Abigaël – Magda Szabo

Budapest novembre 1943- mars 1944

Gina, 14 ans, est orpheline de mère et s’entend très bien avec son père, général dans l’armée hongroise. Pour le reste de la famille, il y a Mimó la tante, gentille et très mondaine et Marcelle la gouvernante française. Gina est amoureuse de Feri un beau lieutenant d’une vingtaine d’années qu’elle a rencontré chez sa tante. Du jour au lendemain, Gina est obligée de partir dans un pensionnat loin de Budapest car Marcelle doit rentrer en France : « la Hongrie est en guerre contre la France, Marcelle doit rentrer et je ne peux pas m’occuper de toi » sera la raison officielle du père. C’est bien sûr un prétexte mais Gina ne connaîtra les vraies raisons de son « exil » par son père adoré que bien plus tard . 

Nous sommes en 1943 et la Hongrie est un des alliés de l’Allemagne Hitlérienne mais on n’entend finalement la guerre que comme un bruit de fonds lointain. Dans le pensionnat très strict, les filles ne manquent de rien (certaines filles ont des parents agriculteurs qui payent leur pension en nature, d’anciennes pensionnaires ont légué leur fortune à leur mort), pas de soucis matériel donc pour ce pensionnat. 

Au début Gina se sent mal accueillie par les autres filles. Dans une première partie, elle accumule les bourdes et maladresses et se retrouve harcelée par ses camarades. 

A force de ténacité (et d’un peu de « chance » aussi) Gina finit par se faire accepter et apprend par son père les vraies raisons de son « exil » de la capitale. (Pour ma part je n’avais pas trouvé les raisons de cette décision) 

Au fil des pages Gina murit et devient de plus en plus attachante, elle passe de l’enfance à l’âge adulte : solidarités, trahisons, bêtises et insolences en tout genre, Gina vit au jour le jour, observe les adultes (la diaconesse Suzanna, le prof principal Kalmar, un autre professeur König)  ; la guerre  se rapproche de son havre de paix (qui est aussi une prison)

Beaucoup de suspense dans ce livre, la première partie se dévore car on cherche à connaître les raisons de la « mise en pensionnat » de Gina. Dans la deuxième partie, on s’interroge sur les pouvoirs d’une statue magique (la fameuse Abigail du titre) qui vient en aide aux pensionnaires et sur un mystérieux résistant qui tourne l’armée hitlérienne et hongroise en dérision. 

A l’inverse de Gina j’avais deviné la fin bien avant l’épilogue (il faut dire que je n’ai plus 14 ans) 

En conclusion : Un roman passionnant sur une période trouble vue au travers des yeux d’une enfant naïve au départ mais qui évolue et murit tout en restant spontanée. Un très beau portrait d’adolescente…. 

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Un extrait :

Avant de faire son lit, Gina avait posé sur sa table de nuit son petit sac orné d’un monogramme d’argent. Leur émerveillement ne la surprit pas, Tante Mimó l’avait fait faire pour elle rue Kossuth pour Noël. Elle toucha tristement la peau souple du bout des doigts, cette merveille bleue était si déplacée à côté de l’affreuse tenue de pensionnaire ! 

– Elles ont oublié de te donner une sacoche, dit Piroska Torma. Regarde le bien, cet objet d’art, parce qu’on va te le prendre avec tout ce qu’il y a dedans. 

– Ici, on a des sacoches, expliqua Mari Kis. Les sacs à main sont interdits. Dans la sacoche, on met tout ce qu’il faut. Il faudrait que tu refasses tes nattes, tu as l’air épouvantable. Il y a une glace dans la salle de bain. Tu veux qu’on te montre ?

Qu’est-ce qu’elles disent ? On va lui prendre son sac et tout ce qu’il y a dedans ? On va lui prendre le petit album avec les photos de son père, de tante Mimó et de Marcelle ? Et de Feri en train de franchir une haie avec son cheval Bombyx ? Et son argent, un billet de cent pengös et la monnaie restée  après l’achat du cendrier, et son poudrier, son agenda, son peigne, et la clé de la maison ? Il faut tout ranger, tout cacher avant qu’on ne le découvre, mais où ? Dans le lit ? Impossible. Ici, on fouille sûrement sous les matelas. Où peut-elle cacher les derniers trésors qui lui rappelle son ancienne vie disparue ? 

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Le billet de Karine

Le mois de l’Eurore de l’est est organisé par Eva, Patrice et Goran.

Lire le monde chez Sandrine pour la Hongrie

18 réflexions au sujet de « Abigaël – Magda Szabo »

    • Ce roman m’a beaucoup plu effectivement du fait de la personnalité de Gina
      Je dois dire avoir été déçue l’an dernier par « la porte » , j’avais trouvé le personnage principal plutôt caricatural ….
      Bon dimanche Ingannmic 🙂

  1. C’est une très belle invitation à découvrir ce livre. J’aime beaucoup l’alliance de la grande Histoire et des histoires personnelles.

  2. Très belle présentation de ce roman initiatique à l’intrigue entraînante. Comme tu le sais, j’ai beaucoup aimé. Je me lance dans la lecture de « La porte ». Je vois que tu as été déçue… J’espère ne pas l’être! Au plaisir!

    • J’espère que tu aimeras « la porte », ce livre a beaucoup plu en général, bizarrement je suis restée à côté et les personnages m’ont même un peu agacée ….
      Bon dimanche Madame 🙂

  3. Coucou Valentyne,
    J’ai découvert cette auteur avec mon Club de Lecture et « La porte » que j’ai bien aimé. Comme quoi, les goûts et les couleurs sont différents 😉
    Je n’ai pas trouvé que La porte était une lecture difficile, certes avec des incohérences parfois, mais avec deux femmes au caractère bien trempé, surtout pour la servante.
    Je note aussi Abigail 😆
    Ma Pal va chuter 😈
    Gros bisous d’O. tout gris-gris-gris

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