La servante écarlate – Margaret Atwood

Un livre dont j’avais beaucoup entendu parlé et qui m’intimidait beaucoup.

Sans trop raconter l’histoire que je connaissais dans les grandes lignes, j’ai trouvé ce « conte » qualifié de «  science fiction » très réaliste : tout d’abord parce qu’il se situe dans un futur plus que proche même si non daté : l’héroïne se souvient très bien de sa vie d’avant : celle où elle était une femme libre qui pouvait travailler, lire, s’épanouir, rire, choisir ses amis, celle où elle vit avec son amant qu’elle finit par épouser (Luke) et avec qui elle a eu une petite fille.

Il y a quelques années une dictature s’est installée dans ce pays (nommé Gilead près du Canada). L’élément déclencheur a été une « perte de la fécondité : plus de bébé pour renouveler l’espèce : les femmes sont donc reléguées à leur fonction uniquement reproductrice ou sexuelle : les Épouses des Commandants essaient de donner à leurs maris des enfants. Si elles n’y arrivent pas alors une « Servante » (sorte de bonne soeur habillée en rouge) est désignée pour procréer avec le « commandant » , une sorte d’esclave sexuelle (l’Epouse « assiste » aux « ébats » de son mari et de sa « servante »)

Je ne me rappelle pas du  vrai prénom de la narratrice, est-il évoqué seulement ?  les femmes qui deviennent « servantes » perdent leur prénom et leur identité : elle est surnommée Defred comme le prénom de son « maître » Fred.

Ce livre explique bien comment les femmes ont été renvoyées à leur foyer progressivement : d’abord on leur retire le droit de gérer un compte bancaire, puis leur travail…. et elles finissent dans la dépendance avec comme seule choix « Épouse », « Servante », prostituée ou « Tante » (personnes chargées de surveiller et d’éduquer les Servantes)
Les opposants (hommes ou femmes) sont exécutés et leur dépouille laissée visible en place publique : c’est le cas notamment des médecins qui ont pratiqué l’avortement alors que celui-ci était légal quelques années auparavant.

Les personnages sont très réalistes : Defred la narratrice, son « Commandant » qui est à la fois abject et attendrissant, son Epouse qui elle est juste détestable, Deglen la compagne de Defred (espionne ou amie ?) , le beau Nick (espion ou ami ?) et enfin la rebelle Moira qui résiste…

Un livre qui mérite bien son succès, à lire par tous et toutes : jeunes et moins jeunes….
A devenir paranoïaque….ou plus attentif …

Un extrait

Le mois américain est cette année  élargi au Canada

Dans un style très différent et moins « glaçant », je vous recommande  aussi « Chronique du pays des mères » d’Elisabeth Vonarburg, une autre auteure canadienne, où on retrouve une organisation des  femmes très cloisonnée avec des femmes que l’on repère à leur « couleur » (rouge pour les servantes, bleu pour les Epouses, vertes pour les « employées de maison » dans la servante écarlate)

 

38 réflexions au sujet de « La servante écarlate – Margaret Atwood »

  1. Dans un autre genre littéraire, il y a aussi « l’homme semence » de Violette Ailhaud :

    Née en 1835, Violette Ailhaud est morte en 1925.  » L’homme semence  » est un récit écrit en 1919.
    En 1852, Violette Ailhaud est en âge de se marier quand son village des Basses Alpes est brutalement privé de tous ses hommes par la répression qui suit le soulèvement républicain de décembre 1851. dans ce petit village les femmes sont condamnées à un isolement total. Entre elles, serment est fait. Si un homme vient au village, il sera leur mari commun afin que la vie continue dans le ventre de chacune.
    Les femmes avaient tout prévu, tout organisé, sauf l’éventualité de tomber amoureuse… Il s’écoule plus de deux ans avant qu’un homme n’apparaisse.
    Violette Ailhaud écrit L’homme semence en 1919, à 84 ans. Pour la seconde fois en 70 ans, son village vient de perdre tous ses hommes.
    Violette Ailhaud remet son manuscrit à un notaire en lui précisant de le transmettre en 1952, à l’aînée de ses descendantes.
    Yveline, 24 ans, hérite du texte en juillet 1952.
    Cela débute comme suit : « J’ai décidé de raconter ce qui s’est passé après l’hiver de 1852 parce que pour la seconde fois en moins de 70 ans, notre village vient de perdre tous ses hommes sans exception. Le dernier est mort le jour de l’Armistice, le 11 novembre dernier. »

    J’ai vu la pièce de théâtre qui en a été tirée, en outre, au festival off d’Avignon, un petit bijou.
    Bises Val

    • Chouette
      J’avais eu deux abandons avec cette auteure (des nouvelles)
      Comme quoi il ne faut jamais abandonner définitivement
      Il est encore possible de s’inscrire à ton challenge (je viens d’essayer et les commentaires étaient fermés…) ?

  2. oui bon j’avoue ne pas avoir adhere du tout….disons que la narratrice m’a un peu enervee….et j’ai un probleme sur le fait qu’une femme normale ayant eu une vie, et un enfant se retrouve a ecarter les jambes tous les soirs…c’est quasi un viol a ce niveau…non pas du tout enthousiaste…en tout cas j’ai trouve une autre lectrice qui n’a pas aime..donc on est 2 au monde….lol….

  3. Celui-ci je le lirai, lorsque j’aurai retrouvé plus de sérénité pour la lecture. C’est un énorme succès et tu donnes encore plus envie de le tenter. Il y a même une série à succès tirée de cette histoire…Bises val!

  4. Hum…au moment où l’on nous retire des droits et des libertés à tout va…voilà une idée qui ne m’avait pas traversé l’esprit…
    Sûrement très intéressant à lire…mais ça fait un peu froid dans le dos…

  5. Je l’ai terminé de la semaine ! Je dois dire qu’au départ le style ne me plaisait pas trop mais finalement j’ai trouvé le livre très intéressant, une fois que l’histoire s’est développée. Belle chronique ! A bientôt 😉

  6. Avec les penchants puritains des sociétés occidentales et les extrémismes religieux, l’instauration d’une république de Gilead, n’a jamais été aussi plausible…Cela fait froid dans le dos !

  7. Ping : La femme comestible – Margaret Atwood | La jument verte

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