Ce livre est l’histoire d’Asta, née dans les années 1950 à Reykjavík, mais pas seulement : c’est aussi l’histoire d’Helga la mère d’Asta, de Zigvaldi le père, de Josef…..
Le livre débute avec une scène d’amour fou entre Helga et Zigvaldi. Dans le deuxième chapitre, on apprend sans transition que les parents se sont séparés peu après cette scène et qu’Asta a 20 ans.
La construction en aller-retour dans le temps m’a un peu déroutée mais c’est un parti pris de l’auteur : en effet, l’histoire est racontée essentiellement du point de vue de Zigvaldi, celui-ci vient de tomber d’une échelle et il repense à sa vie et à celle d’Asta. Par conséquent, comme il est blessé très gravement, son histoire n’est pas pas du tout racontée dans l’ordre chronologique mais dans l’ordre où ses souvenirs lui arrivent : un jour Asta a deux ans, on la retrouve dans les pages suivantes à 40 ans puis à 20 ans avec une petite fille Sonesja, puis à 17 ans à nouveau.
Au début ce va et vient temporel m’a gênée car j’avais envie de savoir ce que devenait Asta quand elle est adolescente. A 17 ans c’est une jeune fille rebelle et elle est envoyée dans une ferme dans le nord de l’Islande, une sorte de « punition » pour son comportement quelque peu violent.
Plus tard, je me suis laissée aller et emporter par l’histoire d’Asta sans plus faire attention aux changements d’époque sans transition. Asta se livre également dans quelques chapitres où on lit des lettres à son « amour » (dont on ne connaîtra pas le nom, on peut juste deviner (ou pas)).
Ce livre met en scène Asta et ses relations avec les hommes : En particulier le tendre et mystérieux Joseph qui sera dans le même ferme l’été de leurs 17 ans. Petit à petit on va découvrir ce qui est arrivé et pourquoi elle a laissé sa fille à la charge de son père et sa belle-mère.
C’est un roman aussi très dur sur les choix de vie que l’on prend à un moment et qui font totalement basculer une vie en un clin d’œil.
Un passage m’a fortement marqué : celui où la mère d’Asta, Helga profite de sa ressemblance avec Elizabeth Taylor pour faire croire à sa belle-mère que la photo d’Elizabeth Taylor qu’elle a chez elle est une photo d’elle-même (difficile d’être une femme au foyer en Islande dans les années 50 quand on voit – ou croit voir- une vie idéale sur grand écran).
En conclusion : un livre déroutant mais très intéressant une fois que j’ai accepté de me laisser guider par les souvenirs de Sigvaldi…
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À ce moment-là, Asta, le fermier et la Land-Rover ont enfin quitté le fjord. Le paysan a allumé la radio, il tourne le bouton dans l’espoir de mieux capter les émissions, mais ce n’est pas concluant. C’est à peine s’ils distinguent les mots à travers les grésillements. On dirait qu’ils sont sur une route menant hors du monde. Mais bon, on ne peut plus parler de route, c’est à peine une piste, à peine un sentier. Les grandes mains puissantes du fermier s’agrippe au volant, la voiture se perd en ruades comme un cheval fou. Asta est si pâle que le fermier s’arrête, elle a tout juste le temps de descendre du véhicule avant de vomir sur une touffe d’herbe printanière qui perce à travers la neige, mais elle n’a plus rien à vomir, elle a l’estomac vide depuis longtemps comme en atteste le sac sur le plancher de la vie. Puis ils se remettent en route, en entrant dans un autre fjord, si ce n’est qu’Asta marche par intermittence à côté de la voiture tandis que, secoué dans tous les sens en passant sur les touffes d’herbe, les plaques de neige et les cailloux, le fermier se cramponne de toutes ses forces au volant. (Page 68)
Livre lu dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire organisée par Rakuten
Du même auteur, j’avais aimé cette trilogie
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