Albert sur la banquette arrière – Homer Hickam

Denver conduisait son véhicule d’une seule main, son bras droit reposant sur le haut du siège passager. Elsie faisait comme si elle ne s’était pas aperçue de cette proximité. Il était minuit passé et la route défilait, grise devant eux, noire derrière.

À la fin d’une ligne droite, Denver fonça dans un virage serré, faisant à peine crisser ses pneus sur le bitume. Elsie glissa alors sur son siège et, sans qu’elle l’ait prémédité, vint frôler de son épaule la main de Denver. Il prit un virage dans l’autre sens, et Elsie revint sa place. Elle arrangea ses cheveux et tenta de ne pas avoir l’air nerveuse, malgré la vitesse et le fait que Denver ait touché son épaule.

Dans la lueur des phares, ils virent un ensemble de petites maisons, toutes plongées dans le noir. Elsie aperçut même une vache derrière une clôture.

– Une, fit-elle.

– Vous dites ?

D’un doigt, Denver effleurait son épaule. Elle se décala.

– Je viens de voir une vache. Si nous jouions à compter les vaches ? J’ai déjà un point d’avance.

– Mais de quoi parlez-vous ?

– C’est un jeu auquel on joue sur la route, expliqua-t-elle. Vous comptez les vaches qui sont de votre côté, et moi celles qui sont du mien. Un cheval blanc vaut dix points. Si vous croisez un cimetière, vous perdez tous vos points et vous redémarrez à zéro.

Denver ricana.

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Albert sur la banquette arrière – Homer Hickam