On a vu sous le vent
Des oiseaux collés sur les nuages
On a vu des chapeaux
Perdre la tête
Des parapluies
Retroussés
D’où dégoulinent toutes gouttes
On a vu ricocher des frissons aquatiques
Et quelques tuiles
Sortir du rang des toits
On a revu des loups
Dans des courses de haies
On a vu des collines
Arracher leurs racines
On a vu l’alphabet
Perdre consonnes et voyelles
On a vu le silence faire la sourde oreille
Et puis on n’a plus vu grand-chose
Car poussée par le vent
La nuit enfin dégringolée
Je n’ai jamais couru
C’est seulement la Terre
Qui tournait un peu plus vite
Entraînant avec elle
Coursiers chasse à courre
Et les cours de justice
Avec leurs avocats
Aux robes retroussées
Par des pincettes à linge
Je n’ai jamais couru
De courbes en coursives
Qu’après le temps
Passant la première
Puis la seconde
Ma seconde doublée
Pour un déni d’algèbre
En un si long cours de blouse
Où je bâillais comme les mouches
Je n’ai jamais couru
Poitrine en feu
Qu’après les filles
Déjà réservées pour d’autres baisers
Aujourd’hui dépareillés
J‘ai pris tout essoufflé
Des lignes d’arrivée
Où personne ne m’attendait
Je n’ai jamais couru qu’après ma destinée
.
Toujours un mot dans ma poche – Pef