Impression mitigée sur ce « grand roman » de Victor Hugo :
Certains passages sont passionnants et très vivants avec l’histoire de Gwynplaine que nous découvrons à 10 ans, défiguré par les Comprachiscos (littéralement les acheteurs d’enfants). Ceux-ci l’abandonnent en pleine tempête sur un rivage d’Angleterre. Le pauvre enfant, en haillons dans la tempête, ne renonce pas et réussit à sauver un bébé d’une mort certaine ; les enfants rencontrent alors le saltimbanque Ursus (l’homme) et Homo, son loup. 15 ans plus tard grâce à Ursus, Gwynplaine et Déa, le bébé aveugle devenue une frêle jeune fille sont devenus des saltimbanques reconnus et partent en « tournée » pour Londres…où le lecteur en apprendra plus sur la mutilation de « l’homme qui rit » et le secret de sa naissance….
Certaines digressions – sur les phares, une liste de noms de la noblesse anglaise, sur le système politique anglais- viennent « plomber » un peu le fil des aventures de Gwynplaine et de Déa (j’avoue avoir sauté quelques pages)
En conclusion : les éléments passionnants l’emportent largement sur les quelques longueurs : quel souffle romanesque, quel récit de complicité entre ces exclus de la société : Gwynplaine, défiguré mais si pur, Déa l’aveugle et Ursus (splendide dans son rôle de sauveur)
Un livre qui m’a fait penser au « Garçon » de Marcus Malte où Victor Hugo est très présent….
Un extrait :
Il arrivait parfois, en cette année 1704, qu’à la nuit tombante, dans telle ou telle petite ville du littoral, un vaste et lourd fourgon, traîné par deux chevaux robustes, faisait son entrée. Cela ressemblait à une coque de navire qu’on aurait renversée, la quille pour toit, le pont pour plancher, et mise sur quatre roues. Les roues étaient égales toutes quatre et hautes comme des roues de fardier. Roues, timon et fourgon, tout était badigeonné en vert, avec une gradation rythmique de nuances qui allait du vert bouteille pour les roues au vert pomme pour la toiture. Cette couleur verte avait fini par faire remarquer cette voiture, et elle était connue dans les champs de foire ; on l’appelait la Green-Box, ce qui veut dire la Boîte-Verte. Cette Green-Box n’avait que deux fenêtres, une à chaque extrémité, et à l’arrière une porte avec marchepied. Sur le toit, d’un tuyau peint en vert comme le reste, sortait une fumée. Cette maison en marche était toujours vernie à neuf et lavée de frais. A l’avant, sur un strapontin adhérent au fourgon et ayant pour porte la fenêtre, au-dessus de la croupe des chevaux, à côté d’un vieillard qui tenait les guides et dirigeait l’attelage, deux femmes brehaignes, c’est-à-dire bohémiennes, vêtues en déesse, sonnaient de la trompette. L’ébahissement des bourgeois contemplait et commentait cette machine, fièrement cahotante.
Livre recommandé par Moglug
le billet de Claudia Lucia
Chez Loupiot et chez son ami Tom, de La Voix du Livre et aussi ici
et pavé de l’été (800 et quelques pages) chez Brize