Prologue – Londres 2008
On ne sait pas qui est le « je » de ce prologue. Un prologue très énigmatique : on sait qu’il y a eu un scandale : la narratrice a perdu son boulot et se cache des paparazzis. Elle va assister à une conférence qui passe un extrait du film Swing Time avec Fred Astaire. Ce film déclenche un flot de souvenirs depuis ses 10 ans.
1982 – La narratrice (elle n’a pas de prénom, j’ai été tentée plusieurs fois de l’appeler Zadie comme l’auteure) raconte son enfance et sa rencontre au cours de danse avec Tracey, dans un quartier populaire de Londres : deux jeunes filles métisses, une dont la mère est jamaïcaine et le père blanc, l’autre dont la mère est blanche et le père noir.
Le ton est vivant on a l’impression de voir les fillettes bouger et danser.
Les deux filles se passionnent pour Mickael Jackson et une chanteuse australienne Aimee.
On retrouve la narratrice 10 ans plus tard : Elle travaille pour une chaîne TV où elle rencontre en chair et en os la fameuse Aimee. Elle devient son assistante.
Parallèlement les deux filles se disputent et se perdent de vue. Tracey essaie de devenir une danseuse professionnelle …
Dans le même temps Aimee et la narratrice font de nombreux aller-retours entre New York et l’Afrique pour créer une école pour les jeune filles.
Enfin, la narratrice évoque ses relations avec son père, très gentil, et sa mère, une femme forte engagée politiquement, qui finira députée, avec qui les relations sont vite conflictuelles.
Ce livre, très riche, a pour toile de fonds la difficulté de certaines populations pour sortir de la misère…que ce soit à Londres ou en Afrique… corruption des élites, optimisme et désespoir des populations tentées par le mirage de l’immigration en Europe ou de se tourner vers l’islam …
Une réussite ce livre qui me donne envie de lire les précédents de l’auteure.
Un extrait
Je ne veux pas dire que ma mère ne m’aimait pas mais elle n’avait pas la fibre domestique: son existence se concentrait dans son esprit. La compétence fondamentale de toute mère – l’organisation du temps – lui échappait. Elle mesurait le temps en nombre de pages. Une demi-heure pour elle signifiait dix pages lues, ou quatorze, en fonction de la taille du livre, et lorsqu’on appréhende le temps de cette façon, il n’y en a plus pour quoi que ce soit d’autre; on n’a pas le temps d’aller au parc ou d’acheter une glace, pas le temps de mettre son enfant au lit, pas le temps d’écouter le récit éploré d’un cauchemar.
Chez Philippe, le thème où la contrainte est « le temps qui passe »