– Quand je vais dans les magasins, il y a des télévisions partout ! Des écrans dans tous les coins ! Impossible d’y échapper ! Pas plus qu’à la musique, d’ailleurs… Enfin, musique… Entendons-nous ! Des rythmes d’hommes de Cro-Magnon ponctués d’éructations haineuses. J’essaie d’éviter, mais quand mon regard croise ces images, excuse-moi, je suis bien obligé d’y voir ce que j’y vois : des chimpanzés en rut, le froc sous les fesses, le caleçon apparent, entouré de filles de joie qui remuent le cul.
Je prends le parti d’en rire.
– Pas mal quand même les filles de joie, non ?
– Franchement ? Même pas. Elles n’arrivent pas à la cheville…
– De Sophia et de Gina, je sais. N’empêche que tu regardes.
– On me force à regarder, nuance. On me force à écouter ou, du moins à supporter. Là encore, est-ce que j’ai le choix ? Non. Alors j’essaie d’en voir le moins possible. Je fais comme la Lionne quand on traverse une zone commerciale pleine de panneaux publicitaires et de fast-foods : je poursuis mon chemin.
– Mets lui des oeillères autour des phares, comme aux chevaux de trait, dis-je en rigolant.
Le réveil du coeur – François d’Epenoux
La lionne :