Troisième et dernière lecture avec Carole Martinez et son « Du domaine des murmures »
J’ai l’impression de me répéter mais quel portrait de femme (après ceux des femmes du « cœur cousu » et de Blanche dans « la terre qui penche ») !
Au début, j’ai eu du mal à ressentir une quelconque émotion avec cette jeune fille qui veut devenir la servante de Dieu mais celle-ci, loin d’être une bigote obtuse, fait place à une jeune femme têtue mais très « rationnelle » : quel courage de s’opposer à son père, à son époque, à son statut de femme obéissante. Elle choisit de s’emmurer vivante (et aussi de de se trancher l’oreille) alors mystique ? folle?
À partir du moment où elle se retrouve prisonnière dans une chapelle avec juste une fenestrelle à barreaux pour que ses repas soient apportés, Esclamonde gagne en profondeur : Ses réflexions sur ses contemporains sont convaincantes ; elle mets les mots sur la folie de son père, les ambitions de l’évêque, l’évolution de son ancien fiancé et surtout l’amour qu’elle porte à son enfant (mais j’en ai déjà trop dit)
Elle réussit tout enfermée qu’elle est à avoir une action sur le monde.
Contrairement à ce que j’avais imaginé, je n’étais pas seule dans ma retraite . Chaque jour, dès que j’ouvrais mon volet, je recevais maintes visites. Mon oreille mutilée écoutait patiemment les confidences de nos gens qui m’imploraient de prier pour leur salut ou pour celui de leurs proches. Et mon âme qui entendait leurs fautes mieux que quiconque se tournait vers le Christ pour tenter à force de larmes d’obtenir un pardon.
En plus d’une histoire intéressante, avec des surprises, Carole Martinez sait susciter des images poétiques et presque magiques….
Un extrait :
Le destrier fantôme n’a pas tardé à ressortir du lit de sa rivière pour brouter entre les tombes et galoper par le pays dans un bruit de tonnerre. Dès le lendemain de la mort de Benjamin, ce monstrueux cheval avait été aperçu aux quatre coins du comté, chacun jurait l’avoir entendu ou vu filer devant sa porte ou sa fenêtre. On avait d’abord cru que l’aube le balayait, que la lumière ne faisait reculer, exerçant son pouvoir sur lui comme sur la plupart des créatures infernales, mais bien vite un berger avait dit l’avoir croisé en plein jour sous l’orage emportant un pauvre gars inconnu sur son dos à un train d’enfer. Alors les méfaits de la bête s’étaient multipliés, si bien qu’au bout d’une lune seulement on ne tenait plus compte de ses victimes. Ce merveilleux étalon à la blancheur surnaturelle guettait les pèlerins sur les chemins et noyait dans la Loue tous ceux qui tentait de le monter.
La mort était revenue au pays sous les traits d’un cheval.
Ses victimes cependant n’étaient jamais gens du cru. Il faut dire que, sachant toute l’histoire, les natifs des Murmures ne s’y frottaient pas. Nombreux étaient ceux qui se vantaient de l’avoir croisé sur une route avançant à contresens et d’être passés à ses côtés sans même le regarder.
.
Challenge trilogie de l’été organisé par Philippe.
Cette année, plutôt qu’une trilogie, j’ai choisi de lire trois livres de Carole Martinez
La terre qui penche, Le coeur cousu, Du domaine des murmures
Ping : Le coeur cousu – Carole Martinez | La jument verte
Je suis une fan de Carole Martinez… C’est une sorcière des mots qu’elle sait transformer en rêve.
Celui-ci, ce n’est pas mon préféré, mais j’aime quand même 😉
Mon préféré reste « la terre qui penche » celui que j’ai lu en premier 🙂
Quel souffle dans ces Personnages !
Bonne soirée Martine
Je l’ai mis dans ma liste à lire, je n’avais lu que le coeur cousu. 🙂
Bonne lecture Quichottine 😉
Challenge réussi ! Bravo !
Impossible d’oublier ce livre. Je crois qu’il marque fortement ses lecteurs.
Merci pour ta participation à mon challenge et bonne semaine.
J’aime bien ce challenge d’été 🙂
L’été permet d’entamer des lectures plus amples je trouve …
Bisesss Philippe 🙂
Je ne connais aucun des noms mentionnés ni des titres. Une grosse lacune que je vais tenter de combler en suggérant aux filles de ma tournante de livre de se pencher là-dessus au plus vite. Toi et l’Ecrevisse, ça fait déjà 100 % de bons avis, non ?
D’autant plus que Miss Asphodèle est fan aussi et que ceci doit nous faire toucher si je compte bien du 200% (et des poussières )
Bonne soirée Anne 🙂
J’aime bien l’expression de martine…Sorcière des mots.
Une sorcière qui fait du bien, quand même… 😉
¸¸.•*¨*• ☆
Tu crois qu’elle mets les Mots dans un chaudron magique (avec de la bave de crapaud et tutti quanti) ? Trop forte je dis …
Bisess Célestine 🙂
J’ai adoré le début, ai été moins séduite par la suite.
Plutôt l’inverse pour moi, un peu enfant gâtée au début de l’histoire , elle évolue bien je trouve cette jeune fille … Bon la fin est rude mais je m’y attendais …
Bonne soirée Valérie 🙂
Je suis adepte de l’auteur moi aussi. J’avais oublié que la figure du cheval occupait une place importante dans ce livre également. Comme toi, ma préférence va à « La Terre qui penche », le dernier que j’ai lu de l’auteur.
Ce qu’il y a de bien dans les livres se passant au mien âge c’est que l’on trouve toujours un cheval au détour d’une page 😉
« La terre qui penche » est le livre le plus marquant lu pour moi cette année 😉
Ping : Au revoir 2017 …. | La jument verte
Ping : Top Ten Tuesday : Mères….. | La jument verte