphane
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Aujourd’hui, Stéphane, lorsque je pense à eux deux, je mesure la force de leur lien, ce lien qui nous a conduits l’un vers l’autre à trente-sept ans de distance, à partir d’une improbable coupure de journal. Je me dis que ce matin ensoleillé, à Saint-Malo, la tendresse de notre premier café partagé, dans la lumière rase de février qui faisait onduler la mer comme cristal et feuille d’or, c’est à eux que nous le devons. Oui, c’étaient eux sur la photo, qui nous parlaient, nous appelaient…Je les contemple jusqu’au vertige et je crois les entendre nous dire qu’il faut vivre maintenant, saisir la chance qu’ils ont laissé échapper.
…
Hélène
Chez Madame Lit , le thème du mois est « roman épistolaire ».